▪ Nous sommes gravement atteint de triskaïdékaphobie — un mal décrit comme « une crainte irrationnelle du nombre 13 ».
Sauf que notre crainte n’est pas tant liée au chiffre lui-même qu’à l’année qu’il recouvre.
2012 s’est bien terminée pour nous. La fin du monde n’a pas eu lieu. Qu’est-ce qui nous attend en 2013 ? Nous n’en savons rien. Mais nous y reviendrons cette semaine…
En attendant…
Qui sont les investisseurs les plus intelligents du monde ? Sans aucun doute ceux qui gèrent des hedge funds, n’est-ce pas ?
Eh bien devinez quoi ? Peut-être ne sont-ils pas si intelligents que ça, en fin de compte. Les fonds de couverture se sont révélés être un mauvais choix d’investissement. Voici ce qu’en dit The Economist :
« Ces 10 dernières années, les gestionnaires de hedge funds ont fait moins bien que les marchés boursiers mais aussi que l’inflation. Une fois les frais déduits, les investisseurs d’un hedge fund moyen n’ont engrangé qu’un rendement de 17% ».
« […] La médiocrité des récentes performances des hedge funds est en partie la conséquence de la croissance massive du secteur. Alors que par le passé de grosses pointures comme George Soros pouvaient effectivement détecter les anomalies des marchés, plusieurs milliers de gestionnaires en concurrence dans un secteur gérant 2 000 milliards de dollars ont très peu de chances de pouvoir tous obtenir des rendements spectaculaires. Il y aura bien entendu toujours quelques gestionnaires qui s’en sortent bien, mais il n’y a pas de moyen fiable de les identifier à l’avance, et la performance passée est un mauvais indicateur des rendements à venir. John Paulson, le gestionnaire qui a gagné une fortune grâce à la crise des subprime, a enregistré des performances médiocres depuis le début 2011″.
« Mais ces supports posent un problème plus fondamental pour les investisseurs. Les gestionnaires de hedge funds facturent beaucoup plus cher que ceux qui gèrent des fonds d’investissement conventionnels, et encore plus que ceux proposant des fonds qui suivent les indices boursiers. Les frais des hedge funds sont généralement de 2% par an, plus 20% de tous les bénéfices dépassant un certain niveau. Par conséquent, on trouve aisément des gens qui sont devenus milliardaires en gérant des fonds de couverture ; il est bien plus difficile en revanche de trouver un de leurs clients qui soit devenu aussi riche. La gestion de hedge funds ressemble désormais aux films ou aux sports professionnels : une activité bien plus lucrative pour les initiés que pour ceux qui mettent la main à la poche pour les payer ».
Les « investisseurs » les plus intelligents ne sont pas meilleurs que quiconque. Mais il faut le reconnaître : ils sont bien plus doués pour transférer l’argent dans leur propre compte en banque.
Attendez une minute. Si les maîtres de l’univers ne parviennent pas à battre le marché, pourquoi devriez-vous donner la peine d’essayer ?
▪ Arrêtez de réfléchir !
Bingo. Vous ne devriez pas. Il y a des choses qu’on fait mieux en n’y pensant pas trop. Comme avaler. Ou respirer. Ou tomber amoureux.
Le succès en investissement est l’une de ces choses. C’est du moins notre nouvelle théorie.
Disons que vous essayez de gagner gros en investissant. Que faites-vous ? Vous lisez des livres. Vous vous abonnez au Wall Street Journal. Vous apprenez ce qu’en disent d’autres gens.
Le pétrole baisse, disent-ils. Les actions grimpent, croient-ils. Ne mettez pas votre argent dans les technos ; essayez les options ; pariez sur Apple ; laissez tomber Google.
Plus vous essayez de suivre les dernières nouvelles… et de faire concurrence aux vrais pros… plus vous êtes à la merci des modes financières du moment.
Le problème, c’est que vous êtes au bout de la chaîne. Vous êtes comme un gars vivant dans une camionnette au fin fond des montagnes qui met une ceinture large deux ans après que les dandys de Los Angeles et New York en ont des fines.
Lorsque les vrais pros aiment les valeurs pétrolières, par exemple, l’idée finit par arriver aux amateurs. Ils achètent… mais seulement après la hausse. Ils finissent avec un jour de retard et pas mal de dollars en moins. Lorsque le marché passe en vente, ce sont eux qui encaissent les plus grosses pertes, plutôt que ceux qui ont acheté plus tôt à des prix plus bas.
Plus on suit les nouvelles… plus on regarde la télévision… plus on lit les nouvelles et on essaie de suivre les dernières tendances de l’investissement…
… plus on a de chances de perdre de l’argent.
Mieux vaut s’y prendre sans réfléchir. Naturellement. Mais qu’est-ce que ça implique ?
C’est bien le diable si nous le savons. Mais nous avons toute une année pour y réfléchir.