Lentement mais sûrement, ainsi va l’or depuis quelque temps. Et pour continuer le proverbe, chi va sano, va lontano : qui va sûrement va loin. Telle semble la destinée du métal jaune.
Parti un peu au dessous de 640 $ l’once au début du mois de mars, la voici arrivée à 685 $ à l’heure où j’écris ces lignes — un joli petit +7%, sournois et un peu insidieux. L’actualité sourit plutôt au métal jaune : tension avec l’Iran, dollar pâlichon, pétrole installé au dessus de 60 $ le baril. Rien que du déjà vu, mais une accumulation. Une accumulation aussi du côté de la Chine qui montre de plus en plus souvent les dents dès que les affaires de commerce international, barrières douanières et parités monétaires sont mises sur le tapis.
Si vous faites partie des investisseurs aurifères opportunistes, ne lisez pas ce qui suit. En revanche, si vous faites partie des investisseurs qui pensent que l’émission de monnaie injustifiée est un jour punie, la question se pose de savoir quand tombera le couperet du jugement dernier. En d’autres termes, jusqu’où l’or grimpera-t-il… et en combien de temps ?
Aujourd’hui, deux écoles s’affrontent : celle qui soutient que le parcours sera très similaire à celui des années 1972 à 1980, et celle qui pense qu’il y aura des divergences. Je penche pour le deuxième camp, pour des raisons à la fois objectives et subjectives.
Rappelons tout d’abord qu’avant 1972, le dollar était à parité fixe avec l’or, et l’once valait 35 $. C’est cette parité fixe qui a été dénoncée lors des accords de Bretton Woods. Voyons maintenant ce qui s’est passé après Bretton Woods…
Cycle haussier 1972-1980
Durée neuf ans, coefficient 19
– Dans une première phase haussière de trois ans (1972 à 1975), l’once a augmenté d’un coefficient 4, passant de 45 à 180 $.
– Puis il a consolidé durant deux ans, de 1975 à 1976, et est revenu à 115 $.
– Il a ensuite entamé une deuxième phase haussière de deux ans (1977 à 1978), période durant laquelle l’once a augmenté d’un coefficient 4, passant de 115 à 455 $.
– La troisième phase haussière a duré un an et a vu l’once atteindre son sommet de 850 $. Elle a presque doublé en moins d’un an, dans une bulle ultime qui a éclaté en plusieurs vagues.
Objectivement, l’ascension actuelle du métal jaune ne ressemble pas aux phases 1 et 2 de la période 1972-1979.
Cycle haussier actuel
Durée 6 ans, coefficient actuel 2,6
En six ans, l’or a progressé d’un coefficient 2,6, passant de 260 $ à 670 $. La pente est plus douce que celle du passé. Elle est similaire à l’ensemble des phases 1 et 2 du cycle haussier précédent. Il semble que la consolidation de parcours n’ait pas (encore ?) eu lieu.
Le cycle haussier actuel tiendra vraisemblablement encore au moins deux ans. Il devrait emmener l’or à 1 800 $, si le sommet de 1980 est à nouveau touché. Mais certains facteurs devraient le pousser bien plus haut. Nous entrons ici dans la phase subjective de l’étude.
Analogie entre les deux cycles haussiers
Les éléments propres au cycle actuel
– L’inflation est rampante et encore peu visible.
– Les liquidités sur les marchés sont plus importantes, les volumes plus élevés, la volatilité supérieure.
– Les traitements informatiques de masse des places boursières accentuent le phénomène. Les investisseurs privés accèdent plus facilement à l’or (ETF, bullion, certificats). – Les moyens de communication — et notamment Internet — font que toute nouvelle et toute inquiétude mettent moins de 24 heures à faire le tour de la planète
L’or ira plus loin, plus vite que dans le cycle précédent dès que l’inflation fera clairement surface. Si l’on se base sur un coefficient de hausse similaire à celui du cycle des années 70, l’or devrait toucher 4 960 $ (19 x 260 $).
Si l’on se base sur l’axiome simple de Bill Bonner qui veut qu’une correction soit à la hauteur de la tromperie qui l’a précédé, l’or devrait s’apprécier en relation avec la masse monétaire artificiellement créée.
La vérité sera probablement entre 2 000 et 5 000 $ d’ici deux ans. A partir de 2 000 $, l’or entamera sa dernière phase bullière de hausse. Ceci nous laisse une bonne marge de manoeuvre qui peut s’exploiter en investissant dans des minières plutôt que dans l’or physique.