▪ Nous avons commencé vendredi à examiner le changement… et le temps qu’il peut prendre avant d’être pleinement réalisé. Nous avons illustré cela avec l’exemple de la remise en cause du modèle planétaire tel que dessiné par la science au XVIe siècle… et comment « le consensus » s’est arc-bouté sur le dogme plutôt que de le remettre en question.
Ils ont enjolivé le modèle géocentrique pour expliquer les anomalies et ont affirmé : « il existe des grands cercles appelés cycles. Mais si la planète est un peu en dehors du cycle, il doit alors y avoir ce que l’on appelle un épicycle ou petit cercle. Elle fait donc une grande boucle, mais tout en faisant cela, elle fait également ces petites boucles dans le sens inverse des aiguilles d’une montre ». Ils ont donc écrit de nouvelles équations, le tout très bien documenté.
Finalement, Copernic est arrivé et a dit : « peut-être la Terre n’est-elle pas le centre de l’univers ; peut-être que le soleil est le centre du système solaire. Et peut-être que les planètes — y compris la Terre — tournent autour du soleil ».
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Puis Kepler est arrivé et a dit : « et peut-être les orbites ne sont-elles pas circulaires ; peut-être sont-elles elliptiques ».
Après lui arriva Tycho Brahe qui utilisa son télescope pour faire des observations.
A la fin du XVIe siècle, Copernic, Brahe et Kepler avaient créé un nouveau modèle, le modèle héliocentrique où le soleil est le centre du système solaire et où les planètes et la lune tournent autour de lui sur des orbites elliptiques.
Et devinez quoi ? Ce modèle fonctionne.
Voilà qui montre comment, pendant 1 500 ans, les gens les plus intelligents du monde, en s’appuyant sur les mathématiques, la physique et l’astronomie, se sont tous complètement fourvoyés.
▪ Comment le système perdure en dépit du bon sens
Les hommes et les femmes qui travaillent à la Réserve fédérale et au FMI ont des QI de 170 et sont surdiplômés. Mais à quoi sert toute cette intelligence si le paradigme est faux ? Ils utilisent des modèles d’équilibre, un risque normalement distribué, un retour à la moyenne, des simulations de Monte Carlo entre autres. Tout cela est l’analogie financière de la pensée selon laquelle le soleil tourne autour de la Terre.
A quoi sert toute cette intelligence si le paradigme est faux ? |
Pourtant, une petite minorité et moi-même affirmons : « non, le soleil ne tourne pas autour de la Terre ; c’est la Terre qui tourne autour du soleil ».
Le meilleur modèle pour comprendre les marchés de capitaux est la théorie de la complexité, la physique, les transitions de phase, la théorie du réseau, la théorie des graphes et autres mathématiques appliquées qui vont avec tout cela.
Supposons que vous êtes âgé de 25 ans, que vous êtes très intelligent et que vous voulez vous lancer dans un doctorat en finances. Peut-être lisez-vous Intelligence Stratégique ou La Chronique Agora et vous vous dites : « hmm, je crois bien qu’ils sont sur quelque chose. Cette théorie de la complexité est intéressante ».
Mais votre professeur et directeur de thèse est un homme de 55 ans qui a passé les 40 dernières années à apprendre les modèles d’équilibre et ne voudra pas s’en éloigner. C’est très difficile lorsque vous avez 55-60 ans de reconnaître que tout ce que vous avez appris ces 40 dernières années est faux.
Si vous, jeune étudiant intelligent de 25 ans, demandez à votre professeur si vous pouvez écrire votre thèse sur la théorie de la complexité, il vous répondra non. Au lieu d’être le premier étudiant à écrire sur la théorie de la complexité, il voudra que vous soyez le 9 000e à étudier un changement infime sur les mêmes modèles d’équilibre que l’on fait depuis ces 50 dernières années.
Et c’est ce que vous ferez. Parce que si vous êtes celui qui ne rentre pas dans les rangs et veut poursuivre la nouvelle science, vous n’obtiendrez pas votre doctorat ou alors vous ne le passerez pas dans une école prestigieuse. Vous ne serez pas sous la protection d’un directeur de thèse éminent ni ne serez publié. Pire, vous ne trouverez pas de boulot. Par conséquent, le brillant étudiant de 25 ans abandonne et écrit à la place quelque chose qui plaira à son professeur.
Voilà comment, même face à de nouvelles idées et à une nouvelle science, la mauvaise science continue à perdurer — tout cela à cause de la nostalgie. Heureusement, les anciens modèles finissent par être remplacés… mais il faut du temps.