Comment le patron de la plateforme crypto FTX est passé du statut de « prochain Warren Buffett » à celui de « prochain à abattre ».
Voici des nouvelles du secteur des cryptomonnaies, en provenance de Bloomberg :
« Un crypro-drame de 48 heures s’est terminé par une annonce inattendue mardi, lorsque Binance Holdings Ltd. a accepté d’acquérir son plus grand rival, FTX.com.
La tournure brutale des événements va remodeler le secteur pesant plus de 1 000 milliards de dollars, dans un contexte de ralentissement du marché qui pourrait se prolonger. Les deux fondateurs des plateformes rivales ont déclaré l’annonce sur Twitter en même temps. ‘Afin de protéger les utilisateurs, nous avons signé une lettre d’intention non contraignante, pour acquérir intégralement FTX.com et aider à couvrir la pénurie de liquidités’, a déclaré Changpeng Zhao, PDG de Binance, dans un tweet. Les conditions n’ont pas été divulguées.
‘Un grand merci à CZ, Binance et tous ceux qui nous soutiennent’, a déclaré Bankman-Fried, PDG de FTX sur Twitter. ‘L’une des principales raisons pour lesquelles nous avons demandé à Binance d’intervenir est d’éliminer les problèmes de liquidité ; tous les actifs seront couverts.’ »
[NDLR : cette nuit, Binance a finalement annoncé que l’achat n’aurait pas lieu, notamment en raison de doutes liés aux comptes de FTX.]
Pauvre Sam. Lui qui était monté si haut… vient d’être désarçonné.
Bankman-Fried était devenu un grand nom dans le secteur des cryptomonnaies ; il apparaissait presque constamment dans la presse au cours des trois dernières années. Il y a quelques mois à peine, il renflouait généreusement des entreprises de cryptomonnaies en difficulté telles que BlockFi et Voyager Digital, en utilisant ses 32 Mds$ de FTX, un peu comme le financier J. P. Morgan, qui a utilisé sa propre fortune pour renflouer Wall Street, lors de la panique de 1907.
En août dernier, la couverture du magazine Fortune était une photo de Bankman-Fried derrière le titre « Le prochain Warren Buffett ? »
Puis, aujourd’hui, Bloomberg nous apprend que sa fortune a été « éviscérée ».
Vous le savez, à La Chronique Agora, nous avons toujours de la compassion pour les faillis, les ivrognes, les irréductibles et les causes perdues…
Doute et cynisme
Mais notre sympathie pour M. Bankman-Fried est tempérée par le doute et le cynisme.
Tout d’abord, nous nous méfions des personnes dont le nom de famille comporte un trait d’union. Cela suggère une sorte de schizophrénie… comme s’ils n’étaient pas tout à fait sûrs de qui ils sont. M. Bankman… ou M. Fried ? Et plaignez la pauvre secrétaire qui doit répondre au téléphone :
« Bonjour. Ici le bureau de M. Bankman-Fried. »
« M. Bankman est-il là ? »
« Non, j’ai bien peur qu’il ne soit chez lui aux Bahamas… »
« Alors, je peux parler à M. Fried ? »
« Non, j’ai bien peur qu’il soit absent aussi. »
Deuxièmement, nous sommes face à un homme qui est né avec une cuillère en argent dans la bouche et un ordinateur portable dans la main. Il est né en 1992, sans jamais souffrir des affres du manque de connexion d’un monde pré-internet. Il a grandi avec la bulle Internet… a vécu dans une bulle de richesse et de privilèges autour de San Fransisco… puis a obtenu son diplôme du MIT et est allé travailler à Wall Street au moment où une autre énorme bulle se formait.
Ses parents – M. Bankman et Mme Fried – étaient tous deux professeurs à la faculté de droit de Stanford. Ce seul fait l’aurait placé sur une piste privilégiée. Mais il était également doué pour l’arithmétique, arrivant à l’âge adulte au moment où les compétences en mathématiques étaient très recherchées.
Il a rapidement négocié des ETF… arbitré des bitcoins… et, à 26 ans, le prodige des bulles avait fondé FTX, qui est rapidement devenu l’une des plus grandes plateformes d’échange de cryptomonnaies au monde.
Sa réussite était telle qu’avant d’avoir 30 ans, il possédait déjà une fortune que la plupart des hommes mettraient toute une vie à acquérir : 24 Mds$.
Carnegie… Rockefeller… Bankman ?
24 Mds$, c’est beaucoup d’argent pour un homme de 29 ans. Et cela suscite une autre curiosité : l’argent est censé refléter la contribution d’une personne – en termes de biens ou de services – à la richesse des autres. Andrew Carnegie nous a donné l’acier. John D. Rockefeller a trouvé du pétrole. Quelle a été la contribution de SBF ?
Quelle qu’elle soit, elle a fait long feu. Ars Technica précise la situation :
« [La proposition d’un potentiel rachat] de l’une des entreprises les plus importantes et les plus en vue du secteur des cryptomonnaies par son principal concurrent a eu des répercussions sur le marché. Le bitcoin a chuté de 17%, tandis que les cryptomonnaies plus méconnues ont connu des chutes encore plus importantes. L’action Coinbase, cotée aux États-Unis, a chuté d’environ 14%.
FTX a atteint une valorisation de 32 Mds$ au début de l’année, avec des investisseurs de premier ordre, dont BlackRock, ou encore SoftBank, qui soutiennent l’entreprise. Dans un secteur qualifié de ‘Far West’ par le principal régulateur de Wall Street, FTX était largement considéré comme l’un des acteurs les mieux gérés, son fondateur Bankman-Fried faisant régulièrement pression sur les législateurs à Washington.
Connu sous le nom de SBF et réputé pour son uniforme non officiel composé d’un short et d’un T-shirt, Bankman-Fried disposait, il y a six mois seulement, d’une fortune estimée à 24 Mds$. Il fait partie des dirigeants du secteur des cryptomonnaies les plus connus et a participé à des conférences où il a interviewé des personnalités comme Bill Clinton et Tony Blair. »
Un spectacle
C’est un autre élément qui nous rend suspicieux à son égard. SBF se donnait en spectacle. En public, Il semblait prospérer en multipliant les interventions dans la presse… et les apparitions aux côtés de célébrités politiques. Il y a clairement quelque chose qui ne tourne pas rond avec ce type de personnes.
Et ce n’est pas tout : SBF était connu pour son mépris pour l’argent. On peut comprendre qu’un homme qui gagne au loto décide de dépenser son argent dans des grosses voitures, et des plaisirs de toute sorte. Il peut gaspiller son argent comme il le souhaite. Mais SBF, comme Bill Gates, voulait se débarrasser de tout son argent – en le donnant à de bonnes causes. C’est comme si, au lieu d’inviter ses amis à une bonne soirée de débauche, il préférait les emmener à une soirée de prière. La richesse non méritée aura ruiné leur vie dans tous les cas… mais sans le plaisir qui en fait la valeur. Il appelle cela « l’altruisme efficace ».
Et l’argent qu’il a réussi à distribuer est tombé dans le plus grand des trous à rats possibles. Lors de la dernière élection présidentielle, il a été le deuxième plus grand donateur de Joe Biden – pour un total de 5,2 M$.
Mais maintenant, la bulle de SBF a éclaté.
Merci, Mr. le Marché.
1 commentaire
Vous êtes vraiment méchant Mr Bill Bonner..et gratuitement ..un peu de jalousie en arrière plan ??? On n’enfonce pas quelqu’un qui se noie…le coeur a disparu dans votre monde ?…une calculette la remplace !