** "La récession se calme, mais n’est pas terminée : enquête". Selon nous, ce gros titre ne fait que prouver que Mark Twain devrait être cité plus souvent : "si vous ne lisez pas les journaux, vous n’êtes pas informé. Si vous les lisez, vous êtes mal informé".
– Le titre mentionné plus haut, qui sera sans aucun doute repris en choeur par tous ceux qui le lisent dans les prochaines 24 heures, résume une étude trimestrielle de la National Association for Business Economics.
– Sara Johnson, l’un des génies à l’origine du rapport, a dit à Reuters que le document "fournit de nouvelles informations prouvant que la récession américaine se calme"…
– "La demande industrielle baissait encore au deuxième trimestre 2009", continue Johnson, "mais l’ampleur du déclin s’est réduite de façon considérable depuis la fin 2008, pouvant laisser espérer une stabilisation au second semestre".
– Nous avons beaucoup parlé du "moins pire donc bon" dans ces chroniques — laissons ça de côté, et étudions plutôt ce qui motive cette "stabilisation".
– "Des quatre secteurs principaux, les services financiers ont montré une demande forte, avec un chiffre indiciel de +15. Les secteurs des transports, des services, de l’information et de la communication ont eu les chiffres les plus bas, à -90".
– Donc, après avoir vécu la plus grosse claque administrée au système depuis la Grande Dépression, les services financiers semblent avoir repris leur place aux commandes. Votre chroniqueur demeure un peu sceptique ici, car même si nous supposons que c’est le cas et que Goldman et autre JP Morgan montrent le chemin, est-ce vraiment une raison de se réjouir ? En d’autres termes, est-ce que ce qui est bon pour Goldman et Morgan est aussi bon pour l’économie ?
** Les annonces de résultats des deux derniers grands noms de Wall Street ont montré la semaine dernière qu’une énorme partie de leurs bénéfices du deuxième trimestre sont le résultat "du trading et d’investissements bancaires". Qui, en dehors de ces deux institutions, est gagnant quand leurs traders annoncent des bénéfices ?
– Comme l’expliquait notre chroniqueur Bill Bonner, "quiconque pense qu’il s’agit là de preuves d’une reprise économique devrait travailler pour le gouvernement. Seul un économiste gouvernemental ou un déficient mental (pardonnez-nous cette redondance) pourrait penser qu’une véritable prospérité peut être construite sur les bases de la spéculation de grandes institutions financières. On peut comprendre pourquoi en posant une question simple : contre qui tradent-ils ?"
– "La spéculation est un jeu qui tourne à vide", continue Bill. "Peu importe qui l’emporte, l’économie ne s’en trouve pas mieux ; elle n’a pas un centime de plus de ressources. Goldman et JP Morgan annoncent, à eux deux, des bénéfices de plus six milliards de dollars. Qui était de l’autre côté de ces transactions ?"
– Votre correspondant accueille avec joie la possibilité d’une reprise, autant que n’importe qui. Nous préférons la liberté, la prospérité et de la tarte aux pommes pour tous. Mais nous préférons le genre de reprise qui se base sur une formation de capital solide, une productivité robuste, une croissance du marché de l’emploi et une industrie en développement. En d’autres termes, l’augmentation des bénéfices pour une poignée de banques à haut risque dorlotées par le gouvernement n’est pas le genre de reprise qui inspire une grande confiance.
– Quand un charpentier romain avait terminé de la construction d’une maison, il devait se tenir dans l’embrasure de la porte pendant qu’on retirait les échafaudages. Si le toit lui tombait sur la tête, cela constituait sa punition pour avoir érigé une structure dangereuse. De cette façon, le propriétaire de la maison évitait toute blessure et le charpentier ne risquait pas de mettre un autre client en danger. Nous avons peut-être largement évolué depuis ces temps-là… mais quand le toit s’écroule sur l’économie, les seules personnes dans l’embrasure de la porte sont les pauvres idiots qui ont acheté l’endroit. Les PDG, les économistes et ceux qui bûchent sur les politiques à adopter — tous responsables du chaos actuel — sont déjà loin, occupés à construire un tout nouvel immeuble.