Alors que l’administration Trump cherche à bousculer l’ordre établi et que les équipes de Musk s’infiltrent dans les rouages du Pentagone, la question se pose : qui contrôle vraiment la force militaire américaine ?
« Le pape, combien de divisions ? »
Selon certains historiens, Joseph Staline aurait posé cette question lors de la conférence de Potsdam. Winston Churchill avait suggéré de faire appel au pape pour apporter un soutien moral aux campagnes des Alliés contre Hitler. Staline a dû se demander comment la morale résisterait aux chars Panzer.
Nous aimerions être présents lorsque la question se posera à nouveau.
De toutes les bureaucraties hypertrophiées, de tous les fédéraux corrompus et intéressés et de tous leurs programmes de dépenses inutiles, l’armée se distingue systématiquement. Elle échoue à chaque audit. Elle dépense des milliards, et prétend ne pas savoir où va l’argent.
Mais il va bien quelque part. Et ceux qui le reçoivent savent ce qu’il devient.
Ils ont acheté et payé presque tous les membres de la Chambre des représentants et du Sénat. Ils ont organisé d’innombrables spectacles et n’y ont accordé l’accès qu’à des journalistes véreux. Ils s’attendent à en avoir pour leur argent.
Dans l’Egypte ancienne, l’excédent de production de la vallée du Nil était consacré à la construction de monuments en l’honneur des souverains décédés. En Chine, sous le premier empereur, Qin Shi Huang, une grande partie de la production excédentaire a été consacrée à la construction d’une armée en terre cuite de plus de 8 000 soldats, destinée à le protéger dans l’au-delà.
Aux Etats-Unis, vers 2025, la « défense nationale » est devenue un mythe sacré. Le fait d’avoir des troupes américaines partout dans le monde, de se mêler d’un conflit étranger après l’autre, d’essayer de remplacer des dirigeants indépendants par des marionnettes, tout cela coûte plus de mille milliards de dollars par an et, presque à coup sûr, n’apporte pas plus de sécurité aux Américains.
Mais aujourd’hui, l’industrie américaine de la puissance de feu pourrait être ciblée par des attaques. Selon le Washington Post, les troupes de choc de Musk ont traversé le Potomac :
« L’administration Trump a demandé aux agences de défense de fournir une liste de leurs employés en période d’essai d’ici la fin de la journée de mardi, dans l’espoir que nombre d’entre eux puissent être licenciés dès cette semaine, selon cinq sources.
La directive coïncide avec l’arrivée au Pentagone du personnel du service DOGE d’Elon Musk, qui a supervisé le licenciement de milliers d’employés stagiaires dans d’autres agences fédérales et coordonné le démantèlement de l’Agence américaine pour le développement international. »
« Euh, vous voulez voir nos dossiers ? », s’étonneront les dirigeants, tandis qu’Elon Musk et sa bande d’intellos sans foi ni loi débarqueront au Pentagone. « C’est confidentiel », répondront-ils.
« Nous sommes ici pour mettre fin au gaspillage », dira Elon.
« Pas d’avions inutiles ? Pas de navires faciles à couler ? Fermer les bases qui ne servent pas ? Arrêter le développement d’armes sans utilité ? Renvoyer quelques-unes des trois millions de personnes qui reçoivent des salaires ? Se serrer la ceinture ? Annuler nos projets de maisons secondaires ? »
« Oui, c’est ça », répondra Elon.
« Et nos ennemis ? », demanderont-ils.
« Quels ennemis ? » répondra Elon. « Vous savez parfaitement qu’il n’existe aucun pays sur Terre capable de traverser l’océan avec une armada viable. Ils seraient anéantis par les missiles et les bombardiers avant même d’avoir quitté le port. »
« Euh… et la Russie… la Chine… les terroristes ? »
« Vous plaisantez ? La Russie a une économie minuscule. L’économie chinoise dépend de la vente de produits aux Américains, pas de leur attaque. Et les terroristes n’ont jamais été rien de plus qu’un faux ennemi. »
Mais c’est une chose de réduire les dépenses de l’USAID. C’en est une autre de réduire les dépenses de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air. La dernière fois que le Pentagone a dû réduire son budget, c’était après la seconde guerre mondiale. Les troupes sont rentrées au pays. Les soldats ont été démobilisés. Eisenhower, qui en savait plus sur l’armée que n’importe quel autre président, a réduit de près de 30% les dépenses du ministère de la Défense.
C’était à l’époque… Avant que la puissance de feu ne devienne l’industrie déterminante de la nation, ayant un contrôle effectif sur les deux partis politiques. Aujourd’hui, pour sauver les apparences, les combattants seront susceptibles de se séparer de quelques employés « en période d’essai ». Peut-être sacrifieront-ils quelques armes dont ils n’ont jamais voulu de toute façon.
Mais pourquoi la force de combat « la plus meurtrière » du monde devrait-elle recevoir des ordres ? Tôt ou tard, qu’elle soit exprimée ou tacite, la question ne manquera pas de se poser : « Elon Musk, combien de divisions ? »
2 commentaires
Oui, tout le problème de la paix entre les peuples est là : la Pouvoir, le Profit et l’armée qui les sert, mais peut finir par les contrôler totalement.
C’est ce que les Suisses ont compris : Peuple et Banquiers ensemble ont décidé de contrôler l’armée