Nos politiciens français sont empêtrés dans une espèce de concours à qui contestera le mieux les vertus du capitalisme et du libéralisme. En bons énarques, certains d’entre eux pérorent même sur la nécessiter de « refonder le capitalisme » mondial – rien que ça.
Cet état d’esprit a de tristes répercussions – non seulement sur la crédibilité de la France à l’international, mais avant tout sur nos entreprises.
Les ménages ne sont pas épargnés par l’illibéralisme de notre classe politique, comme nous allons le voir aujourd’hui… ou plutôt le revoir, puisque les gouvernements ont beau se succéder, le constat reste le même, voire s’aggrave (je renvoie le lecteur à nos précédents constats, ici, ici et là).
Attachez vos ceintures pour 50 nuances d’Etat-mamma, du berceau jusqu’au cercueil !
Oyez, oyez, bonnes gens, le ministère des Solidarités et de la Santé a des choses cruciales à vous dire !
L’infantilisation de la population par l’Etat commence avec de petites choses qui peuvent à première vue passer pour des détails. Ainsi, le ministère des Affaires sociales et de la Santé – que dis-je ? – le ministère des Solidarités et de la Santé a-t-il mené en début d’année passée la campagne de communication que voici…
… et le lien proposé dans ce tweet de vous renvoyer vers la façon républicaine de se laver les mains dans la France macronienne.
S’il fallait une énième preuve que le gouvernement préfère vous prendre pour des crétins et/ou pour des individus irresponsables, la voilà.
Peut-être avez-vous envie de me rétorquer que cette propagande est là pour atteindre de louables objectifs de gestion de la santé publique. Certes, et la santé publique n’est pas chose à prendre à la légère. Je concède par ailleurs volontiers que l’Etat a un rôle à jouer en la matière, par exemple pour s’assurer que sa population soit vaccinée.
Cependant, pensez-vous que ceux de vos collègues de travail que vous voyez sortir des toilettes sans se laver les mains seront touchés par ce type de procédé ?
Pour ma part, ce genre de campagne de communication me donne plutôt l’impression que les autorités publiques préfèrent se dédouaner de leurs responsabilités en payant des fonctionnaires pour dessiner des affiches avec l’argent des contribuables, plutôt que d’utiliser nos impôts pour s’assurer que les toilettes publiques ne soient pas des repoussoirs…
Bref, comme le dit Daniel Tourre :
Campagne de communication infantilisantes : même Bercy s’y met…
Chose curieuse, ce genre de campagne n’est pas l’apanage du ministère de la Santé… Celui de l’Economie et des Finances est également touché. Fin août, Bercy nous a ainsi offert (enfin, avec notre argent) une campagne de communication axée sur l’inscription dans les clubs de sport.
Outre le fait que ce sujet n’a rien à voir avec les prérogatives de son ministère, notez que Bruno Le Maire s’est dit que pour atteindre sa cible, rien ne valait un dessin animé. Comme je doute que beaucoup de jeunes gens soient abonnés au fil twitter @Economie_Gouv, je conclus que cet éminent énarque prend ses administrés pour des imbéciles.
Nous reviendrons dans un prochain temps sur ce point central mais nous avons bien là une manifestation du « symptôme du futile avant l’essentiel », grande obsession des gouvernements qui ont renoncé à assurer leurs missions régaliennes pour se concentrer sur l’accessoire.
J’imagine en tout cas que cette dernière campagne a fait au moins un heureux en la personne de Benoît Hamon (que nous saluons pendant sa retraite), lequel avait pour ambition lors de la dernière campagne présidentielle de « fabriquer un citoyen sportif » sur la période 2017-2022.
L’Etat, votre sexe et votre sexualité
Les femmes sont évidemment les plus concernées par ce genre de démarches ministérielles puisque comme vous le savez, la République macronienne nous a gratifié d’un secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, à la tête duquel se trouve Marlène Schiappa.
Au mois de mai 2018, l’auteur de Lettres à mon utérus a ainsi fait la déclaration suivante :
« En France, beaucoup de femmes ne connaissent pas le fonctionnement de leur propre corps ! Nous voulons remédier à cela. »
Une fois encore, loin de moi l’idée de minimiser le problème mais, alors que la France compte encore quelques médecins qui ne sont pas encore allés se réfugier à l’étranger, ainsi que nombre de zones où l’on peut accéder à internet avec un débit correct, est-ce le rôle de l’Etat de pallier ce genre de lacunes ?
De là à penser que l’Etat s’occupera un jour de notre sexualité, il n’y a qu’un pas, que les Jeunes socialistes ont franchi dès 2016.
Comme l’expliquait alors Daniel Tourre dans une vidéo aussi pédagogique qu’amusante, l’Etat a donc vocation à s’introduire dans votre chambre à coucher – en tout cas selon les apparatchiks socialistes de demain.
Le but poursuivi ? Dans une perspective socialiste, on peut imaginer qu’il s’agisse là de s’assurer que chacun a bien une sexualité « républicaine », « égalitaire » et pourquoi pas « solidaire », afin d’assurer une parfaite « justice sociale », pour reprendre les mots du porte-parole du Collectif Antigone.
Ca aurait pu être pire
Terminons sur une note positive. Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais nous avons échappé de justesse à une loi sur la santé mentale pour nous protéger de l’addiction aux réseaux sociaux.
En effet, s’il n’avait pas quitté le secrétariat d’Etat chargé du Numérique au mois de mars pour briguer la mairie de Paris, Mounir « bouton poussoir » Mahjoubi aurait sans doute donné le meilleur de lui-même pour nous écarter de notre chemin ce danger aussi colossal qu’imminent.
Voici en effet ce qu’il déclarait au micro de RTL le 10 septembre 2018 :
« Les designers de ces expériences font tout pour créer des dépendances, des envies du retour, des envies de rester plus longtemps. […] On a lancé des états généraux sur les nouvelles régulations numériques pendant l’été au mois de juillet, et il y a un des thèmes qui est celui de la dépendance aux écrans. […] Moi ce que je souhaite c’est […] que chacun puisse décider dans sa famille comment il va faire, et s’il y a besoin, pourquoi pas une loi. »
Mais c’est vrai ça, une loi, pourquoi pas ? Une loi pour que l’Etat puisse contrôler ce que chacun lit ou visionne, une nouvelle loi infantilisante en attendant les prochaines, pour mieux nous contraindre à nous aider nous-même ?
Et puis pourquoi diable changer d’approche, lorsque l’on a à disposition deux outils qui ont tellement fait leurs preuves sur le plan de la restriction des libertés individuelles et de l’infantilisation de la population ?
Assez de propositions liberticides pour aujourd’hui.
Samedi prochain, nous verrons cependant que l’Etat s’intéresse de très près à votre vie de famille…