La seule façon de rendre aux Etats-Unis leur grandeur est de réduire ce qui les a rendus moins grands.
Les gens choisissent leurs collègues de travail. Ils choisissent avec qui ils vont se marier et vivre. Ils choisissent leur dentiste, leurs médecins et leurs décorateurs. Ils choisissent leur président et leurs représentants au Congrès. Ils choisissent leur nourriture, leurs vêtements, leurs voitures, leurs films et leurs plantes d’intérieur.
Mais ils ne choisissent pas leur famille. Et lorsque les cartes génétiques sont mélangées et distribuées, on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
Si vous avez une famille nombreuse, vous avez toutes les chances d’avoir une maison remplie… de rois, de reines, de valets et de jokers. Et d’adorables petits-enfants. L’un d’eux aime lire, il s’installe régulièrement au coin du feu avec un livre et y reste jusqu’à ce qu’on l’interrompe. Un autre est un garçon qui aime jouer dehors, prêt à monter dès que possible sur le tracteur avec son grand-père. L’une des petites filles n’est que sourires et baisers. Une autre est toujours prête à faire des bêtises. Et l’adolescent est un philosophe.
Nous avions passé la veille de Thanksgiving à fendre du bois pour le chauffage. Toute la journée, nous avons chargé les bûches – chêne, robinier, cerisier et peuplier – sur la fendeuse. Une fois fendues, les bûches ont été empilées dans la grange, où elles reposeront jusqu’à l’année prochaine.
Le soir, nous avons rejoint nos petits-enfants devant le feu de cheminée.
« Grand-père, tu crois en Dieu ? » nous a demandé notre petit-fils de 16 ans.
« Il serait vain et stupide de ne pas croire en Dieu », lui ai-je répondu.
Cette réponse ne l’a pas satisfait.
« Cela signifie-t-il que tu crois en Dieu ? »
« Dieu n’a pas besoin que je croie en lui. Ou que je n’y croie pas. Je ne suis qu’un minuscule vairon pris dans le grand filet de Dieu, qui attend qu’il me remonte. Mais… Demande-moi quelque chose de plus facile. »
« OK… peux-tu me montrer comment faire un feu ? »
Notre petit-fils vit en Floride. Apparemment, les Floridiens n’ont pas encore découvert le feu.
« Commence par prendre du bois. Demain, nous irons couper ces deux hêtres dans le jardin. »
« Mais grand-père, n’avons-nous pas besoin des arbres pour absorber le dioxyde de carbone, afin que la planète ne surchauffe pas ? »
« Non. Ici, dans le Maryland, les arbres poussent vite. Et ils poussent partout. Il suffit de laisser un champ et de ne pas y toucher pendant quelques années pour qu’il soit couvert d’arbres. Il existe aujourd’hui des programmes frauduleux, où les promoteurs vous paient pour planter des arbres afin de compenser les arbres qu’ils ont coupés. Mais les arbres poussent tout seuls. Ils n’ont pas besoin de nous pour les planter. Si tu coupes un arbre, cela facilite la croissance d’autres arbres. »
« Grand-père, mais si on coupe tous les arbres, ce n’est pas bon pour le climat, n’est-ce pas ? »
« Probablement pas. Mais je ne vais pas tous les couper. Juste deux d’entre eux. »
Puis nous avons mis ce sujet temporairement en pause, et nous sommes passés à d’autres thématiques.
Les experts nous disent que les dernières élections présidentielles ont déclenché des milliers de divorces. Les couples se sont brisés parce qu’ils ne parvenaient pas à résoudre leurs divergences politiques. Après les élections, l’un était triomphant, l’autre abattu. Aucun des deux ne pouvait pardonner à l’autre.
Il nous avait été conseillé de ne pas parler de politique lors de notre réunion familiale. Mais, le jeune homme de 16 ans n’avait pas dû comprendre le message.
« Grand-père, à ton avis, que va-t-il se passer, maintenant que Trump est de retour à la Maison-Blanche ? »
Nous avons hésité à lui répondre.
« La seule façon de rendre aux Etats-Unis leur grandeur est de réduire ce qui les a rendus moins grands. Les Américains ne sont pas pires que ce qu’ils n’étaient avant. Ils travaillent toujours dur. Ils veulent toujours gagner de l’argent. Ils sont toujours aussi stupides… ou aussi intelligents… qu’avant.
Ce qui est différent, c’est que le gouvernement a beaucoup plus de poids, et est plus intrusif. Les dépenses non liées à la défense représentaient à peine 5% du PIB jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, elles représentent environ 20% du PIB. Mais il ne s’agit là que des dépenses annuelles. La réglementation et la dette sont cumulatives. Elles s’accumulent depuis des décennies. Elles entraînent aujourd’hui tant de retards et de dépenses inutiles qu’une grande partie de la production américaine est gaspillée… ou ne produit rien.
Les paiements d’intérêts sur la dette fédérale s’élèvent aujourd’hui à plus de 1 000 milliards de dollars par an. Cela représente près de 4% de la production consommée pour payer des programmes morts depuis longtemps, des guerres oubliées et des ‘investissements’ qui n’ont pas porté leurs fruits.
Et l’Association nationale des fabricants nous dit que les réglementations fédérales coûtent à l’économie 3 000 milliards de dollars supplémentaires par an. A elles deux, elles représentent environ 15% de l’ensemble du PIB américain. Il n’est donc pas étonnant que la plupart des gens aient fait très peu de progrès économiques réels au cours des cinquante dernières années.
C’est là le véritable défi : maîtriser le gouvernement fédéral, empêcher les élites de dépouiller tout le monde. Tout le reste n’est que détail… ou bruit. »
Notre petit-fils s’est tu. La politique – ou du moins notre version de la politique – l’ennuyait peut-être. Il était temps de couper du bois.