▪ Eh oui, cher lecteur : avant, c’était un Hummer ou une maison avec piscine.
Aujourd’hui, c’est un iPhone.
Comment expliquer autrement l’engouement pour les produits Apple (et la hausse vertigineuse du titre qui va avec) ?
Les gens sont désormais trop pauvres pour s’offrir autre chose. Les signes extérieurs de richesse et les marques de statut ne passent plus par des baignoires en marbre ou une troisième voiture de sport dans le garage. Trop cher.
Non, désormais… pour frimer, il ne reste guère plus qu’à s’afficher avec la dernière innovation combinant tablette-téléphone-appareil photo-épuisette à oursins.
Je ne plaisante qu’à moitié. Force est de reconnaître que partout dans les pays développés, on constate un appauvrissement général de la population — et plus précisément de la classe moyenne. Le contraste est d’autant plus vif avec des nations en voie de développement,
▪ Ne sont épargnés que « les initiés », ceux qui profitent d’un système mis en place par eux et pour eux, comme l’expliquait hier Dan Denning :
« Cela arrive à maintes reprises sur les marchés financiers. Les actifs productifs sont lentement amassés par un petit groupe tandis que les revenus de la majorité chutent pour de bon. On peut comparer cela à une sorte de féodalisme moderne où les paysans seraient mieux habillés et possèderaient des iPhones ».
« […] Jusqu’à présent, être un serf financier était supportable. Mais quelque chose a changé après le dernier boom et avec l’effondrement actuel. Lors du krach des valeurs Internet, il y a eu un transfert de richesses. Les gens ont perdu de l’argent certes mais ce n’était pas de l’argent réel. C’était les gains de la bulle, pas des capitaux épargnés pour un plan retraite ».
« En outre, en réaction à l’éclatement de la bulle Internet, la Fed a abaissé les taux d’intérêt. La politique monétaire mondiale s’est synchronisée. Le résultat de tout cela fut un boom de tous les actifs partout dans le monde. Actions, obligations, biens immobiliers, matières premières… et j’en passe. Quasiment tout a connu un boom ».
Mais, continue Dan, cette mondialisation du boom a un côté obscur : « […] à présent tout le système est interconnecté. Un krach financier se transforme en krach économique… exactement la Grande Dépression que veut éviter Ben Bernanke. Mais ce n’est que le début ».
« Un krach financier signifie la fin du système monétaire mondial actuel. La dévaluation du dollar américain a joué un rôle essentiel dans le boom du crédit. Mais elle a sapé la stabilité du système du dollar. Qui dit krach du système dit krach du dollar. Qu’est-ce qui arrive après le dollar ? On peut parier que ceux qui bénéficient du système du dollar — la Fed — ne veulent pas le savoir ».
« Mais la conséquence la plus grave du krach du système […] est que des personnes réelles voient leur vie réelle réellement voler en éclats. Lorsque les économies de la classe moyenne sont détruites via des krachs boursiers, des krachs immobiliers et de l’inflation, les gens finissent beaucoup plus pauvres. Et il ne s’agit là que de la classe moyenne. Les plus pauvres qui ont vécu le krach ont vu leur situation devenir pire qu’elle ne l’avait jamais été ».
▪ Outre les conséquences bien réelles que cela fait peser au quotidien sur des millions de ménages à travers le monde, cet appauvrissement présente un problème encore plus vaste : sans classe moyenne, pas de croissance. Donc pas de véritable reprise possible.
Bill Bonner illustrait ce principe avec l’exemple du Brésil :
« ‘[Au Brésil], tout repose sur le succès de la classe moyenne’, nous a expliqué notre contact. ‘Des millions de personnes entrent dans la classe moyenne. Elles ont de bons emplois, des salaires décents, des revenus en hausse, des voitures… et des ordinateurs’. »
« Très différent des Etats-Unis, où la classe moyenne décline. Les revenus des ménages de la classe moyenne y stagnent depuis près de 20 ans. Leur valeur nette a elle aussi subi une volée de bois vert — d’abord de la part du marché boursier… puis de l’immobilier ».
« Effondrement de la classe moyenne et Grande Correction ne sont pas bons pour les marchés boursier. Selon John Hussman et son modèle de prédiction, pour les actions, les perspectives n’ont jamais été si mauvaises. L’impression monétaire et l’assouplissement quantitatif n’améliorent pas vraiment l’économie. Et les vraies entreprises dépendent de la vraie économie pour se développer ».
Mon conseil, cher lecteur ? Le dernier iPhone ne vous servira pas à grand-chose dans la lente érosion du monde tel que nous le connaissons. A la place, organisez plutôt votre résistance : ne laissez pas « les initiés » s’arroger la part du lion.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora