▪ Eh bien, quelle rentrée en fanfare…
Votre correspondante est passée des glaces du Groenland aux flammes des émeutes britanniques… du grondement des falaises de glace tombant dans les eaux des fjords au bruissement des rumeurs démontant les cours des institutions bancaires… et de la fonte de la banquise à la vaporisation des profits boursiers.
Comble de tout, il faisait plus moche à Paris qu’à Narsarsuaq !
J’avoue que la tentation a été assez forte de reprendre l’avion pour le Groenland séance tenante — avec le projet de me lancer dans l’élevage des rennes sur la toundra arctique. Que sont six mois par an de nuit perpétuelle et de températures polaires quand, vraisemblablement, une décennie de nuit financière et d’économie « au degré zéro » nous attend en Europe ?
▪ Afin de lutter contre ce « blues de la rentrée », j’ai donc décidé de consacrer cette chronique aux bonnes nouvelles. Ou plutôt à LA bonne nouvelle : l’or. Qui grimpe, grimpe et grimpe.
Les 1 800 $ ont été atteints cette semaine, et ce nouveau seuil semble tenir bon. En euro aussi, on a atteint une nouvelle centaine, à 1 303 euros et quelque l’once de métal jaune à l’heure où j’écris ces lignes.
Vous vous demandez sans doute, cher lecteur, s’il vaut la peine de vous positionner (ou de vous renforcer). A-t-on atteint un sommet ? Les profits sont-ils encore au rendez-vous ?
Eh bien, on ne peut juger de rien bien entendu. Mais je dirais que désormais, encore plus qu’un gisement de gains, l’or doit être considéré comme un refuge ; la dernière forteresse, immuable, durable, tangible, inimitable, qu’aucun gouvernement ne peut manipuler. Et à ce titre, il reste très intéressant… parce que tout le monde n’est pas encore convaincu de son importance.
Voyez ce qu’en disait Isabelle Mouilleseaux dans L’Investisseur Or & Matières jeudi :
« Les capitaux en mal de sérénité se réfugient dans la dette allemande, jugée sûre. Comble d’ironie, ils continuent de se réfugier aussi dans l’obligataire souverain US (le rendement du T-bond à 10 ans est passé sous les 2% !), malgré toutes les déconvenues américaines, l’énormité de la dette du pays et la dépréciation du dollar. Les reflexes pavloviens ont la vie dure »…
Mon avis est que tant que les investisseurs continuent de considérer des titres gouvernementaux — fussent-ils allemands ou américains (!) — comme des abris sûrs, l’or n’a pas terminé sa hausse.
Quand le métal jaune sera devenu à son tour « un réflexe pavlovien » au détriment de toutes les autres classes d’actifs… à ce moment-là seulement, nous serons entrés en phase de bulle, et il faudra songer à vendre.
Sera-t-on alors à 3 000 $… 5 000 $… ou plus ? Je ne sais pas — mais d’ici là, surtout, gardez vos positions, et renforcez-vous au moindre recul !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora