La semaine dernière, nous avons vu comment la crise des cryptomonnaies s’est propagée au système bancaire traditionnel.
En réponse à cette succession de faillites, les autorités réglementaires ont pris des mesures extraordinaires, qui leur ont permis d’imprimer des milliers de milliards de dollars supplémentaires pour couvrir les prêts.
La FDIC propose aujourd’hui de garantir tous les dépôts réalisés dans le système bancaire, en faisant fi de la limite réglementaire, fixée à 250 000 $ par compte. Elle invoque un « risque systémique » pour justifier cette dérogation à la limite de garantie.
Mais il n’existe aucune définition du concept de risque systémique et chaque banque du système ferait courir un risque systémique dès lors qu’une ruée sur ses dépôts provoquerait une panique bancaire qui se propagerait aux autres banques.
Le fonds de garantie de la FDIC commence également à être à court de réserves, en raison des quelque 40 Mds$ qu’il a dû débourser pour indemniser les épargnants ayant fait les frais des faillites bancaires. La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a détruit la confiance dans la FDIC en brouillant les seuils de garantie et en épuisant les réserves du fonds de garantie. Là encore, les interventions étatiques ont créé de l’incertitude et ont érodé la confiance.
Une crise à effet différé
Il faut impérativement comprendre qu’il existe un long décalage temporel entre le moment où une crise éclate et le moment où elle atteint une telle ampleur qu’elle devient visible aux yeux de tous.
Par exemple, la crise financière mondiale de 2008 a atteint son point d’orgue le 15 septembre 2008, lorsque Lehman Brothers s’est déclaré en faillite. Mais elle avait commencé 18 mois plus tôt, au printemps 2007, lorsque HSBC avait déclaré avoir subi des pertes sur des prêts hypothécaires subprime.
La crise de la dette russe a atteint son pic en septembre 1998 avec la faillite du fonds spéculatif Long-Term Capital Management, mais elle avait commencé 15 mois plus tôt, en juin 1997, quand le gouvernement thaïlandais avait dévalué sa monnaie face au dollar.
Dans six crises financières majeures survenues entre 1974 et 2010, le décalage temporel moyen entre l’origine de la crise et son point d’orgue est de 13,5 mois. Le décalage temporel le plus court a été de 6 mois. Si l’on utilise ce dernier point de référence et que l’on prend comme point de départ de la crise actuelle le mois de mars 2023, la crise pourrait atteindre son point d’orgue en septembre prochain.
Si l’on utilise la moyenne de 13,5 mois et que l’on prendre pour point de départ de la crise actuelle le mois de novembre 2021 (début de la chute du Bitcoin), nous nous trouverions actuellement au plus fort de la crise.
Quelle que soit la méthode utilisée, une crise majeure se profile.
Le système clignote rouge
Il y a toujours des signes qui annoncent une crise, souvent ignorés. Ces signes sont la pénurie de dollars, la pénurie de garanties de qualité sur lesquels adosser les dérivés (aggravée par le plafond de la dette, qui empêche l’émission de nouveaux bons du Trésor), l’inversion de la courbe des taux du Trésor, les taux de swap négatifs, les bons du Trésor qui offrent un rendement inférieur au taux de mise en pension livrée au jour le jour de la Fed (on parle de taux repo, en anglais) et la fuite des capitaux loin des banques, vers les bons du Trésor et les fonds du marché monétaire.
J’en conviens, ces indicateurs sont techniques. Je n’entrerai donc pas dans le détail ici. Toutefois, ils sont accessibles au grand public et les conditions extrêmes qu’ils reflètent sont les mêmes que celles que l’on avait vues pour la dernière avoir avant la crise financière de 2008. La liste des banques sous surveillance inclut PacWest, Western Alliance, First Horizon, Comerica et KeyCorp.
Pour faire court, le système clignote rouge.
Le fait est que nous sommes sur le point de connaître une grave récession, une crise financière pire que celle de 2008, la dédollarisation de l’économie mondiale, une perte de confiance dans la Fed et dans le dollar américain, une répression politique avec l’arrivée des monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et, potentiellement, des troubles sociaux extrêmes.
Dans ce scénario, les grands gagnants seront l’or, l’argent, le foncier, l’énergie, l’agriculture et les bons du Trésor américain. Les grands perdants seront les actions, les obligations d’entreprise et l’immobilier commercial.
Il vous faudra modifier l’allocation de votre capital en conséquence pour survivre à la tempête. Personne ne sait quand la tempête frappera exactement. Je ne peux pas vous donner de date précise.
Mais n’attendez pas qu’il soit trop tard. Mieux vaut avoir quelques mois d’avance qu’une minute de retard.