Les marchés actions vont souffrir de la hausse des taux car les entreprises portent un endettement excessif. C’est à nouveau le moment de lâcher les actions pour de l’or.
[NDLR : Le week-end de Thanksgiving a contraint Bill à une courte absence – que nous compensons avec un « classique », initialement publié le 28 novembre 2018. Retour à la normale dès demain !]
Où vont les actions ? Personne ne le sait… et personne ne peut le deviner. Ce n’est pas nécessaire, de toute façon : on ne gagne pas d’argent en bourse sur les mouvements de court terme. Vous aurez tort autant de fois que vous aurez raison, et vous finirez par stagner.
Ce sont les grandes évolutions de long terme qui font la différence. Le problème, c’est que ces évolutions durent parfois plus longtemps que nous.
Le timing pour les nuls
Notre modèle de “Timing pour les Nuls” implique d’investir en actions lorsqu’on peut acheter le Dow pour moins de cinq onces d’or (il est actuellement à 20 environ)… et de les revendre lorsque ce prix passe au-dessus de 15.
Si ce n’est pas le cas, on se contente d’attendre. Avec de l’or.
Sur les 100 dernières années, vous auriez multiplié votre richesse réelle – mesurée en or – par plus de 27 (sur trois allers-retours entre 5 et 15).
Comme nous l’avons vu il y a quelques jours, les actions sont largement surévaluées. Vous auriez pu acheter tout le Dow en 1928 pour 10 onces d’or. Ensuite, vous auriez pu utiliser ces 10 mêmes onces pour acheter à nouveau des actions du Dow en 2013. Plus-value réelle totale sur 85 ans — zéro.
En d’autres termes, ne vous attendez pas du tout à des plus-values sur les actions. Ce que vous pouvez attendre, ce sont des dividendes… mais ils sont soumis à taxation.
A Baltimore, par exemple, les taxes fédérales, locales et municipales se montent à 50% environ. Donc si votre action rapporte un dividende de 2%, vous vous retrouvez avec un magnifique rendement annuel de… 1%.
Et il vous coûtera cher. Parce que la moitié du temps ou à peu près, vos actions du Dow vaudront MOINS que le cash utilisé pour les acheter (10 onces d’or en moyenne). En d’autres termes, vos dividendes disparaîtront en moins-values approximativement une année sur deux.
En ce qui nous concerne, nous ne sommes plus investi en actions depuis plus de 20 ans. Nos lecteurs, collègues, analystes et membres de la famille nous ont critiqué pour être “passé à côté” du plus gros boom boursier de l’Histoire.
Mais devinez quoi ? Ces deux dernières décennies, l’or a fait mieux que le S&P 500, même en tenant compte des dividendes réinvestis – et sans les risques.
Notre message aujourd’hui est que l’investissement d’une manière générale – dans quelque secteur que ce soit – est surestimé.
Champions haut la main
Les gens pensent qu’ils doivent investir. Ils voient des publicités montrant des couples souriant avec approbation à leurs relevés de compte. Ils croient qu’ils seront des pigeons et des losers s’ils ne s’impliquent pas dans la gestion de leur portefeuille.
Mais une étude faite il y a quelques années de cela montre que les meilleurs investisseurs étaient, en fait, ceux qui étaient le moins impliqués.
En observant les performances des comptes de ses clients, la maison de courtage Fidelity a découvert ce qui semblait être un groupe de champions.
Ces investisseurs battaient régulièrement la moyenne. Quel était leur secret ? Que pouvons-nous dire à nos autres clients, se demanda Fidelity ?
Eh bien, le secret était que ces champions de l’investissement étaient morts. Leurs comptes étaient là, toujours ouverts mais inactifs, accumulant et réinvestissant les gains.
Tout le monde veut de meilleures performances, mais rares sont les investisseurs qui iront jusqu’au tombeau pour les obtenir.
Ce n’est pas nécessaire, qui plus est : cette étude nous montre que l’investissement actif ne rapporte pas du tout, en réalité. Pas pour la plupart des gens.
Choisir des valeurs… faire des allers-retours… prendre des décisions d’investissement — bien peu d’investisseurs y parviennent de manière profitable.
Et pourquoi le devraient-ils ? L’investissement fait partie du monde gagnant-gagnant de la vie. On obtient, plus ou moins, non ce qu’on veut ni ce qu’on attend… mais ce qu’on mérite. Et ce qu’on mérite de recevoir est proportionnel à ce qu’on donne.
Un analyste sérieux à plein temps pourrait gagner un rendement légèrement plus élevé que la moyenne. Mais d’où viendront ses profits ? S’il gagne plus que la moyenne, en d’autres termes, quelqu’un doit gagner moins. Qui est le perdant ?
Facile… c’est M. et Mme Tout-Le-Monde, les amateurs aléatoires scotchés sur BFM Business et qui achètent des ETF !
Sur le long terme, la hausse est factice
Un tel amateur entend dire que les actions “grimpent toujours à long terme”. Regardant en arrière, il en voit la preuve — une gigantesque hausse des marchés boursiers sur les 36 dernières années.
Ce qu’il ne sait pas, en revanche, c’est qu’une grande partie de cela est factice.
Cette hausse a été causée non pas par une croissance des ventes et des profits (les éléments pour lesquels il vaut la peine de détenir les actions d’une entreprise) mais par l’inflation sur les marchés des capitaux. La Fed a injecté 4 000 milliards de dollars — ils sont allés dans les actions et les obligations.
Voilà des années que nous pestons contre ce phénomène. Nos lecteurs en ont assez de nous entendre sur le sujet. Mais telle est l’absurdité frauduleuse qui se trouve au coeur de l’économie et des marchés actuels.
Retirez ces 4 000 milliards de dollars d’argent factice… et les taux d’intérêt factices de ces 10 dernières années… et cette affaire aurait une toute autre mine.
Si l’on regarde les revenus réels des entreprises, par exemple — en se basant sur leurs déclarations fiscales –, on s’aperçoit que les entreprises américaines ne gagnent pas un sou de plus qu’en 2006… et considérablement moins que durant les quatre dernières années de l’administration Obama.
Les revenus par action ont grimpé, cependant, parce que les entreprises ont utilisé le crédit facile pour racheter leurs propres titres, réduisant ainsi le nombre d’actions en circulation.
Cela a eu pour conséquence pernicieuse de laisser les entreprises américaines avec environ 50% de dette en plus — soit plus de 9 000 milliards de dollars. Ainsi, les entreprises américaines sont plus faibles qu’avant, non pas plus vigoureuses. Elles sont désormais plus vulnérables au cycle des taux… qui semble s’être retourné contre elles.
Désormais, elles souffriront aussi plus de la baisse d’impôt à la hussarde du président Trump, qui a doublé les demandes d’emprunt des Etats-Unis, faisant grimper les taux plus haut et plus vite qu’auparavant.
La combinaison de dettes plus élevées… et de taux en hausse… va heurter de plein fouet les profits des entreprises. Avant même que le rendement du T-Bond à 10 ans atteigne les 4%, nous sommes d’avis que les investisseurs souhaiteront avoir vendu les actions et les obligations… et acheté de l’or.