D’un océan à l’autre, on chante la même rengaine : plus d’emplois, plus de revenus, plus d’abondance. Mais derrière les chiffres du PIB et les grands discours budgétaires, la réalité est moins reluisante.
« Nous allons connaître une croissance comme nous ne l’avons jamais connue auparavant. » – Donald Trump
La croissance ! La croissance ! La croissance !
Plus d’emplois ! Plus de revenus ! L’abondance ! Le bonheur, d’un océan à l’autre !
Nous savons que nous nous rapprochons du bonheur lorsque nous voyons les chiffres du PIB. Ces chiffres nous disent quand nous sommes sur la voie d’obtenir ce que nous désirons : toujours plus de tout.
Sur ce point, les deux camps politiques s’entendent et se rapprochent. Avec l’avènement de la nouvelle doctrine de l’abondance, la croissance est devenue le Jéhovah que vénèrent désormais les démocrates. Quant aux républicains, ils la considèrent également comme leur Yahvé depuis la naissance virginale de « l’économie de l’offre » dans les années 1970.
Dernière nouvelle : le Sénat vient d’adopter une version de l’abomination budgétaire de Trump, grâce au vote décisif du vice-président. Reuters rapporte :
« Le Sénat américain adopte le projet de loi de Trump sur les réductions d’impôts et les dépenses, ouvrant désormais la voie à une bataille à la Chambre des représentants. »
Cette version élaborée par le Sénat va encore plus loin que celle de la Chambre dans l’opacité budgétaire. Les chiffres sont discutables, mais il semble qu’elle ajoutera quelque 26 000 milliards de dollars à la dette nationale d’ici 2035.
« Ne vous inquiétez pas, disent les républicains. La croissance rendra la dette inutile. »
Aujourd’hui, nous nous interrogeons sur cette question. La croissance est-elle une sorte de faux dieu ?
En guise d’avant-goût, nous verrons que les autorités fédérales peuvent produire plus de presque tout – y compris plus d’argent. Mais ce qu’elles ne peuvent pas fabriquer, c’est une véritable croissance.
Les statistiques sont trompeuses, voire mensongères. La baisse du chômage, par exemple, est présentée comme une bonne nouvelle, mais cela ne signifie pas pour autant que les gens vivent mieux. Et cela ne vous dit pas non plus s’ils font quelque chose qui en vaille la peine.
Les Soviétiques avaient atteint le plein emploi en forçant les gens à creuser des canaux, à coups de pioches et de pelles. Les Etats-Unis pourraient, eux aussi, atteindre le plein emploi, peut-être en creusant un canal géant entre le Mexique et les Etats-Unis… ce qui ferait « d’une pierre deux coups », en quelque sorte !
Les Soviétiques ont également démontré qu’ils pouvaient produire autant de « croissance » qu’ils le voulaient, simplement en augmentant les quotas de production. Les directeurs d’usine recevaient leurs ordres de bureaucrates, pas de clients. Leur sort, récompenses ou sanctions, dépendait du respect de ces objectifs.
Ainsi, un directeur pouvait recevoir une tape dans le dos en fonction du poids total de clous fabriqués, mesurés en livres. Le plus simple pour lui était alors de produire d’énormes clous bien lourds… que personne ne voulait. Les génies du Gosplan pouvaient ensuite modifier le système de primes pour qu’elles soient calculées sur le nombre de clous produits plutôt que sur leur poids. Les gestionnaires pourraient alors produire des millions de petits clous… dont personne ne voudrait, non plus.
C’est là le problème fondamental de tous les projets gouvernementaux : nous ne savons si quelque chose vaut la peine d’être fait que lorsque les gens, de leur plein gré et avec leur propre argent, acceptent de payer pour les avoir.
En fin de compte, ce sont les citoyens qui paient pour toutes les bêtises des autorités fédérales. Mais les signaux envoyés par les électeurs aux dépensiers fédéraux sont filtrés par tant de lobbyistes, d’escrocs, d’illusions statistiques et de grands donateurs politiques qu’il perd son « contenu informatif ».
Et même si les électeurs approuvent le programme de dépenses, leur situation ne s’améliore que s’il permet de produire des gains réels. C’est également le défi que doit relever l’industrie privée. Si un chasseur dépense 2 000 calories pour attraper un lapin dont la viande ne contient que 1 500 calories, sa situation empire. S’il continue ainsi, il mourra de faim.
De la même manière, une entreprise – publique ou privée – qui consacre 100 dollars de temps et de ressources à fournir un bien ou un service qui n’en vaut que 99 ne fait pas qu’y perdre de l’argent… elle appauvrit le monde d’un dollar.
Les faits comme la théorie montrent qu’il est presque impossible pour les planificateurs centraux de maintenir les coûts à un niveau raisonnable tout en générant un gain réel pour les contribuables. Même les programmes qui paraissent logiques finissent par dépasser leur budget… et par être retardés ou déformés.
Grâce aux faux taux d’intérêt de la Fed et aux réglementations nationales et fédérales, par exemple, les prix de l’immobilier ont à peu près doublé au cours des dix dernières années, tandis que les salaires n’ont augmenté que d’environ 50 %. Résultat : un logement moyen est désormais hors de portée pour un ménage moyen. Une nouvelle crise !
Que faire ? Plus d’abondance, plus d’offre, plus de croissance, plus de logements ?
Les initiatives californiennes en matière de « logements abordables » peuvent coûter jusqu’à un million de dollars par unité. C’est de la croissance ! Mais nous finirons tous un peu plus pauvres qu’hier.
1 commentaire
La croissance n’a pas été une illusion en Occident entre 1950 et 1990 environ. Elle n’a pas n’a pas été et n’est toujours pas une illusion dans une grande partie de ce que l’on appelait en Occident le « Tiers Monde ». Mais comme tout matérialisme elle rencontre des paliers et peut régresser.