Alors que Javier Milei tranche dans le vif pour extirper son pays de près de 80 ans de péronisme, les Etats-Unis semblent glisser dans les travers mêmes qui ont ruiné l’Argentine.
Quel dommage qu’ils soient presque tous morts.
Les Argentins qui, dans les années 1940 et 1950, avaient connu Evita et savaient ce qui se tramait, auraient pu se rendre à Washington pour revivre ces années « glorieuses ».
Hannah Cox sur X :
« C’est vraiment fou que l’Argentine ait élu un libertarien pour la sauver de décennies de péronisme. Et puis les États-Unis, après avoir bâti le plus grand pays que l’humanité ait jamais connu sur les principes du libertarianisme, ont élu un péroniste. »
On imagine déjà un Andrew Lloyd Webber en herbe planchant sur une comédie musicale à Broadway : Melania !
Nous nous attèlerons à une réflexion plus profonde, plus philosophique, peut-être demain. Aujourd’hui, rappelons simplement ce mot d’un Argentin, prononcé il y a quelques années :
« Le péronisme est notre exportation la plus réussie. »
Les Argentins se réjouissent de s’en débarrasser. Une grande partie des Américains, eux, semblent l’accueillir avec enthousiasme. Le monde tourne.
Mais qu’est-ce que le péronisme ?
Juan Perón était, de l’avis général, un voyou charismatique – et sans conteste la figure politique la plus importante de l’Argentine au XXe siècle. Comme Trump, il a été élu deux fois président. Comme Trump, il était un Grand chef.
Il a aussi provoqué un désastre. Alors que les Etats-Unis étaient attachés, dans l’ensemble, à une démocratie axée sur le consensus et à des politiques de libre marché, l’Argentine a choisi les droits de douane, la démagogie, la nationalisation des industries, la censure, la violence et la planification centrale. Résultat : les Etats-Unis ont prospéré, l’Argentine s’est appauvrie.
Mais aujourd’hui, les rôles se sont-ils inversés ? C’est la question.
Nombre de faits récents aux Etats-Unis rappelleraient aux péronistes des années 1940 et 1950 un parfum de déjà-vu.
Prenons la perquisition du FBI chez John Bolton, ancien ambassadeur à l’ONU et ex-conseiller à la sécurité nationale de Trump. Les agents ont saisi des documents qu’il utilisait pour rédiger ses mémoires. Certes, Bolton mériterait peut-être d’être jugé pour son rôle dans la guerre d’Irak. Mais il est hautement improbable qu’il ait mis en péril la sécurité nationale. Plus probable : l’opération visait à intimider un opposant au gouvernement. Une méthode bien peu « américaine » pour une administration qui prône une politique de « America First ».
Et ce n’est pas un cas isolé. Comme le rapporte le Wall Street Journal :
« L’équipe de Trump a ouvert des enquêtes sur Letitia James, procureure générale de New York qui a poursuivi la société de Trump pour fraude ; sur Adam Schiff, sénateur démocrate de Californie, ayant oeuvré pour la destitution de Trump ; sur LaMonica McIver, élue démocrate du New Jersey, arrêtée lors d’une manifestation contre les politiques d’immigration ; et même sur Andrew Cuomo, ancien gouverneur de New York et candidat à la mairie de New York. »
Le limogeage du chef des services de renseignement Jeffrey Kruse ou de la statisticienne en chef Erika McEntarfer n’a pas non plus surpris ceux qui ont vécu l’ère Perón. Dès ses débuts, le péronisme avait politisé les statistiques et truqué les chiffres pendant des années.
Il en allait de même pour les universités et la presse. Sous Perón, des centaines d’étudiants, professeurs et intellectuels ont été poussés à l’exil. Plus d’une centaine de journaux ont disparu. Les grands titres restants, La Nación et El Clarín, ont survécu… au prix d’une prudence extrême.
Aujourd’hui, aux Etats-Unis, le procès intenté par Trump contre le New York Times — pour avoir révélé l’existence d’une carte d’anniversaire qu’il aurait envoyée à Jeffrey Epstein — incite la presse à la prudence. Même victorieuse au tribunal, elle risquerait la faillite sous le poids des frais.
Autre parallèle : l’intervention de l’Etat dans l’économie. Le New York Times rapporte :
« Intel accepte de céder 10 % de ses parts aux Etats-Unis — l’une des plus importantes interventions publiques dans une entreprise américaine depuis le sauvetage de l’automobile en 2008. »
Encore cette impression de déjà-vu. La Latin American Economic Review exlique comment Perón s’immisçait dans l’économie :
« L’Institut argentin pour la promotion des échanges retenait environ 50 % des prix mondiaux à l’exportation des produits agricoles pour financer les importations et soutenir les entreprises publiques nouvellement créées. En parallèle, les droits de douane furent relevés, le système de taux de change multiples maintenu et des licences d’importation instaurées. Entre 1945 et 1950, les chemins de fer, les télécommunications, l’électricité, les transports publics et d’autres services furent nationalisés. »
Nous en avons fait l’expérience directe avec notre ferme argentine. Les pneus du tracteur étaient rafistolés de fils et de boulons. « Il n’y a pas de pneus disponibles, nous expliquait le directeur. Une société a le monopole, mais elle ne produit pas ce modèle. » Voilà ce que donnait la substitution des importations : remplacer l’offre étrangère… par rien.
L’Argentine était autrefois l’un des pays les plus riches du monde. Mais après près de 80 ans de péronisme, elle a épuisé « l’argent des autres ». L’inflation dépassait les 250 % par an. L’hyperinflation vénézuélienne semblait imminente.
C’est alors qu’est arrivé Javier Milei, tronçonneuse à la main, promettant : « ¡Libertad, carajo ! » (« Liberté, bon sang ! ») A la stupéfaction générale, il a été élu. Et, à la surprise plus grande encore, il a fait ce qu’il avait promis : budget équilibré (non négociable, insistait-il), inflation en baisse, salaires en hausse.
Joel Bowman note :
« En juin, l’inflation mensuelle est tombée à 1,6 %, tandis que les salaires ont progressé de près de 3 % en moyenne. Plus remarquable encore : la hausse a surtout été portée par les salaires ‘informels’, reflet de l’immense marché parallèle argentin. »
Alors, la liberté s’installe-t-elle en Argentine ? Difficile à dire. Mais au nord du Rio Grande, le péronisme, lui, prospère. Nourri de milliers de milliards provenant de « l’argent des autres », il continuera à pousser… jusqu’à épuisement du terreau.
1 commentaire
Quand un candidat subit plusieurs tentatives d’assassinats, des procédures multiples, constate des fraudes grossières, il règle ses comptes arrivé au pouvoir. Il constate ensuite une situation financière délicate, il sait qu’il a deux pour réussir, donc il choisit des méthodes radicales. Nous verrons bien. La France connait des décès curieux, des assassinats étranges, des finances désastreuses, une braderie de nos fleurons industriels comme ALSTOM, une guerre couteuse inutile, une justice partiale et détestée (connais très bien), un amusant racket du président Trump etc..etc… Un nouveau président (e) devra épurer les institutions, engager des procédures pour « haute trahison », concept effacé de la constitution, veiller à ce que les beaux restes ne soient pas pillés par nos « amis », « épurer » la France en quasi guerre civile. S’il ne le fait pas, la rue parlera, ce qu’il faut éviter à tout prix, comme aux Etats Unis. Moralité, dans une telle situation, le politique prime l’économique. Merci pour cet article.