Fin août, Arnaud Montebourg, successivement ministre du Redressement productif (2012-2014), étudiant en école de commerce le temps d’une formation expresse de quatre semaines, puis professeur invité en Economie à l’université de Princeton (dans cet ordre) a dévoilé les grandes lignes de son programme économique.
Celui qui déclarait en 2014 « J’ai décidé de reprendre des cours parce que diriger une boîte est un vrai métier, je m’en suis rendu compte ces deux dernières années » est depuis devenu officiellement candidat à la présidentielle 2017.
On voit mal en quoi le parcours de cet ancien avocat devenu politicien non-stop de 1997 à 2014 lui permet de se présenter sur son profil twitter comme « entrepreneur ». Mais sa fiche Wikipedia nous apprend que « Début octobre 2015, il annonce son entrée au capital de New Wind, une start-up conceptrice d’éoliennes domestiques. Il injecte 56 000 euros au capital et devient président du conseil de surveillance ». Notre homme a des idées, de fausses bonnes idées chères à notre personnel politique étatiste.
Notre spécialiste de l’optimisation de CV a concocté un programme de « redécollage », un « projet France » qui se veut « socialiste mais pas seulement », rapporte le journal Sud Ouest.
L’une des sept mesures économiques avancées par Arnaud Montebourg concerne l‘assurance-vie.
Comment Arnaud Montebourg propose-t-il de modifier les règles du jeu de ce type de contrats pour faire « redécoller » la France ? Selon L’Argus de l’Assurance, « Arnaud Montebourg propose d’investir obligatoirement [NDLR : vous aurez noté le bel oxymore] entre 10 et 20% des montants d’épargne des Français de l’assurance vie dans les PME françaises situées sur le territoire national, en contrepartie de la défiscalisation dont elles bénéficient ». « Ce sera au minimum 150 millions d’euros en cinq ans qui vont enfin s’investir dans l’économie française. Notre épargne, nos économies doivent servir aux PME Made in France », a-t-il précisé. »
La prétention à l’omniscience plutôt que la « catallaxie »
Pour Arnaud Montebourg, le marché est un outil profondément inadéquat pour décider de l’orientation de notre épargne. Si certaines entreprises manquent de financement, cela ne peut être que parce que le personnel bancaire est trop drastique dans la sélection des entreprises éligibles à un financement. En revanche, les employés de l’Etat – cette entité omnisciente dans l’esprit des constructivistes sociaux tels qu’Arnaud Montebourg – savent exactement sous quelles conditions, dans quelle quantité (on parle tout même en l’occurrence de la bagatelle de 160 à 320 milliards d’euros) et dans quelle direction votre épargne doit s’orienter.
On ne s’attendait pas qu’après seulement quatre semaines passées à l’INSEAD, Arnaud Montebourg ne jure plus que par la catallaxie. Ce concept de l’économiste Hayek désigne :
« Un ordre engendré par l’ajustement mutuel d’actions individuelles qui se conforment aux règles juridiques concernant la propriété, les dommages et les contrats. Les gouvernants ne pouvant détenir l’ensemble des informations en circulation et ne pouvant les traiter, toute prétention à organiser scientifiquement la société et le marché est une illusion ».
En revanche le libre marché permet d’atteindre un niveau de complexité et de performances qu’aucune démarche rationnelle organisée n’est capable d’atteindre. Ce point de vue remet en question toutes les théories positivistes, que Hayek appelle « rationalisme constructiviste », selon lesquelles l’homme, par son savoir, serait capable de maîtriser le fonctionnement de la société et de la modifier comme une matière brute. » (Damien Theillier, professeur de philosophie et fondateur de l’Ecole de la Liberté)
Pour un programme qui se veut « socialiste mais pas seulement », nous voilà donc servi. 0% de catallaxie et 100% de constructivisme.
Pourtant, en matière de politique économique, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Dans son ouvrage « 8 leçons d’histoire économique « , Jean-Marc Daniel, professeur d’Economie à ESCP-Europe, spécialiste de l’histoire de la pensée économique et des politiques économiques, nous conte l’origine de la tradition française de dirigisme économique.
« Nous sommes plus à l’aise avec l’idée de confier le pouvoir économique à des fonctionnaires. On parle souvent à ce sujet de Colbert, mais il ne faut pas oublier qu’il est avant tout l’héritier spirituel de Barthélémy de Laffemas (1545-1612) et de sa politique. […] Il est partisan d’une véritable politique industrielle dont l’objectif est à la fois de favoriser les exportations et de promouvoir la substitution aux importations. Devenu ministre sous Henri IV, il subventionne le développement de la production de soie. […] Il fit prendre à Henri IV un édit qui oblige chaque paroisse à planter trois muriers, l’arbre sur lequel vivent les vers à soie. Et le roi lui-même plante solennellement trois muriers dans les jardins des Tuileries : fabriquer français, déjà. Cela tourne à la déroute, les mûriers mourant les uns après les autres. »
« Hâteurs de rots » et emplois d’avenir
Le passé connut aussi ses « emplois d’avenir »rappelle aussi le même ouvrage. C’était les « hâteurs de rots » à la maison du roi. « En fait, personne ne sait quelle est leur fonction précise. Pour certains, ils sont chargés de taper dans le dos du roi, afin de faciliter sa digestion en « hâtant son rôt » ; pour d’autres, ce sont des hâteurs de feu, afin d’améliorer la qualité de la cuisson des rôtis ».
D’autres fausses bonnes idées de la panoplie interventionniste figurent au programme d’Arnaud Montebourg : création d’une « banque d’encouragement au risque », « Réserver 80% des marchés publics de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux aux PME françaises pendant huit ans », etc.
Selon Guillaume Nicoulaud, gestionnaire d’actifs, enseignant et blogueur libéral, cette verticalité française a coûté à notre pays un retard dans sa révolution industrielle par rapport à l’Angleterre.
Plutôt que de demander aux contribuables une bourse pour rejoindre l’INSEAD, peut-être Arnaud Montebourg aurait-il dû suivre les cours de l’Ecole de la Liberté et lire quelques chroniques d’inspirations libérales.
De l’importance de la Destruction Créatrice
N’importe quel jardinier connaît les bénéfices de la taille…
La « destruction créatrice » fait partie du fonctionnement sain de l’économie. Vouloir entraver ce processus, vouloir le capitalisme sans la sanction de la faillite, vouloir faire durer ce qui est dépassé entrave la croissance de la prospérité.
Dans les périodes les plus sombres naissent les plus grandes innovations. Dans la crise de 1929, sont nés Disney et IBM… Toute évolution majeure rend obsolète ce qui auparavant faisait l’affaire. C’est même à cela que l’on reconnaît les grandes innovations. Il y a un « avant » et un « après ».
2 commentaires
je comprends lorsque vous dites que disney a pris son envol dans la depression car les gens au chomage allaient plus au cinema, mais je ne comprends pas le lien entre IBM et 1929
montebourg n’est la que pour faire de l’animation à gauche.
il y a quelques années il parlait de glass steagall
aujourd’hui que dalle…
(de maniere stupefiante, lors d’une reunion filmée sur une plage, derriere lui des supporters dont taubira alors qu’il parlait de glass steagall discutait et riait avec ses voisins : j’avais compris que ces gens étaient incompétents)
sinon, puisque vous evoquez les libertariens: le bureau de coordination (atlas shrugged) est le ministere du redressement productif
on ne peut pas faire plus parodique