Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Cela ne vous aura pas échappé, le brut a dégringolé de 133 $ à un peu plus de 126 $ le baril à New York. Va-t-on enfin pouvoir souffler ? Est-ce la fin de la hausse ? Doit-on se positionner à la baisse sur le brut ?
La demande d’essence recule aux Etats-Unis
Premier point important : le ministre de l’Energie américain a annoncé que la demande d’essence sur les quatre dernières semaines était en repli de 1,3% comparé à la même période l’an passé. Pas étonnant, me répondrez-vous, vu le prix du baril et sachant que le consommateur américain est pris à la gorge…
Et comme si cela ne suffisait pas, MasterCard en rajoute une couche. Selon cette entreprise, sur la dernière semaine, la demande américaine d’essence aurait reculé de 5,5% ! Le prix du gallon a atteint 4 $ à la pompe (soit 1,05 $ le litre).
Alors certes, on peut argumenter… tous les Américains n’achètent pas leur essence avec une carte de crédit. Mais une chose est certaine : la demande est en train de baisser.
Pas grave, nous disent les haussiers
Jusqu’ici, les bulls avaient un argument choc : même si la demande américaine devait diminuer, la demande mondiale s’inscrit à la hausse car la demande asiatique est explosive et fait bien plus que compenser la baisse américaine.
Justement ! Parlons-en de la demande asiatique. Se pourrait-il qu’elle se mette à vaciller ?
L’Asie réduit ses subventions au carburant
Un véritable pavé dans la mare ! Les gouvernements indonésien, taïwanais et sri-lankais ont décidé de réduire les subventions sur l’essence. En clair, cela veut dire que le consommateur payera son carburant plus cher qu’avant, l’Etat réduisant sa prise en charge. L’Inde et la Malaisie pourraient à leur tour envisager de telles mesures.
Se pourrait-il que la demande des pays asiatiques recule au fur et à mesure que le prix du baril grimpe ? Jusqu’à maintenant, le marché était persuadé du contraire…
Une chose est certaine : ce serait un changement fondamental dans l’équilibre du marché. Car jusqu’ici, rien ne semblait pouvoir arrêter la demande, qui semblait totalement inélastique au prix.
L’OPEP a maintenant une nouvelle carte en main
Depuis sa douloureuse expérience consécutive à la crise asiatique (l’OPEP s’était alors laissée convaincre d’augmenter sa production), l’organisation résiste envers et contre tous : pas question d’augmenter sa production. Comme dit le proverbe : "chat échaudé craint l’eau froide !".
Cette fois-ci, elle tient en main une carte supplémentaire qui la conforte dans son opinion. Contrairement aux haussiers qui mettent en avant l’inexorable hausse de la demande asiatique de brut (malgré la crise aux Etats-Unis), il semblerait que nous ayons touché un point de douleur à partir duquel la demande asiatique pourrait décélérer : les 135 $ ! Un signal fort.
Est-ce le début de la consolidation ?
Alors là, je ne vous dirai rien !
Pourquoi ? Parce que le marché a perdu la raison et fait tout et n’importe quoi. La seule chose que je puisse vous dire, c’est que fondamentalement, le baril devrait se situer autour des 80 $, à mon humble avis en tout cas…
Mais la spéculation étant ce qu’elle est, la période des ouragans s’ouvrant, sans oublier la summer driving season qui débute et les tensions géopolitiques, le champ des possibles est grand. Très grand. 150 $ ? Jusqu’à 200 $ ? Qui sait…
Pour souffler réellement, il faudra peut-être attendre la fin de la saison des ouragans, au début de l’automne. Cela dit, l’équilibre entre l’offre et la demande pourrait être sensiblement modifié avec la réduction des subventions au carburant en Asie. Ce serait un changement fondamental qui devrait calmer momentanément le marché du brut. Du moins je l’espère…
Mais ce ne sera que temporaire. Parce qu’à long terme, la hausse est une certitude pour tout le monde.
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
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Source : L’Edito Matières Premières