Les superlatifs font effectivement défaut pour caractériser le montant de la perte abyssale (4,9 milliards d’euros) subie par la Société Générale sur des opérations de marché qui ont mal tourné avec la récente chute des indices boursiers. Il s’agirait de la conséquence de prises de positions frauduleuses et dissimulées par un trader d’une trentaine d’années — du nom de Jérôme Kerviel — "agissant seul" mais ayant "une connaissance aussi intime que perverse des méthodes de contrôle", selon l’expression employée par le directeur général et numéro deux du groupe, Philippe Citerne
Philippe Béchade

Philippe Béchade
Rédacteur en chef de « La Chronique Agora » et de « La Lettre des Affranchis », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, Fake News, qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.
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Nous pensions avoir passé en revue ces dernières 48 heures un certain nombre de scénarios boursiers comme il n’en survient qu’une fois tous les 20 ans. Mais nous étions loin du compte, puisque la soirée de mercredi a été ponctuée par deux coups de théâtre absolument sensationnels — au sens étymologique comme au sens figuré — et nous vous gardons le plus croustillant pour la fin
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Epargne
Les investisseurs jonglent avec des flacons de nitroglycérine
par Philippe Béchade 23 janvier 2008S’agissant de la Fed, Ben Bernanke — tel le lieutenant-colonel Bill Kilgore à la tête de son escadron d’hélicoptères dans Apocalypse Now — a survolé Wall Street peu avant son ouverture pour y déverser symboliquement des dizaines de milliards de dollars de liquidités bon marché, les 145 milliards de dollars du "package Bush" ayant été immédiatement jugés inefficaces. Le plan de relance fiscal de la Maison-Blanche — qui s’apparente pourtant à un largage massif de chèques de 800 $ par contribuable (soit 1 600 $ pour un couple) — est, de l’avis général, voué à l’échec : il ne permettra de désendetter que très partiellement les ménages et ne leur procurera pas un cent supplémentaire pour consommer
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Les traders, les commentateurs, les épargnants contemplaient ce lundi soir, complètement hébétés, la plus violente débâcle boursière sans catalyseur géopolitique de type "putsch de Moscou" ou 11 septembre 2001 et ses tours du World Trade Center. Nous n’avions pas vu cela depuis octobre 1998 (panique LTCM) ou encore avec la divergence des politiques monétaires américaines et allemandes en octobre 1987
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Le terme le plus souvent employé trois mois auparavant — en pleine euphorie boursière — était Goldilocks (équilibre supposé des risques entre croissance et inflation). Le jeudi 17 janvier, l’expression la plus fréquente dans la bouche des opérateurs et des commentateurs était… capitulation
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Lorsque les cotations se faisaient à la criée dans la grande nef du Palais Brongniart, les travées et les box auraient rapidement bruissé de rumeurs de l’existence de gros ordres de vente à exécuter "sans forcer" à la reprise des cotations, puis "soignant" à la mi-journée et enfin "au marché" en fin de séance, assortis de "stops impératifs" (transformés en ordres à tout prix) en cas de rupture des 5 200 points ou des 5 170 points sur le CAC 40
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A chaque fois qu’un accès de déprime plombe les indices et provoque un mouvement de repli jugé excessif, l’espoir d’un rebond technique est systématiquement déçu. Les vendeurs restent à l’affût de la moindre opportunité — un sursaut de 1% suffit à leur bonheur ! — et la tendance baissière reprend quasi inexorablement le dessus depuis le 28 décembre dernier
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Les opérateurs, qui réduisaient progressivement leur exposition sur les actions depuis le 28 décembre 2007, semblaient n’attendre pour vendre à tout va que la confirmation d’un scénario de récession aux Etats-Unis (jugé probable à plus de 50% par Alan Greenspan). C’est chose faite avec le recul de 0,4% des ventes de détail aux Etats-Unis au mois de décembre, en plein rush de Noël
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Alors que les acheteurs tentent malgré tout de reprendre la main à Wall Street, il n’est pas étonnant que leur choix se porte en priorité sur des titres peu concernés par la crise du subprime. Ils ramassent plus volontiers les technologiques laminées fin 2007 par les opérations de window dressing ou les blue chips ayant pris un mauvais départ en 2008.
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Nous ne croyons pas que les gérants d’OPCVM ou les économistes — à l’image des autruches — sortent enfin la tête du sable pour découvrir, ô stupeur, qu’un terrifiant sortilège à provoqué à leur insu un brusque refroidissement climatique qui aurait transformé en quelques heures leur brûlante savane en banquise : ils ont probablement tenu les cours jusqu’au 21 décembre dernier pour sauver le bilan de l’année 2007.
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Nous l’espérions fortement depuis lundi, Ben Bernanke l’a fait ce jeudi vers 18h45. Il affirme que la politique monétaire américaine va être encore assouplie de manière très volontariste afin de contrer les risques de récession
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Il existe maintenant une autre source d’inquiétude, d’ordre géopolitique : les principaux médias US montent en épingle, sur injonction du Pentagone et de la Maison-Blanche, les "provocations" de vedettes rapides iraniennes dans le Golfe persique (certains communiqués officiels les qualifient même de harcèlement). Le petit jeu de la guerre des nerfs est pourtant une pratique courante dans cette zone depuis le début de des opérations militaires en Irak — et la disproportion des forces en présence rend presque comique la posture de victime de la marine américaine
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Beaucoup d’opérateurs s’étaient mis à croire à une reprise en main de Wall Street par les bulls après que les bears ont célébré joyeusement le nouvel an et continué de festoyer jusqu’à lundi soir, le Nasdaq Composite alignant une huitième séance de repli consécutif. Mais les velléités haussières des indices américains se sont évaporées après moins d’une heure de cotations
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Il nous est parfois difficile de dissimuler notre satisfaction de voir nos prévisions conjoncturelles et boursières — inflation, panne de croissance, crise du subprime, retournement du cycle immobilier, inversion du carry trade, flambée des matières premières — se vérifier de façon aussi exacte et systématique après que le rouleau compresseur médiatique et institutionnel américain a soutenu point par point des thèses opposées durant plus de neuf mois
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Il est peut-être encore un peu tôt pour enterrer les espoirs de voir le CAC 40 retracer les 6 000 points — et le Dow Jones les 14 000 points — mais l’année 2008 ne démarre pas sous les meilleurs auspices. Le CAC 40 (-3,2% en quatre séances) réalise sa plus mauvaise entame d’année boursière depuis 2001 — après les -7% de la première semaine de l’an 2000. Seuls cinq titres ont pu terminer en territoire positif et il s’agit de cinq valeurs défensives
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Puisque la période des vœux s’étend jusqu’à la véritable reprise de l’activité économique qui interviendra lundi prochain avec la fin des congés scolaires, nous profitons de cette occasion pour compléter la liste de nos espoirs et résolutions pour l’année 2008
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Ce 2 janvier fut donc plutôt morne et ennuyeux jusque vers 16h00 : c’est à ce moment précis que les indices boursiers ont basculé dans le rouge et que le moral des opérateurs s’est retrouvé du côté obscur de la Force
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Paris a bel et bien aligné une cinquième année de hausse consécutive d’affilée (une séquence positive d’une durée exceptionnellement longue) ; cependant, le principal indice français n’affiche qu’un gain de 1,3%, "à l’arrachée" qui plus est. Cela constitue une réelle contre-performance au regard des 6,8% de l’EuroStoxx 50 et surtout des 22% de la bourse de Francfort, qui clôture l’année 2007 à moins de 1% de son record historique absolu