Entre récessions cycliques, crises bancaires et krachs imprévisibles, les investisseurs doivent désormais privilégier la prudence, la liquidité et une diversification à toute épreuve pour préserver leur capital.
Dans notre précédent article, nous avons vu que les Etats-Unis traversent non pas de simples récessions successives, mais une longue dépression caractérisée par une croissance durablement inférieure à son potentiel.
Les Etats-Unis = Le Japon
Les investisseurs devraient s’attendre à une persistance de cette faible croissance et à des récessions ponctuelles, également.
Les récessions techniques sont déterminées par le NBER, mais cela n’a quasiment pas d’importance. Les éléments importants, ce sont cette croissance réelle de 2,2 % (voire moins) qui se prolonge, l’inflation en baisse assortie d’un risque de déflation, et des hausses continues de la dette du Trésor de 5 % du PIB, voire plus.
C’est la garantie d’une faible croissance persistante (voire pire) et d’une augmentation du ratio dette/PIB.
La seule façon de s’extirper de ce cercle vicieux de la dette, c’est l’inflation. La façon la plus rapide d’y parvenir, c’est que le gouvernement fasse grimper le cours de l’or à 10 000 $ l’once, voire plus. Voilà qui ferait sourire Franklin D. Roosevelt, qui a été confronté à un problème semblable en son temps.
Enfin, il y a les krachs de marché, les crises bancaires et les crises monétaires.
Bien que techniquement différents, ils ont beaucoup de points communs : ils surviennent de manière soudaine et inattendue, et peuvent engendrer d’énormes pertes en peu de temps pour les investisseurs qui, pour la plupart, ne les voient pas arriver malgré de nombreux signaux d’avertissement techniques généralement ignorés ou mal compris.
Les crises boursières peuvent déclencher des récessions, mais pas toujours.
En 2000, le NASDAQ Composite a amorcé un plongeon de 80 %, mais la récession de 2001 a été assez modérée et brève : elle n’a duré que 8 mois et n’a fait baisser le PIB américain que de 0,3 %. Le krach boursier survenu lors de la récession de 2020 a été de 19,2 %, mais ces pertes ont été effacées en neuf mois. En revanche, le krach boursier de 1929 a déclenché la Grande Dépression. Les actions ont chuté de plus de 80 % et n’ont atteint un plus bas qu’en 1932. Et comme je l’ai souligné, les indices boursiers ne se sont pas redressés avant 1954.
Tout est une question de prêts bancaires
Les prêts bancaires sont l’un des facteurs qui déterminent si les krachs boursiers vont provoquer ou non des dépressions, et si les actions se redresseront rapidement ou non.
Si les banques ne veulent pas prêter et que des clients solvables ne veulent pas emprunter, alors l’économie sombre dans une spirale déflationniste ou dans la dépression. Dans ces circonstances, le marché actions actuel pourrait chuter dans des proportions jamais constatées depuis 2000 (une baisse de 80 %) ou 1929 (une baisse de 83 %).
L’effet de levier constitue l’autre facteur ayant un effet sur la baisse du marché actions. Le krach du NASDAQ, en 2000, a pénalisé les investisseurs (rappelez-vous de Pets.com) mais ne s’est pas propagé, et n’a pas non plus menacé le système bancaire. En effet, il y avait peu d’effet de levier au sein de la bulle des dot.om.
Quand l’effet de levier est présent, les pertes du marché actions (ou la baisse de la valeur d’autres actifs) se propagent rapidement aux prêteurs, qui enregistrent des pertes sur prêts, puis des faillites bancaires surviennent.
Cette contagion (la même, mathématiquement, que celle des modèles d’épidémiologie) est à l’origine des crises bancaires.
Les banques sont à la fois le filet de sécurité de tout le système financier (en tant que prêteurs) et la seule source d’argent réel (via la création de l’eurodollar).
Ne comptez pas sur les banques centrales pour sauver le système : elles ne le peuvent pas.
Mais certaines banques individuelles le peuvent, si elles fournissent des liquidités à des entreprises solvables temporairement en difficulté. C’est lorsque les banques elles-mêmes sont remises en question, et qu’au lieu de prêter, elles font profil bas pour se sauver elles-mêmes, que tout le système est proche de l’effondrement.
L’histoire des crises bancaires est tout à fait remarquable.
Aux Etats-Unis, il y a eu des crises bancaires majeures en 1837, 1857, 1873, 1893, 1896, 1907, 1914 et 1929. Certaines ont coïncidé avec des dépressions (1873, 1893, 1896, 1929) et d’autres, non (1907).
Certaines crises sont liées à des guerres, au cours desquelles les belligérants veulent tous récupérer leur argent, généralement sous forme d’or. La crise de 1914 l’illustre parfaitement. Le New York Stock Exchange a fermé d’août à décembre, cette année-là.
Il s’est écoulé une longue période sans crises bancaires entre 1929 et 1974. Cette pause de 45 ans est globalement due au redressement postérieur à la Grande Dépression, à la création de la garantie des dépôts par la FDIC, au contrôle du gouvernement au cours de la seconde guerre mondiale, et à l’avènement du marché de l’eurodollar dans les années 1960.
La série de crises bancaires plus proches de nous a débuté en 1974, avec le krach de la banque Herstatt, en Allemagne, provoqué par des pertes de change.
A partir de là, des crises bancaires sont survenues en 1984 (Continental Illinois), en 1994 (La « crise Tequila » de la dette mexicaine), en 1998 (le krach Asie-Russie-LTCM), en 2008 (crise des subprimes), en 2020 (pandémie) et en 2023 (Silicon Valley/Credit Suisse).
Ce que je veux dire, c’est que les crises bancaires ne sont pas rares. Elles ne surviennent pas à des dates prévues à l’avance, mais l’on peut considérer que tous les sept ans comme une moyenne.
La dernière s’est produite en 2023… alors préparez-vous à la prochaine !
Comment traverser ces périodes agitées ?
Les récessions sont les crises les moins dévastatrices. Elles relèvent plus du cycle économique que les crises bancaires, et la reprise a tendance à être rapide.
En revanche, les dépressions sont bien plus problématiques. Il ne s’agit pas d’effondrements, mais de longues périodes de faible croissance, de faillites d’entreprises et de récessions ponctuelles.
Les krachs boursiers et les crises bancaires peuvent être bien plus dévastateurs pour les investisseurs, car ils sont presque impossibles à prédire et d’énormes pertes interviennent rapidement.
Pour les investisseurs, la solution, c’est une réelle diversification et une sorte de portefeuille « adapté à tous les temps ».
Il faut détenir de l’or, de l’argent métal, des liquidités, des entreprises non cotées et de l’immobilier – en plus de vos actions et obligations de grande qualité.
Réagissez rapidement quand les problèmes commencent, et déplacez vos actifs les plus affectés.
Ne vous dites pas que le marché se trompe. Le marché n’a jamais tort ou raison. Il se contente d’être ce qu’il est.
Certains actifs de ce portefeuille type pourraient être touchés lors d’une crise, mais d’autres enregistreront une remarquable performance.
Et plus important encore, vous aurez une nouvelle chance.
