Un coup d’œil sur la révolte contre la réforme des retraites en France et le sempiternel problème des pyramides de Ponzi qui nous suivent du berceau au tombeau…
Nous étions en France il y a encore quelques jours. Le sujet brûlant du moment, c’est la réforme des retraites. Tout le monde en parle. Tout le monde a son avis sur la question. Le gouvernement d’Emmanuel Macron souhaite relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. L’idée est de sauver le système.
Les Français sont descendus dans la rue pour s’y opposer. De nombreux manifestants sont si jeunes qu’ils ne sont pas encore entrés dans le système. Ce n’est probablement pas la réforme des retraites en elle-même qui les a énervés, mais l’idée que le gouvernement ne prendrait peut-être pas soin d’eux, du berceau au tombeau. Nous avons des machines pour accomplir les tâches physiques et des immigrés pour les faire fonctionner. Et désormais, l’intelligence artificielle peut réfléchir à notre place, n’est-ce-pas ? De nombreux jeunes doivent se demander pourquoi ils doivent travailler.
La plupart des pays occidentaux sont dans le même bateau. Moins de travailleurs. Plus de retraités. Tous ces programmes ont été conçus comme des pyramides de Ponzi, dans lesquelles le premier servi serait le mieux loti. Par la suite, le système finirait à court d’argent.
Des choix difficiles
Que faire ? Il n’y a que trois solutions possibles : augmenter les impôts, baisser les pensions des retraités ou relever l’âge de la retraite. Le gouvernement Macron a choisi la troisième option.
Les points de vue sur le sujet se divisent en deux catégories principales : ceux qui sont pour et ceux qui sont contre.
Pour représenter le camp de ceux qui sont pour la réforme, nous nous tournons vers l’un de nos chroniqueurs favoris, J. Neilson, qui écrit, en anglais, pour le Buenos Aires Times :
« Lorsque les jeunes gens âgés aujourd’hui de la vingtaine auront 64 ans, ils vivront dans une société qui sera différente de celle dans laquelle ils ont grandi dans les mêmes proportions que celle d’aujourd’hui sera différente de la fin du vingtième siècle, lorsqu’il y avait plus de deux actifs par retraité pour financer le système. La France compte désormais moins de 1,7 actif par retraité et leur nombre fond à vue d’œil.
Sans surprise, nombreux sont ceux qui se sentent abandonnés par leurs dirigeants politiques qui, comme leurs homologues aux quatre coins du monde démocratique, prétendent avoir des ‘solutions’ aux problèmes qui préoccupent les électeurs mais qui parviennent rarement à améliorer les choses. »
L’argumentaire de vente utilisé pour vendre les systèmes publics de retraite était que les contribuables en auraient pour leur argent. Ce fut le cas pendant de nombreuses années. Mais désormais, maintenant que les jeunes actifs se font moins nombreux et que les taux de croissance reculent… les politiciens peuvent encore faire des promesses. Mais ils ne peuvent pas les tenir. Dès lors, l’argument des opposants est très simple : que ça vous plaise ou non, il faut réduire le montant des pensions de retraite. Au minimum, il faudra faire des choix difficiles.
Injuste et hors de prix
Mais attendez. Le camp de ceux qui s’opposent à cette réforme des retraites a été représenté dernièrement par Simon Kuper, dans les colonnes du Financial Times. On peut faire confiance à M. Kuper pour se tromper sur quasiment tous les sujets. On peut donc présumer que c’est le cas une fois de plus.
« Les Français ont montré au monde la voie à suivre en créant une nouvelle magnifique étape de la vie », écrit-il : « La première décennie de retraite. »
Ils n’avaient pas les moyens ? Balivernes. « Leur système reste pérenne. Tout le monde devrait en prendre de la graine. »
Kupler explique que le français moyen peut désormais prendre sa retraite à 62 ans et ainsi profiter de la vie pendant 20 ans. Les dix premières années de la retraite devraient être formidables, affirme-t-il, car la santé des retraités s’améliore dans un premier temps (peut-être parce qu’ils ont plus de temps pour faire de l’exercice ?).
Par ailleurs, il ajoute que « les retraités français jouissent d’un niveau de vie supérieur à celui des actifs, si l’on prend en compte le fait qu’en général, les retraités n’ont pas d’enfant à charge ou de prêts immobiliers à rembourser ».
Comment stopper les pertes du système de retraite français ? Selon M. Kuper : « Il suffit de faire travailler les 10% des plus hauts salaires jusqu’à 67 ans. Dans la mesure où ce sont ceux qui paient le plus d’impôts, cela devrait contribuer à pérenniser le système. Laissez les gens du peuple profiter de la vie tant qu’ils le peuvent. »
Le dernier à partir
De quel côté vous situez-vous ? Etes-vous pour ou contre la réforme des retraites ? Voulez-vous fixer l’âge de la retraite à 60, 70 ou 75 ans ? Faire travailler les riches plus longtemps pour que les moins riches puissent batifoler à 60 ans ?
Ça doit être grisant d’organiser la vie des autres, par millions. De leur dire quand ils devraient travailler et quand ils devraient se reposer. Après tout, pourquoi pas ?
Mais attendez, votre retraite est-elle l’affaire des autres ?
Bien sûr que oui. Dans le monde moderne, les systèmes de retraite sont collectivisés et obligatoires. Et maintenant qu’il est difficile de les financer, il faut s’attendre à plus de coupes, plus de compromis et plus de baratin. Les budgets publics sont limités. Par conséquent, si vous voulez partir à la retraite à 62 ans, il faudra renoncer à certains programmes publics formidables, comme les éoliennes, la couverture sociale, les armes ou les guerres.
Compte tenu du choix qui lui est offert, le citoyen lambda n’hésiterait pas une seconde à prendre les retraites et les prestations de soins de santé, quitte à sacrifier le reste. Mais ce n’est pas le citoyen lambda qui dirige le gouvernement. Ce sont les élites. Et comme les élites tirent leur argent des prestations sociales et des subventions militaires, où les dollars peuvent se transformer en bénéfices d’entreprise, en financement de groupes de réflexion, en frais de conférence et en sinécures, elles seront les dernières à mettre les voiles.
Les retraites, qui vont dans les poches du « peuple », devront être réduites.
4 commentaires
Dénigrer le fait que les jeunes commencent à s’inquiéter de leur lointain devenir est une erreur de jugement ! La sénilité commence peut-être ses effets?
Stiglitz a donné une bonne réponse en ce qui concerne le financement des retraites.
Qu’on laisse travailler les gens s’ils le veulent et si cela leur rapporte soit…Mais quand on voit qu’à partir de 45 ans les gens sont jetés des entreprises et combien de freelance ou d’auto-entrepreneurs vivent correctement de leur activité… à peine 20%
Savez vous la moyenne des retraites des petits commerçants indépendants ? C’est en dessous du seuil de pauvreté !
Le problème de financement n’existe pas si l’on taxe à partir d’un certain niveau de vie les revenus des plus aisés puisqu’ils contribuent à l’effet social et sociétal en octroyant du travail ou en licenciant ceux qu’ils considèrent comme moins productifs. D’ailleurs certains demandent à être taxés puisqu’ils gagnent beaucoup d’argent comme le Giving Pledge…c’est faire œuvre sociétal !
Il y a aussi un problème majeur de créativité qui ne génère pas assez de productivité rentable, cela est en partie due aux taxes, impositions mais surtout à la captation des marchés par des minorités qui ne veulent évidemment pas voir rognées leurs parts de marché. Essayez de pénétrer un marché dont les acteurs se sont réunis en club et voient d’un mauvais oeil le risque d’un nouveau concurrent.
Blackrock ne donne pas du travail pour toutes les personnes qui en cherchent !
Comme vous le dites le système de Ponzi qui ne fonctionne que pour ceux en haut de la pyramide doit être taxé par les gouvernements puisque ces derniers s’endettent sans jamais résoudre les problèmes qui au contraire s’amplifient et enrichissent les plus riches par le jeu des consommations qui retombent dans leurs profits (vu la carte des détenteurs monopolistiques ou oligarchiques des entreprises et groupes multinationaux).
Bien sûr les membres des gouvernements corrompus n’accepteront pas de voir rognés leurs privilèges !
Vous faites semblant de confondre augmentation des impôts et augmentation des cotisations (ouvrières et patronales) pour faire peur aux gens. Ça ne marche plus, nous savons réfléchir par nous-memes. Par ailleurs on nous parle de faire cette réforme punitive pour sauver le système par répartition. C’est indigne alors que les financiers au pouvoir font tout pour le mettre à mal. Combien coute à l’Etat la réduction d’impôt lié au PER par exemple ? Enfin on nous parle d’un déficit annuel d’une dizaine de milliards (cette année est en benefice) mais on oublie de dire que c’est sur un budget global de plus de 300 milliards (331,6 en 2020). Cette réforme inique rejetée par une grande majorité des français ne passera pas.
Andre: Pompidou 1er ministre son responsable des affaires sociales avait fait une etude sur le futur concernant le domaine des retraites/s.s, et alloc. familiales. le resultat etait catastrophique d’où la creation du:plan epargne populaire(le pep).on avait propose à ce responsable du social à matignon, d’etre ministre des affaires sociales il declina la proposition et a fonde un ecole: institut de gestion sociale à Paris. J’ai ouvert un pep au sein d’une mutuelle d’assurances. je conseille à toutes les personnes qui commence à travailler d’ouvrir un plan epargne retraite.