Par Frédéric Laurent (*)
Nous arrivons à l’époque estivale. Qui dit été devrait dire beau temps. Or à l’heure où j’écris ces lignes, toutes les régions françaises sont sous les eaux depuis trois semaines. Les anciens de ma région me disent que nous sommes dans une année des 13 lunes, comme l’année dernière, synonyme en clair "d’un nouvel été pourri".
Je suis sûr que la lune n’a rien à voir avec les marchés, mais ce qui est sûr, c’est que sur les marchés aussi, nous allons avoir un été pourri.
Effondrement du château de cartes bancaire
Même si le spectre d’un krach systémique terrassant le monde financier s’est éloigné, il faut s’habituer à une année ponctuée de chutes et de rechutes… dues à de mauvaises nouvelles qui s’accumulent sur le secteur financier — et bancaire notamment.
Il faut non seulement s’y habituer, mais surtout 1) trouver le moyen d’éviter d’en subir les conséquences et 2) continuer à s’assurer des rendements. Et jusqu’à présent, tout va bien pour notre portefeuille !
J’écrivais au début du mois d’avril que les conséquences directes de la crise des subprime étaient loin d’être terminées. J’ai cru à un moment que la Fed et autres banques centrales avaient réussi leur sauvetage… mais non, bien entendu.
Ben Bernanke change son fusil d’épaule
Les déclarations de Ben Bernanke la semaine dernière ont également ravivé non seulement les craintes de dérives inflationnistes mais elle semble aussi faire prendre une nouvelle direction à la Fed en préférant se pencher sur l’arrêt de la baisse du dollar et en essayant de juguler l’inflation, plutôt que de doper l’économie par de nouvelles baisses de taux.
Pour l’optimisme, il va falloir attendre
Je me suis procuré la synthèse d’un discours d’Alan Greenspan, l’ancien président de la Fed. Je vous en fais part, espérant qu’il viendra infirmer les présages lunaires.
Quelle ne fut pas ma surprise de constater que notre ancien gourou a une vision pessimiste de l’économie américaine. Il a confirmé que la crise actuelle était la pire que les Etats-Unis ont connue depuis la deuxième guerre mondiale ! Car il nous précise que c’est la première fois que la crise touche à la fois la financeET l’économie en même temps.
Pour lui, les prix immobiliers américains devraient continuer de baisser jusqu’à mi-2009, ce qui aura des répercussions à la fois sur l’économie et sur la finance. Il estime que la faillite d’une grande institution reste toujours d’actualité, comme j’en avançais le risque précédemment. Greenspan est clair : nous ne sommes qu’au début de la baisse de l’immobilier US, et l’Amérique est déjà entrée en récession. Il ne prévoit pas de véritable sortie de crise avant 2010, seul moment où les prix immobiliers et les marchés connaitront une stabilisation.
Le fond de sa pensée est clair quant à la raison de cette crise. Les crises proviennent toujours des excès entre l’appât du gain et la peur de perdre. Comme il est impossible de les empêcher, seule la flexibilité des systèmes pourra permettre de les absorber.
L’ancien président de la Fed est inquiet
Je parle souvent du découplage entre les pays émergents et les pays riches. Alan Greenspan pense qu’à court terme, les pays émergents resteront découplés, mais compte tenu de l’impossibilité actuelle des Etats-Unis à tirer la croissance mondiale, ils subiront également une baisse de leur activité.
Son plus grand souci réside dans la montée inflationniste, créée par la forte croissance asiatique qui fait monter le prix des matières premières. Il omet évidemment de dire qu’il a été le grand chef d’orchestre de ce phénomène inflationniste en faisant marcher la planche à billet, baissant les taux, et en ayant une politique d’expansion monétaire…
Il synthétise sa pensée en disant que les Etats-Unis ont maintenant une chance sur deux d’entrer en stagflation. Quand on connaît sa réserve naturelle, et son devoir de réserve de par ses anciennes fonctions, on peut légitimement estimer ce risque à deux sur trois ou 100%, voire même supposer que ce n’est plus un risque mais un état de fait !
La hausse des produits alimentaires lui fait également craindre un risque humanitaire de grande ampleur (dans plus d’une trentaine de pays), sans parler du risque de débordement des populations acculées par la famine. Il reste convaincu que l’euro restera fort avec un dollar qui continuera à s’affaiblir, et est clairement négatif sur les investissements obligataires américains s’appuyant sur un risque important de hausse des taux longs.
Greenspan investit… comme nous !
Sa vision de la situation n’est pas rassurante, et peut légitimement nous inquiéter pour cette fin d’année. Mais ce qui me rassure et me remet du baume au coeur, c’est que son allocation d’actif est identique à celle que je vous propose ! Je retrouve dans ses conclusions les grands principes que j’essaye de vous faire partager depuis les débuts de Protection et Rendement. Des placements de long terme reposant sur des actifs réels qui protègent de l’inflation et du cash flow (typiquement l’or). Il choisirait aussi de se positionner sur certains titres de qualité proposant un rendement élevé, comme "l’immobilier d’entreprise français" (je le cite !). Or, c’est exactement ce que nous avons en portefeuille : de l’or, du rendement et des SCPI !
Côté opportunités, Greenspan pencherait pour des actions sur les marchés émergents avec des actifs dépréciés, et l’Asie pour le long terme (ce que j’ai proposé à mes lecteurs dans le dernier numéro de Protection et Rendement : pour découvrir toutes mes recommandations, il suffit de continuer votre lecture…).
Meilleures salutations,
Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora
(*) Frédéric travaille depuis plus de 20 ans dans la gestion de patrimoine. Il a fait ses débuts dans une société d’assurance avant de s’intéresser de plus près à la finance et aux marchés. Il a alors travaillé pendant quelque temps pour Merrill Lynch, puis s’est exilé au Luxembourg, où il a appris jusqu’aux moindres détails de la gestion de fortune et de patrimoine.
Frédéric a ensuite fondé sa propre société de gestion de patrimoine. Cela lui permet de mener ce qu’il considère comme une véritable mission : aider les investisseurs comme vous à prendre réellement soin de leur patrimoine — le protéger, le faire croître quoi qu’il arrive… sans prendre de risques. C’est ce qu’il fait semaine après semaine dans le cadre du service Protection & Rendement : n’attendez pas pour profiter de ses conseils, vos finances pourraient s’en trouver transformées !