La seule « régulation » qui fonctionne est celle de l’échec. La réglementation, au contraire, propage les risques systémiques, même pour les cryptomonnaies…
Ce matin, mon humeur s’est assombrie après avoir lu ceci sur Reuters :
« Les régulateurs savent que les cryptomonnaies et la blockchain pourraient rapporter gros mais [ils] surveillent de très près les répercussions catastrophiques dans le cas où une bonne gouvernance, la stabilité et le contrôle ne sont pas préservés. »
« Si la carotte de l’auto-régulation s’avère insuffisante, les régulateurs n’hésiteront pas à utiliser le bâton. »
Ce sont là les mots de l’avocat David Futter. Moi, je dis que nous devrions renvoyer les régulateurs dans leurs cordes, à coups de carottes et bâtons.
Ce qu’avance Futter est stupide, même si les régulateurs enfermés dans leur monde interventionniste le croient.
L’auto-régulation fonctionne par l’échec, tout comme la destruction créatrice. C’est l’échec lui-même qui est la bonne gouvernance.
Tout le problème de l’auto-régulation est qu’elle empêche que l’échec soit catastrophique parce qu’il reste isolé. Lorsque les régulateurs s’en mêlent, un problème devient systémique parce que la régulation touche tout le système. Lorsque Lehman Brothers a fait faillite, cela a déclenché une crise financière mondiale. Lorsque la plate-forme d’échange japonaise de cryptomonnaies Mt. Gox a fait faillite, des gens se sont fait arnaquer.
La bonne nouvelle c’est que la technologie semble être le seul secteur avec une croissance assez rapide pour garder un temps d’avance sur les régulateurs.
Hier soir, au motel de Mount Gambier en Australie, notre serveur discutait à voix basse avec le barman à propos du bitcoin. Juste avant la Crise de 1929, un célèbre investisseur avait liquidé toutes ses actions parce que son cireur de chaussures lui avait donné un tuyau sur un placement boursier. Sommes-nous en train d’atteindre le même point de saturation ?
Lorsque de grandes entreprises respectées entrent dans la danse, plusieurs écueils des cryptos peuvent être traités.
Le CME Group vient d’introduire des contrats à terme en bitcoin. CME Group dirige le Chicago Mercantile Exchange, la bourse mondiale des matières premières. Comme les trades les concernant se font essentiellement au travers de produits dérivés, ils sont aussi devenus une domiciliation pour les autres dérivés au niveau mondial, créant ainsi la plus grande bourse de produits dérivés au monde.
Savoir exactement pourquoi les gens ont besoin de futures en bitcoin reste un mystère. Pourquoi ne pas tout simplement acheter des bitcoins ? Un bitcoin n’a pas besoin d’entrepôt comme le blé ou le cuivre, un dérivé ne présente donc aucun avantage. Je crains qu’une fois encore, le monde financier n’essaie de prendre le train en marche et qu’il ne finisse par le conduire. De nos jours, les contrats à terme sur l’or surpassent largement les lingots disponibles. Mais c’est une autre histoire.
La deuxième plus grande banque de Corée du Sud a annoncé qu’elle lançait un portefeuille sécurisé en bitcoins pour ses clients. Le lancement est prévu pour le milieu de l’année prochaine. Il est peu probable qu’ils arrivent à trouver un compromis entre le bitcoin et le droit bancaire traditionnel. Mais d’autres suivront.
La raison donnée à cette innovation est révélatrice : on a connu trop de controverses, de vols et de fraudes dans le monde du bitcoin ; les gens font plus confiance à leur banque. Les banques pourraient donc bien devenir les nouveaux hubs du bitcoin. Sauf que je ne fais pas confiance aux banques…
La lecture d’un article du Telegraph sur les derniers chiffres de la criminalité liée au bitcoin n’a pas amélioré mon humeur :
« On dénombre 8 652 cas de ‘détournement’ [bitcoin] par des 18-24 ans entre janvier et septembre de cette année ; une hausse de 75% comparé à l’année précédente et deux fois plus qu’il y a quatre ans, selon les chiffres du Cifas, le service de prévention de la fraude. »
Scandaleux ! Il faut faire quelque chose. Rendre les cryptomonnaies illégales est la première étape indispensable…
Sauf que cet article, dans lequel j’ai introduit par malice [bitcoin], parle en fait de comptes bancaires ordinaires, pas de bitcoin ni de toute autre cryptomonnaie. On désigne par « mules » ceux qui permettent aux criminels d’utiliser leur compte bancaire pour dissimuler des transactions illégales. Leur nombre est en forte augmentation.
Ce n’est donc pas seulement le cash qui concurrence le bitcoin dans le monde des transactions louches. Les comptes bancaires aussi.
Dans un effort pour interdire ces « évasions », je pense que nous devrions interdire les comptes bancaires.
Il est vain de faire une différence entre les cryptomonnaies, le cash et les comptes bancaires. Si vous voulez en bannir un, il faut les interdire tous.
[NDLR : Malgré toutes les mauvaises nouvelles pour les cryptomonnaies, la technologie qui les sous-tend est sur le point de révolutionner l’économie. Le marché boursier pourrait bien s’avérer être le meilleur moyen de tirer profit du boom de la blockchain. Vous trouverez ici quels titres pourraient rivaliser avec les plus-values du bitcoin.]