** Arrêtez les horloges, faites sauter les bouchons de champagne et hosanna au plus haut des cieux ! Le Dow Jones Industrials a atteint un nouveau record ! Pardonnez-nous de trouver cet événement assez décevant. Comme le disait succinctement l’un de mes collègues : "traduction : le Dow Jones a stagné pendant six ans, même sans tenir compte de l’inflation".
– D’ailleurs, saviez-vous que seuls 10 des 30 composants du Dow sont en territoire positif depuis six ans ? Depuis le précédent sommet, le 14 janvier 2000, les actions du Dow ayant les meilleures performances sont : MO +202%, XOM 158%, CAT 150%, UTX 94%, BA 84%, MMM 46%, JNJ 39%, C 25%, AXP 20%, et PG 9%. Les 20 autres valeurs sont toutes négatives depuis six ans — y compris quelques surprises : Wal-Mart (WMT) -24%, INTC -57%, GE -31%. D’autres performances ne sont pas si surprenantes : GM -58%, MSFT -50%, et HD en baisse de 41%.
– Une rapide analyse de ces performances ne permet pas de tirer des conclusions thématiques évidentes. Le pétrole est en hausse. Le tabagisme est en hausse. Les produits de Caterpillar, Boeing et United Technologies sont en hausse. Les biens de consommation non-cycliques de Procter & Gamble et Johnson & Johnson sont en hausse. Pourtant, Wal-Mart chute, tout comme l’industriel DuPont et le détaillant Home Depot. Les financières s’en sont bien tirées, tandis que les pharmaceutiques traînent la patte. Qu’est-ce tout cela nous dit sur les six années à venir ?
– Rien du tout, malheureusement. Ou peut-être cela nous dit la chose suivante : les indices larges ne sont quasiment d’aucune utilité pour guider vos décisions d’investissement. La différence de performances entre les entreprises se justifie par l’exécution d’une bonne stratégie par des dirigeants compétents (et non corrompus), dans un monde extrêmement concurrentiel. Toutes ces sociétés étaient en concurrence dans le même environnement : une augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières, des fluctuations sur les marchés des changes et une hausse des taux d’intérêt. Certaines s’en sont mieux sorties que d’autres.
– Certains thèmes sectoriels forts pourront vous aider dans vos décisions. Mais nous pensons que désormais, ce seront les bilans pris un à un et l’analyse fondamentale qui feront la différence entre les investisseurs heureux… et les investisseurs insolvables. En ce qui nous concerne, les conditions sous-jacentes du marché des matières premières (la demande croît plus vite que la demande) restent un thème très porteur. Et dans la mesure où les cours des sociétés de matières premières chutent avec les cours des ressources naturelles, nous pouvons enfin nous positionner sur d’excellentes entreprises à un bon prix.
** "Est-ce que quiconque se soucie de la bulle immobilière en Australie, si elle existe ?" avons-nous demandé lors d’une réunion éditoriale la semaine dernière. Certes, il y a des différences entre la bulle épique des Etats-Unis et la version "junior" de l’Australie. Pour commencer, les taux d’intérêt australiens approchent le sommet du cycle — ou du moins c’est ce qu’on nous dit. Les prix des maisons ont réussi à soutenir cela sans s’effondrer. C’est peut-être précisément là le problème : pour la plupart des accédants à la propriété en Australie, une nouvelle maison reste complètement hors de portée.
* Il n’a donc pas été surprenant d’apprendre que les autorisations de construction ont chuté de près de 13% en août, selon le Bureau australien des statistiques. Le chiffre vraiment affligeant était la chute de 37% des permis de construire pour des appartements. Inutile de construire plus de résidences si les gens ne peuvent pas se les permettre. Les marchés immobiliers australien et américain luttent pour les mêmes raisons : les formules de prêts exotiques ont poussé beaucoup de gens à acheter une maison plus grande que celle qu’ils pouvaient se permettre. C’est cette explosion d’argent bidon qui a fait grimper les prix des maisons, les rendant inabordables.
– Comme nous l’a dit en confidence un ami dans le secteur, la meilleure stratégie, en ce moment, n’est pas de s’endetter pour acheter une propriété et monter des plans de défiscalisation — la meilleure stratégie, en ce moment, c’est de louer. Et en tant que locataire, nous sommes bien d’accord.