** Nous avons passé les derniers jours à retenir nos larmes…
* Michael Jackson ! Robert MacNamara !
* Aujourd’hui, notre coeur saigne pour l’île de Nantucket. Nous avons appris hier que les riches n’ont plus le même train de vie. Le New York Times rapporte que l’été n’a jamais été plus morose pour les autochtones. On compte plus de 600 propriétés à vendre — et aucune ne part. Même avec des réductions allant jusqu’au tiers du prix ! Les restaurants et les bars offrent eux aussi des réductions — tout pour attirer les clients.
* A la Chronique Agora, nous défendons les causes perdues. Nous prenons le flambeau des minorités méprisées et persécutées un peu partout. Nous sommes donc fort peiné par le calvaire des riches. Ils ont perdu environ 10 000 milliards de dollars depuis le début de la crise, selon nos estimations. On les accuse de tous les maux et les crimes, depuis les grossesses adolescentes jusqu’à l’ouverture des boutiques le dimanche. La mode, cette capricieuse, leur tourne le dos — leurs grandes maisons, grosses voitures et vastes empreintes écologiques sont aussi démodées que les guêtres. Et mercredi, nous apprenions que le Congrès américain envisageait une surtaxe pour les riches — qui sera ajoutée dans le nouveau programme d’allocations santé. Pas étonnant qu’ils passent un été aussi pourri.
* Snif…snif…
** Selon un titre du Financial Times, le Fonds monétaire international affirme que la récession prend fin. En creusant un peu, nous découvrons que selon le FMI, la reprise pourrait être "faible" et nécessiter plus de stimulants pour que les consommateurs se remettent à dépenser.
* Comme toujours, le fonds se trompe sur tout. Ce n’est pas une récession, c’est une dépression. Elle ne termine pas ; il n’y a pas de reprise en vue. Et plus de stimulants ne pousseront pas les consommateurs à dépenser plus.
* "En réalité, ce n’est pas très compliqué", avons-nous dit à nos rédacteurs londoniens cette semaine. "Nous vivons une dépression, non une récession".
* Parfois, lorsqu’on prononce un discours, les mots semblent plus assurés qu’on l’attendait. L’occasion exige de la confiance… des certitudes oratoires, non des doutes et des nuances. Des phrases complètes sortent — souvent intrinsèquement élégantes ou puissantes — et on a du mal à les reconnaître comme étant les siennes. On écoute… surpris par l’intelligence de l’orateur.
* "C’est une dépression. Et ça restera une dépression jusqu’à ce que cette gigantesque pile de dette accumulée depuis un quart de siècle ait été remboursée. Jusqu’à ce que les entreprises et les banques qui ne sont plus viables aient fait faillite et se soit restructurées. Jusqu’à ce que les consommateurs aient du véritable argent à dépenser — et non du crédit supplémentaire. Tant que ces choses ne se seront pas produites, il n’y a aucun moyen de voir une authentique reprise se mettre en place".
* "Depuis plus d’un demi-siècle, la force motrice de l’économie mondiale a été la volonté des consommateurs anglophones de s’endetter de plus en plus lourdement. Cela a permis aux entreprises de développer leurs ventes et leurs profits".
* "A présent, cette tendance — qui a vécu plus longtemps que la plupart des gens dans cette pièce — a pris fin. Les consommateurs ne s’endettent pas plus. Les banquiers ne leurs prêtent pas plus d’argent. Les prix de leurs maisons ne grimpent plus… ils n’ont donc plus de nantissement sur lequel appuyer leur emprunt. C’est terminé. A présent, après avoir travaillé toute sa vie dans une économie en croissance… il faut déterminer comment survivre dans une économie en déclin".
* Nous aurions pu continuer. Mais le visage de nos auditeurs avait verdi.
* Nous aurions pu leur parler des derniers chiffres de Bloomberg. PMI, grand assureur hypothécaire, prédit que les prix de l’immobilier chuteront pendant encore près de deux ans. Le chômage et les saisies pèseront sur les prix, affirme l’assureur.
* Ou bien nous aurions pu fournir des preuves que le crédit à la consommation se contracte… il ne se développe pas. Les autorités ont injecté des milliers de milliards de dollars dans le système financier. Et c’est là qu’ils resteront. Les banques ne prêtent pas parce que les consommateurs ne peuvent pas emprunter. Le Financial Times est sur l’affaire ; il rapporte que le crédit à la consommation a encore chuté en mai, pour le quatrième mois d’affilée.
* "Les arriérés à un sommet record", dit un autre article du Financial Times.
* Nous aurions aussi pu expliquer que non seulement le passage de l’expansion de crédit à la contraction du crédit est la chose la plus énorme qui soit arrivé depuis la Deuxième Guerre mondiale… mais il se produit également un gigantesque transfert de richesse et de puissance. L’empire commercial (et militaire) anglo-saxon a atteint son sommet. La richesse et la puissance des anglophones s’était développée, par rapport au reste du monde, pendant les trois siècles précédents.
* Cette tendance semble elle aussi avoir pris fin.