Des millions de personnes l’ont fait. Et cela pourrait être une manière puissante de reprendre en main sa vie, ses envies et ses choix.
Avez-vous déjà pris le temps de réfléchir à ce que vous aimeriez vraiment accomplir avant de tirer votre révérence ?
Dans le film The Bucket List (2007), Jack Nicholson et Morgan Freeman incarnent deux hommes que tout oppose, sauf une chose : ils sont en phase terminale. Condamnés à quelques mois de vie, ils décident de partir ensemble accomplir une liste de choses à faire avant de « casser leur pipe ». A la sauce hollywoodienne, cela signifie piloter des voitures de course, sauter en parachute, escalader les pyramides ou traverser la Grande Muraille de Chine à moto.
Mais certains de leurs souhaits sont plus personnels : raviver un mariage devenu fébrile, renouer avec une fille perdue de vue…
Le film n’a pas été un grand succès, malgré son duo d’acteurs prestigieux. Mais il a marqué les esprits. Depuis, les listes de choses à faire avant de mourir – les « bucket lists » – ont envahi les livres, les magazines et les sites web.
Le Smithsonian Magazine a proposé « 28 lieux à voir avant de mourir ». John Izzo a écrit Les Cinq Secrets à découvrir avant de mourir. D’autres ont compilé les 1 000 mets à goûter, chansons à écouter ou oeuvres d’art à contempler avant de quitter ce monde.
(Avouons-le : c’est un peu oppressant.)
Des millions de personnes ont partagé leurs propres listes sur des plateformes comme 43things.com (aujourd’hui disparue). Certains y ont inscrit des rêves extravagants, comme marcher sur les ailes d’un avion, courir avec les taureaux à Pampelune, visiter l’île de Pâques ou traverser la Russie en Transsibérien. D’autres préfèrent les plaisirs simples : planter un potager, courir un marathon, observer une aurore boréale, écrire ses mémoires, faire un don anonyme ou monter dans une montgolfière.
Et puis il y a les plus fantasques : chercher des extraterrestres, chanter Yellow Submarine sous hélium, ou rejoindre le 300 club (sauna à 200°C, suivi d’une course à nu par -100°C – oui, ça existe vraiment).
Mais au fond, à quoi bon faire une liste ?
Eh bien, elle vous pousse à vivre selon vos propres désirs, pas ceux des autres. Pas ceux de vos parents, de votre patron, de vos enfants ou de votre conjoint. Une bucket list, c’est un acte de réappropriation de sa vie.
Voici ce que j’ai retenu sur la manière de bien gérer sa liste de choses à faire avant de mourir…
- Choisissez des objectifs réalistes et atteignables.
- Ecrivez votre liste. Relisez-la. Mettez-la à jour.
- Ne laissez pas ces projets flotter dans un « un jour peut-être ».
- Rayez chaque élément accompli avec fierté.
- Et recommencez, aussi souvent que nécessaire.
Certains penseront peut-être qu’une telle liste est un luxe ou une lubie. Après tout, la vie est déjà pleine : les rendez-vous s’enchaînent, les responsabilités s’accumulent, les horaires débordent. Qui a vraiment le temps de suivre un cours de cuisine, de pêcher le marlin bleu ou de plonger sur une barrière de corail ?
Et pourtant, c’est précisément ce genre de personnes qui tireraient le plus de bénéfices de cette démarche.
Sommes-nous vraiment trop occupés ou trop englués dans la culpabilité pour vivre notre vie comme nous l’entendons ? Allons-nous continuer à croire – ou à espérer – que nous ferons un jour ce que nous voulons profondément faire, « quand ce sera le bon moment » ?
Comme l’a écrit Ralph Waldo Emerson : « Nous nous préparons toujours à vivre, mais nous ne vivons jamais. »
Oui, nous avons tous des engagements. Mais la vie ne peut pas – ne doit pas – se résumer à cocher des cases, satisfaire les attentes de ses parents, de son patron, de son conjoint ou de ses enfants. Elle ne consiste pas seulement à atteindre ses objectifs professionnels, rembourser son prêt immobilier, faire les trajets scolaires ou épargner pour les coups durs.
Pour beaucoup, il existe un vrai décalage entre la façon dont ils occupent leurs journées et ce qui leur semble vraiment important.
Si vous avez un compagnon de route ou un ami qui partage vos rêves, tant mieux. Mais parfois, suivre son propre chemin exige du courage, car les autres ont souvent des projets pour vous. Ils veulent que vous viviez leur vie, leur rêve, leur version de l’épanouissement.
Le mythologue Joseph Campbell appelait cela une morale d’esclave, un chemin de lente érosion du corps et de l’esprit. Il écrivait : « Nous devons être prêts à abandonner la vie que nous avons planifiée, afin de pouvoir vivre celle qui nous attend. »
Une bucket list vous force à regarder en face une vérité que beaucoup préfèrent éviter : notre temps ici est compté.
Elle vous pousse à nommer les choses qui comptent vraiment pour vous. Elle vous encourage à faire des choix, à vous organiser, à rêver activement. Et, plus que tout, elle vous motive à agir.
Brian Tracy, consultant en management, l’exprime ainsi : « Lorsque vous avez des objectifs et des idéaux clairs et passionnants, vous vous sentez mieux dans votre peau et dans votre monde. Vous devenez plus positif, plus optimiste. Vous êtes plus joyeux et enthousiaste. Vous vous levez chaque matin avec une motivation intérieure, parce que chaque pas vous rapproche de ce qui compte vraiment pour vous. »
Car au fond, ce n’est pas la vitesse à laquelle vous avancez qui compte, mais la direction que vous prenez. Une vie pleine de sens ne se mesure pas à son efficacité ou à sa productivité. Elle se mesure à ce que vous faites… et à la raison pour laquelle vous le faites.
Certaines personnes n’osent pas expérimenter, sortir des sentiers battus ou repenser leur quotidien. Mais en évitant le risque, elles prennent un risque encore plus grand : celui de ne pas vivre du tout.
Allez poser la question dans une maison de retraite, et vous entendrez souvent la même chose : les regrets les plus profonds ne concernent pas ce qu’on a fait, ni même les erreurs commises – mais bien ce qu’on n’a pas fait. Les rêves laissés de côté. Les occasions qu’on n’a pas saisies. Les risques qu’on n’a jamais osé prendre.
Alors, oui, une bucket list peut sembler légère, voire frivole. Mais est-ce vraiment une mauvaise idée de noter, noir sur blanc, ce que vous aimeriez faire avant de quitter ce corps, ce monde, cette vie ?
Nous prenons tant de libertés pour acquises. Mais celle de vivre sans regrets ne dépend que de vous.
5 commentaires
J ai fait le necessaire aupres de mon notaire QUI REGLERA MA SUCESSION, d autant plus que j ai fait une donation partielle a mon fils pour qu il n y ai pas d impairs sur le sujet et j ai aussi trois petites filles belles intelligentes et travailleuses comme leur grand mere. Je n ai pas peur de la mort car une nuit j ai ete ejectee de mon corps de chair et suis arrive dans la cinquieme dimension où j ai rencontre ma mere decedee depuis tres longtemps et elle m a dit « repart d où tu viens , ce n est pas ton heure » et je me suis retrouvee dans mon corps de chair. je n ai pas peur de la mort et je crois a la reincarnation.
Pour ma part, j’ai choisi de faire don de mon corps à la science en parfait accord avec mon épouse. Cette disposition a la vertu de dégager nos deux enfants du souci financier dont les « vautours »attendent les retombées mais surtout le premier but est de faire évoluer la recherche médicale. Ainsi aurons nous le sentiment de servir à quelque action utile sans nourrir la « faune » locale.
Bonjour,
Belle chronique de Alexander Green !
Merci de ce rappel judicieux et inspirant ! Installer l’idée de la mort au cœur de notre vie permet de revenir à l’essentiel – et d’établir de nouveaux critères de choix et de comportements . La culture judéo-chrétienne est très ambiguë au sujet de la mort – et le matérialisme contemporain en a fait un sujet tabou : nous préférons nous penser immortels . La Bucket list est un rappel sain et joyeux que nous disposons d’un temps limité , qu’il nous appartient de vivre le plus en accord possible avec notre nature profonde. Encore faut-il prendre déjà le temps d’aller à sa rencontre , là où elle attend patiemment d’être reconnue.
À nouveau un grand merci pour cette chronique salutaire .
J’ai une pile considérable de livres à lire, je lis avec gourmandise. Tout en faisant du sur place, je voyage, je me nourris spirituellement, j’apprends… La mort ne m’effraie pas, c’est un passage, comme la naissance. Merci pour ce bel article.