Les marchés explosent, l’or flambe, la Fed perd le contrôle et les investisseurs n’y voient que du feu.
« Une bulle est difficile à identifier avant qu’elle n’éclate. En revanche, un comportement typique d’une bulle est, lui, plus facile à repérer.
Parmi les exemples actuels, nous pouvons citer ces petites entreprises qui entrent en Bourse avant de s’effondrer, ou ces sociétés ordinaires qui se transforment en pseudo ‘crypto-trésoreries’ en émettant des actions et des obligations pour acheter des cryptomonnaies.
Même logique pour les montages financiers circulaires destinés à masquer l’absence de revenus réels : Nvidia investit dans OpenAI, OpenAI achète de la puissance de calcul chez Oracle, Oracle achète des puces à Nvidia. »
– Le Wall Street Journal
Un « comportement typique d’une bulle » ?
L’un de mes amis, constructeur à Washington, est spécialisé dans les maisons haut de gamme. « Je n’ai jamais rien vu de tel, m’a-t-il confié. Il y a tellement d’argent à Washington. Nous travaillons sur quinze projets différents, tous spectaculaires. »
L’argent afflue de toutes parts. Tout grimpe. Même l’or. CNBC rapporte :
« L’or pourrait atteindre 10 000 dollars d’ici la fin de la décennie, selon Ed Yardeni. »
Ce serait une autre façon d’atteindre notre objectif de ratio Dow/or à 5 pour 1. Si l’or monte à 10 000 dollars et que le Dow Jones atteint 50 000 points, nous obtiendrions effectivement le ratio attendu.
Mais la nouvelle la plus inquiétante au sujet de cette bulle, c’est que tout le monde est dans le coup. Lors d’une conférence sur l’investissement la semaine dernière à Las Vegas, un participant a raconté :
« Tous les intervenants étaient optimistes. Tous. D’habitude, il y a toujours quelques pessimistes. Mais cette fois, même eux disaient avoir ‘vu la lumière’. Ils expliquaient que l’intelligence artificielle avait tout changé. Oui, bien sûr, il y a des risques, admettaient-ils, mais l’IA va tous nous rendre riches. »
Cela rappelle étrangement le délire des années 1999, à l’époque de la bulle Internet. Internet devait alors créer un monde entièrement nouveau. Et nous, investisseurs, pouvions faire fortune en achetant Global Crossing ou Webvan.
Après tout, pour la première fois dans l’histoire, toutes les connaissances humaines étaient à portée de main.
Hélas, même avec une encyclopédie numérique complète, nous n’avons pas pu empêcher le NASDAQ de s’effondrer, passant de plus de 5 000 points en mars 2000 à 1 100 points en octobre 2002.
Le problème, quand on a toutes les connaissances du monde à portée de main, c’est que l’on passe beaucoup de temps à tenter de distinguer ce qui est vraiment utile de ce qui ne l’est pas – sans parler des fake news.
Mais ce problème, paraît-il, est désormais résolu. Nous allons pouvoir profiter de la vraie sagesse, tandis que l’IA passera au crible l’expérience humaine pour nous.
Nous ne savons peut-être pas ce que nous ignorons, ni ce que nous voulons savoir, ni même ce qui nous serait utile… mais l’IA, elle, le saura !
De meilleurs vins à des prix plus bas, des toits qui ne fuient jamais, des chaussettes que l’on ne perd plus… L’IA trouvera la solution.
Et pourquoi pas des emballages en plastique qu’on peut ouvrir à mains nues ? Des restaurants qui devinent la musique que vous voulez entendre ? Ou encore des films avec vos stars préférées aujourd’hui disparues –Vivien Leigh et Clark Gable – dans la suite tant attendue d’Autant en emporte le vent ?
Laissons l’IA passer nos examens à notre place, remplir nos formulaires de recensement, payer nos amendes pour excès de vitesse et apprendre à notre barista préféré comment échapper à un contrôle d’immigration.
Oh, quel monde merveilleux que celui de l’IA ! Mais attendez… Les voleurs du Louvre auraient-ils bénéficié de l’aide de Grok 3 ?
Et qu’est-ce que c’est que ça ? L’inflation continue d’augmenter. The Wall Street Journal rapporte :
« L’inflation augmente, mais moins que prévu, pour atteindre 3 %. »
Voyons… 3 %, c’est tout de même bien plus que 2 %, l’objectif de la Fed. C’est 50 % de plus, même. A ce rythme, les prix grimperont de plus d’un tiers d’ici 2035. Mais après tout, cet objectif de 2 % n’a jamais été qu’une chimère.
La Fed l’a fixé en 2012, prétendant qu’une inflation modérée faciliterait le commerce, stimulerait l’emploi, aiderait à « sortir de la dette par la croissance », ferait grimper les prix des actifs (comme l’immobilier) et donnerait aux ménages le sentiment d’être plus riches, les incitant ainsi à dépenser davantage.
C’est là encore un « comportement typique d’une bulle ». Les gens ne sont ni toujours bons ni toujours mauvais – mais ils sont toujours influençables. Et depuis au moins trois décennies, l’influence dominante leur répète qu’ils peuvent obtenir les biens d’autrui sans jamais les payer.
Peut-être que l’IA saura résoudre ce problème également ?

2 commentaires
La leçon du GPS, la perte de sens de l’orientation, moyen dans notre Occident, donc retour à la carte, d’abord. Donc pas de leçon à recevoir de l’IA, sachons bon sens gardé. absent dans notre Occident. On peut légitimement s’inquiéter de la relation entre « l’homme et les robots ».
L’IA ce sont des algorithmes qui vont faire des calculs à partir d’immenses bases de données et de liens de probabilités; cela existe depuis plus de 20 ans sous le nom de « big data » qui ‘était pas vendeur d’où la nouvelle appellation.
De plus on met l’affichage « IA » sur tout algorithme alors qu’en fait il s’agit d’algorithmes parfaitement déterministes qui n’ont besoin que de peu de données et pas de relations probabilistiques. Par ex. pas besoin d’IA pour la comptabilité ou la gestion d’entrepôts; cela existe depuis longtemps.
Le danger que fait peser l’IA c’est avant tout de croire qu’elle est infaillible et qu’on peut s’y fier aveuglément. par ex elle peut être très utile dans le diagnostique médical mais à condition qu’elle présente plusieurs solutions avec leur probabilité et que le médecin fasse des examens complémentaires sur cette base et décide lui-même