Nous allons de déception en déception, ces derniers jours – et il faut bien avouer que la blockchain, les licornes et autres Softbank n’améliorent pas la situation…
Nous nous sommes arrêté hier en nous demandant si la blockchain avait été – ou non – une révolution. Notre fils Henry apporte quelques éléments de réponse :
« […] Les ‘contrats intelligents’ [basés sur la technologie blockchain] qui étaient censés remplacer les programmes informatiques et fournir un nouveau moyen de [protéger l’intégrité des systèmes d’information] n’ont pas franchement porté leurs fruits. En dépit de projets ambitieux et de dizaines de millions de dollars consacrés à diverses applications de la blockchain, le seul domaine où elle fonctionnait était celui dans lequel elle avait commencé.
La technologie blockchain ne sert encore qu’à une seule chose pour l’instant, suivre les transactions en cryptomonnaies. Toutes les autres applications semblent avoir été plus ou moins abandonnées, y compris les initiatives prises par Facebook sur le projet ‘Libra’. La blockchain peut faire certaines choses, mais sa portée est plus limitée que beaucoup le pensaient. »
Une déception de plus, en d’autres termes.
Puis sont arrivées les « licornes » – des entreprises offrant des manières inédites d’utiliser les nouvelles technologies. Même si leurs business models n’avaient pas encore fait leurs preuves, les enchères ont monté jusqu’au milliard de dollars ou plus.
Leurs dirigeants pensaient que pour arriver au succès, il ne fallait pas se concentrer sur la profitabilité (il n’y en avait guère, en l’occurrence), mais sur ce qu’ils appelaient le « blitzscaling » – consistant à dépenser le plus d’argent possible le plus rapidement possible, de manière à dominer un nouveau secteur de manière si complète que cela repousserait ou handicaperait les futurs concurrents.
Un peu comme inonder d’engrais les racines d’un arbre afin qu’il grandisse rapidement et fasse de l’ombre à ses rivaux.
Casino financier
L’un des leaders de la tendance « licornes » était le conglomérat japonais Softbank. Il avait repéré que l’industrie financière était devenue un casino. Il suffisait de faire le bon pari pour devenir riche, comme les premiers investisseurs dans Apple, Amazon ou Google.
Cette idée, si on peut appeler ça comme ça, a poussé Softbank à faire de gros paris… en grand nombre. Le conglomérat a investi dans Alibaba (le géant du e-commerce chinois), dans la société de robotique Boston Dynamics et de nombreuses autres futures stars.
Des « génies », déclara la presse financière, pariant sur d’autres « génies » – comme le fondateur de WeWork, Adam Neumann.
Le problème, comme nous l’avons vu dans ces colonnes, était que nombre de ces entreprises ne pouvaient pas, en réalité, se développer comme le prévoyait Softbank. Souvent – comme la start-up de bureaux partagés WeWork –, ce n’était que des entreprises à l’ancienne qui faisaient semblant d’avoir de nouvelles technologies « disruptives ».
Soudain, l’an dernier, la vérité a commencé à apparaître au sujet de WeWork. Softbank aurait accepté de payer à M. Neumann jusqu’à 1,7 Md$ pour qu’il s’en aille.
Une grosse déception de plus. A présent, les investisseurs se mettent à s’interroger sur l’ensemble du secteur des technos… et sur les génies qui le nourrissent. Henry Bonner à nouveau :
« La valeur brute de l’ensemble des positions de Softbank se situe aux alentours des 260 Mds$. La valeur de marché de Softbank elle-même n’est que de 98 Mds$, cependant. Le groupe a une dette de l’ordre de 50 Mds$.
Le marché réduit donc la valeur de ses actifs de près de 100 Mds$ parce qu’il a une mauvaise opinion de la gestion de Softbank. »
Une entreprise qui échoue à faire des profits détruit de la richesse, elle n’en crée pas. Aujourd’hui, 45% des entreprises cotées sur le Nasdaq – comprenant certains des plus grands noms du secteur technologique – enregistrent des pertes, non des profits.
La richesse qu’elles détruisent est réelle. C’est la richesse des actionnaires et de l’économie elle-même.