Les fonds d’actifs financiers non cotés offrent des opportunités de diversification avec des rendements variables, mais leur accessibilité, les frais et les risques nécessitent d’implémenter une stratégie d’investissement prudente.
Dans notre article précédent, nous avons vu que les fonds d’actifs financiers non cotés, en forte croissance, offrent des performances variables selon leur type et leur stratégie d’investissement.
Des frais relativement réduits
L’étude de l’AMF ne manque pas de se pencher sur les frais dont nous savons combien ils peuvent influer sur la performance.
Pour comparer les frais des différents types de fonds, l’AMF a choisi de prendre en compte les frais totaux comprenant les frais récurrents (essentiellement des frais de gestion et administratifs prélevés sur l’année) et les frais de fonctionnement non récurrents.
L’AMF précise que les niveaux de frais indiqués dans l’étude, exprimés en pourcentage du total des souscriptions, ne tiennent pas compte des frais propres à la distribution, hors rétrocessions issues des frais de gestion, tels ceux provenant des contrats d’assurance-vie lorsque les fonds sont commercialisés à une clientèle particulière en unités de compte. Par conséquent, les indicateurs chiffrés sur les montants de frais minorent les frais effectivement prélevés en pratique.
Le tableau ci-dessous synthétise le niveau de frais annuels avec deux indicateurs comme précédemment : la médiane (la moitié des fonds ont des frais plus élevés et l’autre moitié des frais plus bas) et la moyenne des frais pondérés par les encours des fonds.
Nous remarquerons que les FIP et FCPI affichent les frais totaux annuels les plus élevés avec des médianes respectives de 3,5% et 3,2%. Les frais des FCPR, evergreen et non evergreen, sont comparables avec des médianes valant respectivement 2,4% et 2,5%. Enfin, ce sont les FPCI et FPS à appel progressif du capital qui présentent les médianes de frais totaux les plus faibles, de l’ordre de 1,7%.
Investir dans les FCPR avec prudence
L’Autorité des marchés financiers rappelle, sur son site web, que les fonds de capital-risque ou de capital-investissement peuvent être très risqués.
Il existe d’abord un risque de perte en capital, les perspectives de développement des sociétés dans lesquelles les fonds investissent étant incertaines.
Il y a aussi un risque d’illiquidité, puisque les titres des sociétés non cotés ne peuvent pas être vendus sur un marché secondaire. Leur cession nécessite ainsi souvent plusieurs mois. Par conséquent, il faut avoir à l’esprit, lorsque l’on investit, que l’argent placé ne sera pas disponible à court et à moyen termes.
En fait, il est pratiquement impossible d’obtenir le rachat des parts avant la fin de la durée de vie du fonds, ce délai pouvant même être prolongé si la société de gestion ne parvient pas à céder les titres des sociétés sur lesquelles elle a investi.
Les FCPR présentent enfin un risque lié à la valorisation des titres en portefeuille. Celle-ci, basée sur la valeur actuelle de ces titres, peut ne pas refléter le prix reçu en contrepartie d’une cession ultérieure desdits titres.
Par conséquent, il est important de prendre en compte ces différents risques avant d’investir dans des FCPR. Cela dit, les risques encourus en valent-ils la chandelle ? Pour le dire autrement, ces fonds offrent-ils la « performance inégalée » que leurs promoteurs mettent souvent en avant pour attirer les investisseurs ?
L’étude de l’AMF montre que ce n’est globalement pas le cas. Rappelons tout de même que les indicateurs de performance présentés par l’AMF sur les fonds vivants d’actifs financiers non cotés ne constituent qu’une estimation à date ne préjugeant pas des performances finales des fonds. Celles-ci ne seront définitivement connues qu’à la liquidation intégrale des actifs des fonds.
Néanmoins, il semble que les FCPI et les FIP, avec des rendements négatifs, sont plutôt à éviter. Les autres FCPR, evergreen ou non, offrent des rendements supérieurs, surtout ceux qui investissent de manière indirecte via des parts de fonds d’actifs financiers non cotés. Mais, comme nous l’avons dit, leur performance est liée à celle des fonds professionnels sous-jacents qui ont surperformé en 2023 et ont tiré la moyenne à la hausse.
En revanche, les fonds professionnels accessibles aux particuliers aisés capables d’investir au minimum 100 000 euros, et notamment les FPCI et les FPS à appel de fonds progressif, présentent des performances relativement bonnes (médianes de 7,5% et 6,4%).
Il semble donc judicieux d’investir de manière progressive afin de pouvoir lisser les bonnes performances et les moins bonnes. Nous l’avons vu, selon l’année d’entrée dans un fonds, singulièrement les FIP et les FCPI, la performance peut varier de 1% à 9%. Dans ce cas, il est pertinent d’investir plusieurs années de suite dans des fonds différents plutôt qu’en une seule fois dans un seul fonds.
Nous avons également vu que le rendement moyen pondéré était, dans la très grande majorité des cas, supérieur à la performance médiane, ce qui signifie que la taille du fonds influe sur la performance. Par conséquent, il vaut mieux investir dans un FCPR avec des encours importants que dans un petit fonds inconnu.
Enfin, il est important de porter une attention aux frais qui, comme pour tous les placements, peuvent venir influer négativement sur la performance. Et si les fonds sont logés dans une assurance-vie, les frais propres au contrat risquent de rendre le FCPR inintéressant. A cet égard, il est à noter que FCS et FPCI sont les fonds qui offrent le meilleur rendement, et sont aussi ceux qui ont le taux de frais le plus faible. Ceci explique sans doute en partie cela !
Les FCPR ne peuvent être qu’un placement de diversification. Le problème est que les fonds les plus intéressants sont les FCS et les FPCI, initialement réservés aux professionnels et rendus accessibles aux particuliers avertis moyennant un investissement minimum de 100 000 euros. Or, pour pouvoir mettre 100 000 euros dans un placement de diversification, il faut disposer d’un capital minimal de 1 à 2 millions d’euros. Ce n’est clairement pas pour toutes les bourses.
Sinon, il reste les FCPR evergreen et les FCPR non evergreen investis en parts de fonds. Les meilleurs d’entre eux offraient en 2023 un rendement annualisé de 6% pour les premiers et de 10% pour les seconds. Ce n’était pas si mal. En tout cas mieux que l’inflation cette année-là !