La versatilité des marchés US n’a d’égale que la perte de repères — qui grandit jour après jour alors que s’accumulent les coups de théâtre. Celui d’hier pesait 200 milliards de dollars… mais cela n’a même pas suffi à entretenir la confiance de Wall Street, au lendemain d’un abaissement de 75 points du taux directeur — et qui en précède d’autres
Philippe Béchade

Philippe Béchade
Rédacteur en chef de « La Chronique Agora » et de « La Lettre des Affranchis », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, Fake News, qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.
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Si vous tentez d’expliquer à un analyste technique que tout ce que vous avez lu dans nos Chroniques concernant les difficultés des Etats-Unis est en dessous de la vérité, il aura beaucoup de mal à vous croire. Ses graphiques lui démontrent que rien de très fâcheux ne semble perturber Wall Street au sortir de l’hiver 2008 : le Dow Jones se retrouve très précisément au même niveau que le 19 mars 2007, à 12 230 points — et même un peu plus hier soir, à 12 280 points avant le communiqué de la Fed
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Epargne
Tigre de papier et bouclier en carton-pâte… contre crise en béton armé
par Philippe Béchade 18 mars 2008Notre autre étonnement majeur et récurrent depuis six mois provient de l’absence patente de coopération entre les deux principales banques centrales de la planète, la Fed et la BCE. Il y a deux mois, Christian Noyer et J.C. Trichet ont ainsi reconnu implicitement n’avoir pas prévenu Ben Bernanke des causes réelles du trou d’air des 21 au 23 janvier derniers. Ils ont donc laissé la Fed prendre seule l’initiative face à un accident technique — et non systémique — survenu sur le sol français
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Epargne
Tokyo vient de capituler, l’Asie craque, l’Europe à genoux
par Philippe Béchade 17 mars 2008Au lendemain de la faillite de Carlyle Capital Corp., l’avis de détresse de Bear Stearns — qui reconnaît que les conditions se sont fortement dégradées au cours des dernières 24 heures, en contradiction totale avec son communiqué officiel de mercredi dernier qui affirmait l’inverse — constitue l’incident de trop ; la chute de 45% du titre a plombé toutes les financières américaines
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Les statistiques sont une chose, les dommages collatéraux de la crise des subprime en sont une autre. Les investisseurs ont, en effet, été sonnés par un crochet au menton dès le début de la matinée de mercredi par l’annonce de la faillite d’une filiale du Carlyle Group, Carlyle Capital Corp, cotée à Amsterdam et qui perd 92% depuis début mars, dont 75% hier. Cette faillite jette sous le feu des projecteurs les difficultés de sociétés de fonds d’investissement qui ont misé sur les dérivés de crédit immobilier et les créances notés "2A"
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Epargne
Une quarantaine de quatre semaines, cela peut-il fonctionner ?
par Philippe Béchade 13 mars 2008La stratégie de cantonnement des dérivés de créances immobilières adoptée par la Fed — avec la complicité de la BCE, de la Banque d’Angleterre et de la Banque Nationale Suisse — peut-elle constituer le point de départ d’un redressement durable des marchés financiers ?
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La Fed aura beau alterner les shoots d’héroïne et de méthadone — c’est-à-dire des baisses de taux et de prêts d’argent à très court terme — l’état du malade, le système bancaire, ne cesse d’empirer ; il maigrit à vue d’oeil, victime du credit crunch, et il ne parvient plus à trouver le sommeil, alternant phases maniaco-dépressives et bouffées délirantes
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Après deux semaines de repli consécutif, la dynamique baissière ne perd rien en intensité et les causes vous sont connues : subprime et dépréciations d’actifs en série, stagflation, credit crunch, dégradation du marché du travail aux Etats-Unis, flambée du pétrole… Désormais, il importe de déterminer si les dernières évolutions indicielles constituent ou non une rupture par rapport à la situation de crise – spirale baissière et capitulation des cours – observée du 18 au 25 janvier dernier.
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Epargne
Un 29 février de ce calibre tous les quatre ans, cela suffit largement !
par Philippe Béchade 3 mars 2008Difficile de trouver la semaine dernière des conditions plus difficiles pour travailler sur les marchés financiers ; dans un premier temps, ils ont en effet véhiculé le sentiment de vouloir résister à toutes les mauvaises nouvelles macro-économiques
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Soucieux de convaincre les membres du Congrès que le destin économique des Etats-Unis était entre de bonnes mains, Ben Bernanke a insisté sur la difficulté de sa mission… "parce que la situation est bien plus difficile à gérer que fin 2001". Laisser supposer que les mêmes remèdes — c’est-à-dire une baisse agressive des taux –pourraient ne pas résoudre aussi efficacement la crise actuelle que par le passé a semé le trouble parmi les stratèges de Wall Street.
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Le dollar vient donc de pulvériser le précédent plancher des 1,4960/euro pour s’inscrire à 1,5145/euro au moment de la clôture des places européennes. Après une série d’oscillations entre 1,44 et 1,49/euro, il faut s’attendre à une poursuite de la décrue en direction des 1,54/euro d’ici la mi-mars, avec une possible reprise de respiration sur le palier des 1,5250. Pour nombre d’observateurs de la Communauté européenne, le seuil de douleur est atteint — la chute du billet vert sous les 1,45 euro était considérée comme gérable par Nout Wellink, le gouverneur de la Banque Centrale des Pays-Bas et membre du directoire de la BCE — et la chute de 3% du titre EADS hier constitue un sérieux signal d’alerte
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Nous allons démontrer aujourd’hui qu’en plus des icebergs évoqués hier, les capitaines de l’industrie financière vont devoir également se faufiler entre les récifs de l’inflation — +7,4% l’an aux Etats-Unis selon l’indice des prix à la production, le pire depuis 25 ans — et les écueils de la récession
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La clé de voûte du système repose en grande partie sur la capacité des monoliners à honorer leurs engagements en matière de garantie des créances à haut risque. En effet, selon la presse américaine, Ambac Financial serait sur le point de dévoiler un accord visant à restructurer ses activités et à garantir une bonne partie des CDO devenus totalement illiquides depuis le milieu de l’été. Un financement de l’ordre de trois milliards de dollars lui serait alors accordé par un pool de huit banques européennes et anglo-saxonnes de taille mondial
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La parenthèse haussière de mercredi à Wall Street — en pleine déferlante de mauvaises statistiques économiques et sur fond de pessimisme de la Fed — avait entretenu l’espoir que de nombreux facteurs négatifs étaient pricés dans les cours. La séance de jeudi dernier a été marquée par une tentative de reprise en main du marché par les acheteurs… mais de nouveaux chiffres américains sont venus semer le doute dans les esprits au sujet d’un risque de récession contaminant l’Europe
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Une certaine lassitude commence à gagner de nombreux opérateurs qui voient les indices boursiers battre comme les portes d’un saloon depuis un bon mois. Le mouvement d’alternance — deux jours de hausse, un jour de baisse… ou l’inverse — ne s’est pas démenti ces derniers jours. Les acheteurs auraient pu, en effet, profiter de l’échéance "mars" (vendredi 15 février à 16h) pour reprendre le marché en main et arracher le CAC 40 à l’attraction du seuil pivot des 4 835 points. Ce n’est pas un hasard si ce seuil a été le plancher testé en début de matinée hier
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Il nous apparaît effectivement très audacieux de s’obstiner à miser sans retenue sur un rebond du CAC 40 à contre tendance macroéconomique simplement parce que nous parions que le consensus négatif devient trop univoque pour que les baissiers puissent en tirer profit ; sans effet de surprise, aucun gain significatif ne saurait se matérialiser
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Depuis jeudi dernier, nous ne cessons de mettre en avant cette remontée des cours du pétrole entamée il y a 10 jours à partir du fameux plancher moyen terme de 86,5 $. Vous en connaissez tous la cause : l’arrêt des livraisons de brut par Caracas au groupe Exxon-Mobil, coupable d’avoir obtenu le gel de 12 milliards d’euros d’actifs vénézuéliens déposés aux Etats-Unis pour obtenir une série d’indemnisations. Cependant, le franchissement des 96 $ survenu ce mardi implique la concordance de facteurs haussiers que nous n’avions que partiellement expliqués dans notre Chronique d’hier avec l’allusion au rôle grandissant de la Russie dans la géopolitique du pétrole
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Puisque les marchés américains étaient clos ce lundi pour cause de Présidents’ Day, l’occasion était idéale pour élargir notre réflexion sur les matières premières. Nous allons donc aborder une thématique qui nous est chère, à savoir le basculement pétro-stratégique — qui englobe le gaz — du Proche-Orient (contrôlé de façon de plus en plus chaotique par les Américains depuis 2003) vers la Russie et l’Asie Centrale