▪ A la fin du troisième trimestre 2013, le rapport dette publique/PIB s’est établi pour la Zone euro (Europe des 18) à 92,6%, dans l’Europe des 28 à 86,8%. Des chiffres pratiquement inchangés mais nettement au-dessus des 60% fixés par le traité de stabilité de Maastricht.
Les ratios les plus élevés sont enregistrés en Grèce (171,8%), en Italie (132,9%), au Portugal (128,7%) et en Irlande (124,8%). Les plus bas en Estonie (10%), en Bulgarie (17,3%) et au Luxembourg (27,7%). Par rapport à l’année précédente, 23 Etats-membres affichent une augmentation et cinq une diminution de ce ratio.
Les plus fortes hausses se sont produites à Chypre (+25,3 points de pourcentage [pp]), en Grèce (+19,9 pp), en Espagne (+14,3 pp) et en Slovénie (+14,1 pp), alors qu’en Allemagne (-2,8 pp), Lettonie (-2,0 pp), Bulgarie (-1,4 pp), Danemark (-0,9 pp) et en Lituanie (-0,8 pp), ce sont des baisses qui ont été enregistrées.
▪ Comment peut-on réduire ce ratio ?
Théoriquement, par des hausses d’impôts, par la réduction des dépenses ou, beaucoup plus facilement, par une modification de la méthode de calcul statistique. A partir de septembre 2014, Eurostat appliquera une nouvelle méthode (ESA 2010). Le changement le plus important est la comptabilisation des dépenses de recherche et de développement (R&D) en tant que capital en formation — c’est-à-dire comme un investissement générateur de plus-value et non plus comme un coût de production.
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De cette façon, le PIB va être augmenté d’environ 2% à 3% et le ratio dettes/PIB diminuera d’autant. Les dépenses en R&D sont particulièrement élevées en Finlande et en Suède ainsi qu’aux Pays-Bas et en Autriche. Elles sont les plus faibles en Italie et en Espagne. L’Allemagne et la France sont entre ces deux extrêmes.
Le deuxième changement majeur concerne les dépenses militaires. Les achats de nouveaux systèmes d’armement, d’avions de combat et de navires de guerre seront aussi considérés à l’avenir comme un investissement, du capital en formation. Ceci fera encore gagner 0,1 pp au PIB de la Zone euro.
Eurostat a souligné qu’il s’agissait seulement de s’aligner sur les normes internationales auxquelles l’Europe ne saurait se soustraire. Les Etats-Unis ont déjà adopté cette méthode de calcul depuis l’an dernier. La modification concernant les dépenses de R&D a permis au PIB américain de gagner environ 2,5%.
Nous n’avons que six mois de recul ; il va être très intéressant de voir si, dans certains pays, le débat sera lancé en vue d’utiliser cette nouvelle marge de manoeuvre pour des dépenses supplémentaires. Déjà, la politique de taux d’intérêt zéro et le quantitative easing ont affaibli la volonté de réformer en vue d’assainir les budgets publics. Le scepticisme quant à la capacité des hommes politiques de revenir aux critères de stabilité de Maastricht est justifié : cette nouvelle donne sera un test.
▪ Conclusion
Une réduction du ratio de la dette publique par le seul changement de la méthode de calcul n’est pas un bon moyen pour revenir à des politiques budgétaires sérieuses… et cela ne suffira pas à enrayer une hausse des taux longs.
2 commentaires
Ridicule papier monsieur l’économiste.
Modèle Français est A-capitalistique.
Faut pas s’étonner avec ce genre de bonhomme de voir le Monde dans cet état là, particulièrement La France.
Votre article me fait penser au dernier contrôle fiscal de ma petite entreprise.
Un muret séparait le cour asphaltée et la pelouse enherbée; il empêchait l’introduction de la tondeuse à gazon.
Nous décidons de détruire le muret et de mettre la facture du maçon dans la colonne « dépenses » du compte d’exploitation.
L’inspecteur des impôts quelques mois plus tard n’ayant rien trouvé à redresser dans la comptabilité s’est vengé! Il a exigé d’introduire la facture du maçon dans la colonne des « investissements » et de la sortir de la sortir de la colonne des dépenses.
Il avait sans doute mal assimilé la « destruction créatrice » de Schumpeter.
Dans la même veine, les investissements militaires prévus dans votre article nous promettent de jolies destructions créatrices!