Puisque la reprise a du plomb dans l’aile, il nous faut un quantitative easing
Cette fois-ci, aucun doute n’est plus permis. Les marchés parient sans vergogne sur un prochain quantitative easing massif en Europe comme aux Etats-Unis.
Cette fois-ci, aucun doute n’est plus permis. Les marchés parient sans vergogne sur un prochain quantitative easing massif en Europe comme aux Etats-Unis.
▪ Les grands illusionnistes — et manipulateurs patentés — qui sévissent de Wall Street à Francfort en passant par la City ne prennent même pas la peine de laisser les marchés se comporter de façon crédible. En effet, face à une déferlante de statistiques décevantes en Europe (le chômage tutoie les 11%) et surtout aux Etats-Unis, vous comprenez bien qu’il n’y a pas d’autre option que la hausse !
Wall Street, qui n’a pratiquement rien cédé lundi soir (-0,15%), se remet apparemment à bénéficier d’arbitrages au détriment de la Zone euro. Les indices de cette dernière ont chuté de 1,5%. Le mois de janvier qui s’achève ce mardi s’avère donc être le plus brillant pour le Dow Jones et le S&P 500 depuis 1997.
▪ Il ne s’est rien passé de décisif la semaine dernière si l’on ne considère que l’évolution des indices boursiers. En revanche, les détenteurs de métal précieux ont retrouvé le sourire ! L’once d’or a tout simplement repris 200 $ sur ses planchers de fin décembre, dont 65 $ (le tiers de cette hausse) rien que pour les trois dernières séances.
Vous le percevez sans peine depuis le 6 janvier dernier, nous sommes de nouveau confrontés à des marchés à sens unique, à une hausse somnambulique. Le S&P 500 alignait mercredi soir une treizième séance de progression sur une série de 16 depuis le 1er janvier. Sur les trois séances de consolidation observées en 2012, pas une seule n’a vu l’indice phare perdre plus de 0,5%.
Ah, quel merveilleux symbole de l’inventivité et de la prospérité à l’américaine que la réussite d’Apple… mais cette impression est largement factice et ne résiste pas à l’analyse.A part un effet image positif, les Etats-Unis ne tirent guère avantage des 13,5 milliards de dollars de profit et des 46,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires engrangés d’octobre à décembre — la période la plus faste de l’année avec Thanksgiving et Noël.
▪ Les marchés se sont fait plaisir lundi avec les 1 000 milliards de dollars surgissant de nulle part évoqués par Christine Lagarde dans le cadre d’un plan de soutien aux pays surendettés de la Zone euro. Mais le tintement d’une piécette ne paye pas une baguette ! Si le boulanger s’en contentait, il serait en faillite avant la fin de la semaine.
Oui, cher lecteur, il faut bien vous l’avouer, mes capacités d’analyse et de résolution des difficultés du moment font bien pâle figure en regard des stupéfiantes fulgurances des marchés. Cela fait des jours et même des semaines que je glane des éléments d’information (souvent sous forme de discrets entrefilets dans la presse économique) plutôt inquiétants concernant le Portugal et l’Espagne.
Quel finish pour les indices américains vendredi ! Mais que pouvions-nous attendre d’autre à l’occasion de la séance des « Trois sorcières » ? Le S&P (+0,07%) est ressorti du rouge à la toute dernière minute — ce n’est pas une image, c’est bien du premier degré. Il a inscrit sa 17e séance de progression sur une série de 21 — et un « quatre sur quatre » à la hausse pour cette semaine écourtée par le Luther King Day ; le gain hebdomadaire ressort à 2,5%.
Notre sentiment que le mois de janvier 2012 ne pouvait s’achever que dans la joie et l’allégresse (voir notre chronique d’hier) s’est trouvé pleinement confirmé ce jeudi par une envolée de 1,95% du CAC 40 à 3 328 points. Les valeurs françaises affichent désormais 13% depuis le plancher des 2 941 points du 19 décembre dernier.
Franchement, cher lecteur : auriez-vous misé un seul euro sur la proposition suivante le 1er janvier dernier ? Les indices boursiers vont inscrire leur meilleur mois de janvier de la décennie — et pour être précis, depuis janvier 2001. A cette époque, les indices avaient enregistré alors un puissant rebond technique après avoir subi quatre mois consécutifs de descente aux enfers.
Les opérateurs ne voulaient pas d’une clôture entachée d’ambiguïté, avec un CAC 40 clôturant juste un peu au-dessus de la résistance des 3 250 points ou retraçant au point près le seuil des 3 261 points testé à l’ouverture.
Le CAC 40 à +1,2% au lendemain d’une dégradation de la France par Standard & Poor’s, avec une envolée totalement décorellée de la moindre actualité économique, qui se matérialise en un quart d’heure, à 90 minutes de la clôture, alors que Wall Street est fermé… Franchement, vous croyez que le marché a été spontanément saisi d’un sentiment d’allégresse ce lundi vers 16h ?
Nous ne savons pas si les marchés sont en train de nous préparer la grande première d’une nouvelle superproduction à grand spectacle (avec budget de plusieurs centaines de milliards)… Mais cela fait pratiquement une semaine que les indices américains nous jouent chaque soir la même scène, tandis que la Bourse de Paris clôture pour la sixième fois en sept séances pratiquement au plus bas du jour, bien loin de ses meilleurs niveaux de la matinée.
Entrez, entrez, n’hésitez pas à faire de bonnes affaires. A vous les -30%, -50% (en moyenne sur les valeurs bancaires) et même jusqu’à -70% sur certaines références (Technicolor, Air-France/KLM, Véolia) par rapport à janvier 2011.
Prenez une clôture mollassonne à Wall Street lundi soir (+0,2%)… une séance soporifique à Tokyo (+0,4% après trois jours de fermeture)… un record historique de liquidités replacées auprès de la BCE (483 milliards d’euros)… des taux longs supérieurs à 5,55% en Espagne… 7,05% en Italie… Secouez le tout puis ajoutez une promesse de Fitch de ne pas priver la France de son AAA en 2012 et vous obtenez pratiquement 3% de hausse à Paris (2,65% en clôture).
Les investisseurs attendaient les chiffres du chômage dès le milieu de la semaine dernière… puis le sommet Merkel-Sarkozy de Berlin ce lundi… puis de connaître le résultat de l’augmentation de capital d’UniCredit (dont le titre a plongé de 40% en quatre séances, belle moyenne !)… puis de découvrir les résultats trimestriels d’Alcoa.
La France aurait-elle décidé de dissiper la morosité ambiante en offrant à ses partenaires économiques une succession d’occasions de rire aux éclats ?