Encore un appel à « essayer autre chose » que le capitalisme, comme si l’Histoire n’était pas déjà jonchée des ruines de ces tentatives.
Un jour de plus. Et encore un intellectuel geignard qui nous explique qu’il est temps de jeter le capitalisme par-dessus bord.
Voici le titre d’un article publié dans Newsweek :
« Le capitalisme ne fonctionne pas pour les pauvres. Essayons autre chose. »
Le titre comporte deux volets. Les deux sont absurdes.
Tout d’abord, comment peuvent-ils affirmer que « le capitalisme ne fonctionne pas pour les pauvres » ? On pourrait soutenir que notre système, quel qu’il soit, a remarquablement bien réussi à rendre les pauvres pauvres, et à les maintenir dans cette condition.
Mais il a aussi enrichi les pauvres, matériellement, bien au-delà de ce qu’avaient connu les plus riches il y a quelques générations.
Quel pharaon bénéficiait de la climatisation ? Louis XIV ou Madame de Pompadour pouvaient-ils regarder la télévision ou se faire livrer des pizzas à domicile ? Le roi Midas était-il anesthésié lorsqu’on lui arrachait une dent ? Napoléon n’avait même pas le chauffage central. John D. Rockefeller n’avait pas Internet. Gengis Khan n’avait pas d’eau chaude.
C’est le capitalisme qui a permis ces avancées. Et pour être plus précis, elles sont presque toutes le fruit de la société patriarcale blanche. Bien entendu, on peut accuser les hommes blancs de la plupart des maux du monde. Mais en matière de plomberie ou de moteur à combustion, ils étaient avant-gardistes. Et aucun d’eux ne menait de politique gouvernementale.
Aujourd’hui, dans nos sociétés développées, il n’est plus si simple d’être véritablement pauvre. Qui voudrait vivre sans chauffage, sans climatisation ? Qui voudrait transporter de l’eau depuis un ruisseau ou entretenir un feu tout l’hiver ?
Et rares sont les pauvres qui ont aujourd’hui l’air émacié ou affamé. L’obésité, le diabète et la sédentarité représentent des menaces bien plus répandues.
Au fil des millénaires, l’homme a probablement développé une nette préférence pour l’oisiveté. La chasse demandait de l’énergie. Et comme il était difficile de conserver les aliments, il n’y avait guère de raison de tuer plus qu’on ne pouvait consommer. Pas de montres Rolex, ni de villas immenses pour afficher sa supériorité.
Le summum de l’existence consistait donc à chasser et à cueillir de façon suffisamment efficace pour maximiser son temps libre.
Cette inclination pour la paresse, malgré deux mille ans de capitalisme, perdure. Aujourd’hui, nombreux sont les pauvres qui choisissent de rester pauvres ; le chemin pour en sortir est pourtant bien balisé. Il suffit, statistiquement, de se marier et de rester marié, de trouver un emploi et de le conserver. Ensuite, bien sûr, il faut veiller à ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne.
Est-ce si difficile ?
Désagréable, peut-être. Ennuyeux, certainement. Conserver un emploi, tout comme un conjoint, peut s’avérer fastidieux. Mais selon le ministère du Travail, il y a par exemple, aux Etats-Unis, plus d’emplois disponibles que de candidats. Quant au marché matrimonial, nous n’avons pas de données précises. Mais nous voyons beaucoup de gens se marier une, deux, parfois trois fois… cela ne doit donc pas être si compliqué.
Les pauvres que nous avons connus dansaient au son de leur propre musique. Le « capitalisme » n’y était pas pour grand-chose. Mais c’est justement le succès du capitalisme qui permet aujourd’hui à une catégorie entière de personnes – qui, en d’autres temps, seraient occupées à chercher de la nourriture ou à faire la queue pour un quignon de pain – de consacrer leur temps à imaginer comment améliorer le système.
C’est ici que la seconde partie du titre révèle toute son absurdité. « Essayons autre chose ». Il s’agit presque d’une invitation déguisée au pillage. Soit les individus s’efforcent de réussir dans un cadre économique plus ou moins honnête, soit un groupe se sert de la politique pour dépouiller un autre groupe. Il n’y a pas de troisième voie.
On pourrait penser que l’auteur de l’article, Thomas C. Foley, ancien candidat républicain au poste de gouverneur du Connecticut, en saurait un peu plus. Mais il propose un système à deux vitesses : d’un côté, les capitalistes libres d’agir comme bon leur semble ; de l’autre, les pauvres recevant un revenu gratuit.
« A 20 ans, les jeunes Américains choisiraient entre le système de libre marché et un système de revenu stabilisé. L’adhésion à l’un ou à l’autre serait facultative et fondée sur les préférences individuelles, sous réserve du maintien d’une répartition de la main-d’oeuvre autour de 70%/30%. Avant l’âge de 30 ans, les travailleurs pourraient changer de système une fois. Après 30 ans, un changement serait encore possible, mais coûteux. Le montant du revenu stabilisé serait ajusté chaque année pour les nouveaux entrants, de manière à maintenir une proportion de participants comprise entre 25% et 30% de la main-d’oeuvre. »
On dirait qu’il est né de la dernière pluie. Combien de tentatives « d’amélioration » du capitalisme ont déjà été expérimentées à travers les époques et les continents ?
Rien que dans notre propre vie, nous avons vu passer l’Union soviétique, le Kampuchéa, la Corée du Nord… sans oublier les innombrables « améliorations modestes », telles que les interventions de la Fed, la guerre contre la pauvreté, les politiques commerciales, les programmes DEI, et bien d’autres.
Combien d’entre elles ont été un succès ?
Aucune.
Mais peut-être que cette fois-ci…
2 commentaires
Il est établi, historiquement, que l’homme a fait plus mal que le capitalisme : c’est le communisme. Mais cela ne signifie nullement que le capitalisme est capable de maîtriser ses incohérences. La situation sociale depuis plus de 10 ans aux USA le démontre. Les situations économiques et sociales les plus équilibrées s’aperçoivent dans des pays comme les Pays Bas, le Danemark, les Pays Scandinaves, la Suisse, notamment… Des pays dans lesquels le capitalisme a su se maîtriser par le socialisme. Mais apparemment ce n’est pas donné à toutes les sociétés de parvenir à ce relatif équilibre entre la richesse et la pauvreté.
L’intérêt du capitalisme pour les pauvres serait la baisse des prix des denrées de base, or depuis les années 30 et les politiques keynésiennes de « débasement » monétaire, le patrimoine des plus pauvres se volatilise : en effet , les dépôts bancaires constituent la majeure partie de leur patrimoine, contre l’immobilier pour les moyens et la bourse pour les riches . Vu que l’inflation et les taux réels négatifs ont servi de carburant à la hausse des actions, les intérêts des pauvres sont opposés à ceux des riches. Ce n’est pas la capitalisme qui est nuisible pour les pauvres mais la corruption monétaire de l’abandon de l’étalon or.