La finance est à la fois régie par des lois immuables et par des mythes. L’usage consacre une monnaie fiduciaire comme le dollar en vertu d’un mythe partagé.
Nous sommes au Nicaragua, pour un mariage familial. Les préparatifs battent leur plein : une trentaine d’ouvriers s’affairent dans le jardin et le chalet des invités. Bang, blam, vrrrrrrrron… boum, boum, boum. De l’aube au crépuscule, ils travaillent.
Voici la maison d’hôtes :
Le Nicaragua est un excellent endroit pour passer des vacances. Mais nous sommes au travail…
Parallèlement, une émission de télé-réalité brésilienne qui suit un groupe de surfeuses de par le monde a planté ses caméras sur la plage, devant nous. L’équipe — tout comme nous — contemple les jeunes femmes en bikini s’ébattant dans les embruns.
Que disions-nous ? Ah oui… nous sommes au travail…
Nous parlons de booms et de krachs.
Argent factice, richesse factice
Un boom construit sur l’argent factice crée de la richesse factice. La richesse réelle exige du temps, des sacrifices, du travail, de l’épargne et de la persévérance. On ne peut pas la simuler… on ne peut pas simplement imprimer de « l’argent » et faire semblant d’être riche.
Les derniers chiffres nous disent pourtant que les Américains sont plus riches que jamais : les ménages US cumulent 97 000 Mds$ de richesse, en hausse par rapport à 18 000 Mds$ en 1987. Quelle sorte de richesse est-ce, nous demandons-nous ? Réelle ou factice ? Présente aujourd’hui, disparue demain ?
L’univers physique suit peut-être les lois de la physique… qui peuvent être découvertes et appliquées en utilisant simplement la logique. Au cours des ans, nous en apprenons plus sur la manière dont il fonctionne, et nous pouvons en faire plus avec lui.
Mais l’univers humain est plus subtil, cyclique et bien plus fuyant… construit sur une charpente tordue… et appliquant des lois morales et des mythes qui ne peuvent être entièrement compris par l’esprit rationnel. Une génération apprend ; la suivante oublie.
Des gens entrent au monastère pour tenter de comprendre. Ils font voeu de silence et passent des années — comme Leonard Cohen — à essayer de découvrir comment tout fonctionne. Quand ils reviennent, ils prononcent des adages énigmatiques : « un oiseau mouillé ne vole jamais la nuit ».
« Quoi ? » répondez-vous. « Qu’est-ce que ça signifie ? »
« Je ne sais pas… ça me dépasse ».
Le bitcoin : poisson ou volaille ?
Le monde financier se situe quelque part entre les deux. Il repose en partie sur des lois dures comme le granit et une réalité en acier… et en partie sur des formules magiques, de la prestidigitation et de la simulation. Notre travail, à La Chronique, est d’essayer de faire le tri.
Ces dernières semaines, nous avons observé le bitcoin. A quel genre d’animal avons-nous affaire ? Poisson ou volaille ? Nous n’en savons rien. Il prétend être une monnaie. Mais comme nous l’a appris notre matheux de fils hier, ce n’est qu’après coup qu’on reconnaît une véritable monnaie. Une monnaie n’est pas une question de déclaration ou d’intention — elle est un fait. Si les gens utilisent des coquillages en guise d’argent… alors les coquillages sont de l’argent. En revanche, si un gouvernement affirme que du papier est de l’argent, eh bien… peut-être que c’en est… ou peut-être pas.
[NDLR : Les cryptomonnaies seront-elles consacrées par l’usage ? Personne ne le sait encore. Mais sans avoir besoin d’être devin, vous pouvez d’ores et déjà investir très profitablement sur la technologie sous-jacente. Notre spécialiste vous explique ici comment.]
Qu’en est-il du dollar actuel, par exemple ? Il a fait grimper les prix des actions ces 37 dernières années. Les obligations ont grimpé aussi… durant la même période environ. Et l’économie s’est développée avec quelques rares interruptions seulement.
Pourtant, ce long boom a été construit sur ce que nous appelons de « l’argent factice ».
Les nouveaux lecteurs se demandent : « qu’est-ce qu’il y a de factice dans notre argent ? »
Le dollar actuel doit être tiré des profondeurs, comme un monstre marin… et étalé sur le pont pour que nous puissions le regarder sous tous les angles. Ensuite, nous pourrons voir ce qu’est vraiment cette nouvelle monnaie… avant qu’elle ne commence à empester.
2 commentaires
Le Bitcoin se voulait une monnaie au début. Cet avenir a été repris par d’autres crypto qui le font mieux comme le DASH, le Litecoin ou le Bitcoin Cash.
La destiné visée du Bitcoin est désormais plus d’être une sorte d’or numérique. Un moyen de stocker de la valeur, un compte épargne, une assurance vie… Forcément pour le moment c’est beaucoup trop volatile, mais c’est normal… Si ça arrive à atteindre la fonction souhaitée c’est pas $15.000 que vaudra un Bitcoin mais plusieurs millions de $.
yclick : sauf que ce qui fonde la valeur du bitcoin au départ, c’est justement son utilité en tant que moyen de transaction…donc il y a un problème