Sans la pratique des rachats d’actions, les marchés se seraient effondrés fin 2018. Si elle cessait, ce serait le krach, avoue Goldman Sachs.
La météo est toujours au beau fixe sur les marchés financiers. S’il y a un changement climatique dans le sens de la surchauffe, c’est là.
Les gaz à effet de serre de la Fed, ce sont le crédit quasi-gratuit et infini et les rachats d’obligations. Mais il y a un troisième gaz très pernicieux : les rachats d’actions par les entreprises, souvent aussi à crédit…
Que se passerait-il si on dissipait ces gaz ? C’est la question à laquelle répond la grande banque Goldman Sachs.
En 2018, les entreprises ont consacré 806 Mds$ à ces opérations, battant le précédent record de 589 Mds$, établi en 2007. Il est vrai qu’en plus de l’argent facile, les entreprises qui rapatriaient leurs capitaux jouissaient d’avantages fiscaux, ce qui explique l’emballement du quatrième trimestre 2018 (223 Mds$ de rachat).
Commentaire de Wolfstreet.com :
« Ce record de rachat est survenu alors même que le prix des actions du chutait en moyenne de 5,3% selon S&P Dow Jones Indices, la joint-venture qui gère notamment le S&P 500 et le Dow Jones. Durant les mauvais jours de ce trimestre, les entreprises étaient parfois les seules acheteuses de leurs propres actions.
Au long de cette année 2018, voici les championnes du buyback :
Apple | 74,2Mds$ |
Oracle | 29,3 Mds$ |
Wells Fargo | 21,0 Mds$ |
Microsoft | 16,3 Mds$ |
Merck | 9,1Mds$ » |
L’étude de Goldman Sachs donne aussi des chiffres concernant les cinq principaux groupes d’autres intervenants pour l’année 2018.
Ont vendu | |
Les fonds de pension | 243 Mds$ |
Les fonds | 234 Mds$ |
Les investisseurs étrangers | 94 Mds$ |
Les assureurs-vie | 18 Mds$ |
Ont acheté | |
Les investisseurs particuliers | 191 Mds$. |
Donc la baisse des marchés en fin d’année 2018 – baisse due à des ventes de ces quatre groupes – a été largement amortie par les rachats d’actions des entreprises.
Bloomberg précise :
« Goldman a été un des plus forts défenseurs de la pratique du rachat d’actions, disant dans une note du mois dernier que certaines ‘idées fausses’ à ce propos étaient sans fondements. Sans ces rachats, la volatilité augmenterait, les valorisations s’en trouveraient réduites et le marché haussier risquerait de perdre un de ses plus fervents alliés, dit ce dernier rapport. »
Ce que vous lisez, noir sur blanc, est que, si les entreprises n’achètent plus leurs propres actions, il y aura du sang sur les murs des salles de marché.
Bill Bonner a sorti son drapeau d’alerte au krach.
Donald Trump laisserait-il faire ? La Fed ne pourrait-elle pas racheter aussi des actions, comme le fait la Banque du Japon… et la Fed n’est-elle pas à la botte de Trump ?
Avons-nous déjà assisté à toutes les escroqueries possibles ? La Théorie monétaire moderne n’a pas encore été tentée et il nous tarde. Le spectacle serait grandiose. Le Zimbabwe à l’échelle 1 000, avec la technologie américaine.
Sources
https://wolfstreet.com/2019/04/08/what-would-stocks-do-in-a-world-without-buybacks-goldman-asks/
1 commentaire
Sans l’intervention de la FED la productivité progresserait beaucoup plus rapidement, l’économie serait beaucoup plus solide, la dette publique (qui représente le plus grand trou noir de capital financier) serait plus faible, de sorte qu’il est tout à fait possible que le marché action serait plus élevé (mais probablement avec des multiples plus faibles). Le marché action n’a pas attendu la FED pour afficher d’excellentes performances.
Sans les rachats d’actions financés à crédit (parce qu’il y a aussi des sociétés qui arbitrent de façon extrêmement logique en faveur des rachats d’action plutôt que des dividendes dans le cadre de l’allocation de leur cashflow, d’ailleurs plusieurs sociétés dans la liste ci-dessus sont des vaches à lait disposant d’une excellente structure financière) les taux obligataires seraient plus faible, rendant les actions encore plus attractives pour les investisseurs, et les fonds propres des sociétés seraient plus élevés, de sorte qu’il est tout à fait possible que les cours seraient proches du niveau actuel.