Quel est le lien entre la déroute américaine en Afghanistan, une petite banque régionale et la suppression du compte Twitter de Donald Trump ? Bill Bonner mène l’enquête…
Google, Twitter, Facebook et co. sont lancés dans une course à l’innovation qui leur a rapporté des millions de clients. Ils ont fourni l’équivalent d’une scène publique où tout le monde pouvait chanter l’air qui lui plaisait.
Ensuite, ils ont vendu les informations aux annonceurs, qui les ont utilisées pour trouver leurs propres clients.
Et puis… les réseaux sociaux ont décidé d’imposer leurs propres goûts musicaux. S’ils pensent que vous n’êtes pas dans le ton, vous serez « annulé » et vous disparaîtrez de la plateforme.
Le cas le plus célèbre est celui de Donald Trump. L’ex-président des Etats-Unis est bien entendu un crétin – et des entreprises privées sont parfaitement en droit de le bouder si elles le souhaitent.
Cela dit, si Twitter annulait les comptes de tous les crétins qui chantent comme des casseroles, la société pourrait mettre la clé sous la porte.
A la place, les réseaux sociaux annulent certains crétins… mais pas tous. Il y a là matière à réflexion…
Affaires politiques
A mesure que la politique devient plus importante, les entreprises deviennent plus politiques. En d’autres termes, quand les élites d’un pays perdent la tête, il en va de même pour son secteur privé.
Essayez d’ouvrir un compte en banque, par exemple.
Pour commencer, il y a moins de banques locales ou régionales ; les entités plus petites ont eu trop de mal à survivre dans un monde de contrôles gouvernementaux complexes.
Deuxièmement, les grandes banques restantes ressemblent plus à des monopoles d’Etat. Lorsqu’on s’adresse à elles, c’est l’interrogatoire : qui êtes-vous ? Pouvez-vous prouver votre adresse ? D’où vient votre argent ?
Ensuite, grâce aux banques centrales, vous mettez votre argent en dépôt et les banques ne vous versent plus d’intérêts.
Selon le site ValuePenguin, le taux d’intérêt moyen sur les comptes épargne aux Etats-Unis est de 0,06%. Au taux d’inflation actuel, un épargnant perd plus de 5% par an.
Les grandes banques touchent des subsides de l’Etat. Naturellement, elles lèchent la main de leur maître chaque fois que celui-ci la leur présente.
Des médias aux ordres
Est-ce différent pour les médias ?
Les banques, l’industrie, le secteur de la défense et l’industrie financière collaborent avec leur principal client – c’est prévisible. Toujours et partout, les capitalistes font ce qu’ils doivent. Ils s’adaptent aux politiques auxquelles ils ont affaire.
Dans l’Allemagne de Hitler, par exemple, IG Farben, Volkswagen, BMW, Siemens, Kodak… étaient tous des fournisseurs empressés du régime nazi. Hugo Boss a même fabriqué ses uniformes.
Même dans les stalags du Troisième reich et dans les goulags de l’Union soviétique, les capitalistes faisaient de leur mieux avec ce qu’ils avaient sous la main.
Ce qu’il y a d’étonnant, c’est l’enthousiasme avec lequel la presse remue la queue.
Après l’humiliante défaite des Etats-Unis en Afghanistan, par exemple, on pourrait penser que la presse américaine éviscérerait les benêts qui ont mené le pays dans le pétrin – les généraux… les think tanks va-t-en guerre… les profiteurs du secteur privé qui ont gagné des milliards en aidant et en encourageant l’usine à gaz militaire.
On pourrait penser que les médias hurleraient pour que des têtes tombent… y compris celle du général à la retraite David Petraeus (qui a mené les forces américaines en Afghanistan et en Irak, avant de prendre la tête de la CIA) et celle de G. W. Bush lui-même.
Ils ont menti. Ils ont gaffé. Ils ont gaspillé des milliers de milliards de dollars et ont le sang de milliers de personnes sur les mains.
Mais si on veut comprendre ce qu’il s’est passé – au-delà de l’excuse habituelle du type « des erreurs ont été commises » – ce n’est pas vers les grands médias qu’il faut se tourner.
A suivre…