Rien que de très banal ici : juste la plus forte divergence entre les actions et les bons du Trésor US de l’histoire…
A Wall Street, tous les records de hausse sur un intervalle de quatre semaines sont battus avec une 14e séance de hausse sur 17 pour le S&P 500, et une 6e de hausse consécutive pour le Nasdaq, qui affiche désormais +28% en cinq semaines, et revient à moins de 4% de ses sommets historiques. En 2020, il en avait fallu neuf pour revenir à 4% des sommets testés début janvier, et onze pour effacer totalement le « Covido-krach ».
C’est donc :
- la reprise la plus rapide de l’histoire ;
- avec le ratio séances de hausse/baisse le plus élevé ;
- l’intervalle de temps le plus court entre deux épisodes de surachat de niveau « historique » ;
- l’ascension par rapport aux MM100 et MM200 le plus rapide du XXIe siècle ;
- et le rallye le plus « étroit » (achats hyper-concentrés sur les « Sept fantastiques » + sept leaders des semi-conducteurs).
Nous pourrions dérouler encore une douzaine d’autres « jamais vu » en entrant dans des détails techniques ayant trait aux ratios vélocité/volumes, aux bandes de Bollinger (dont les canaux sont « perforés »), etc. Mais vous devinez qu’aucune de ces caractéristiques inédites prises individuellement ou collectivement ne suscite la moindre sensation de vertige, ni n’évoque quoi que ce soit d’inquiétant pour les acheteurs qui s’enivrent de leur succès, devenu auto-réalisateur.
Peu leur importe que, du point de vue des « initiés », cette hausse funiculaire depuis cinq semaines – sur fond de tension parallèle des taux – présente toutes les caractéristiques d’un FOMO (Fear of Missing Out), puisque le trend est du côté des acheteurs.
Et ils se montrent d’autant plus réjouis par la tournure des événements que, contrairement à mars/avril 2020, le rebond de 25% des indices n’a nécessité ni de ramener les taux directeurs à zéro, ni de déclencher un all-in monétaire.
Autrement dit, comme les banques centrales n’ont pas encore sorti le grand jeu – comme à la même époque il y a cinq ans, le marché en garde sous la pédale.
Les banques centrales, en particulier la Fed, ne devraient plus trop tarder à intervenir, car du côté de l’obligataire, s’il n’y a pas encore le feu, de la fumée s’échappe déjà copieusement des T-Bonds depuis mi-avril – un peu comme du dôme de magma d’un volcan gris qui s’apprêterait à exploser, façon nuée ardente.
Le rendement du 30 ans US atteint désormais 4,97% (pire niveau depuis 14 ans), celui du 10 ans, 4,54% (+65 points depuis le 7 avril) et le 2 ans campe au-dessus des 4,00% (+4 points à 4,055%).
Si la bulle boursière post-7 avril n’explose pas avant le 21 mai (ce serait la 7e semaine de hausse consécutive), la bulle immobilière – celle dont personne ne parle pour conjurer le sort – pourrait bien commencer à se désintégrer ces jours prochains. Cela serait dévastateur pour le système bancaire américain, plombé par des centaines de milliards de dollars de moins-values obligataires latentes (non comptabilisées en mark to market) et qui atteignent de nouveau des sommets cette semaine avec un 10 ans à plus de 4,50% et un 30 ans flirtant avec les 5%.
2 commentaires
Bonsoir Philippe, et merci.
Ce n’est peut-être pas fini :
https://www.businessbourse.com/2025/05/12/le-grand-rebond-arrive-etes-vous-pret-a-en-profiter-avant-lexplosion-des-marches/
A mon modeste niveau, les bourses qui montent semblent m’indiquer que les monnaies ne valent plus grand chose, par contre les entreprises – Air Liquide, Schneider Electric, Saint-Gobain, etc. – sont des biens tangibles. Investir dans l’or, ma foi, oui. Mais investir dans des entreprises qui font des affaires dans le monde réel ne me semble pas dangereux. Merci pour toutes vos informations.