La Fed a encore du chemin à faire pour maîtriser l’inflation… et les actions ont encore du chemin à faire avant.
« Le rétablissement de la stabilité des prix impliquera probablement le maintien d’une orientation restrictive de la politique monétaire, pendant un certain temps. Les données historiques nous mettent fortement en garde contre un assouplissement prématuré de la politique monétaire. »
~ Jerome Powell
La grande nouvelle est tombée : la Fed n’a pas « pivoté ». Du moins pas encore. Et nous en concluons d’emblée que la douleur ne fait que commencer à se faire ressentir. C’est plus tard – lorsque les taux d’intérêt corrigés de l’inflation seront plus élevés que l’IPC (indice des prix à la consommation) – que nous découvrirons de quel tour de passe-passe la Fed est capable.
En attendant, voici ce que nous relate Yahoo Finance :
« Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a déclaré que le travail de la banque centrale pour faire baisser l’inflation n’est pas terminé, suggérant que la Fed continuera à augmenter agressivement les taux d’intérêt pour refroidir l’économie.
‘Nous continuerons à le faire jusqu’à ce que nous soyons convaincus que le travail est terminé’, a affirmé M. Powell lors de la conférence annuelle de la Fed à Jackson Hole, dans le Wyoming.
‘Bien que le ralentissement de l’inflation le mois dernier soit positif, nous sommes encore loin de l’objectif à atteindre pour que le comité soit convaincu que l’inflation diminue’, a-t-il précisé par la suite. »
Les investisseurs boursiers ont mal pris la nouvelle. Suite à ces annonces, le Dow Jones avait perdu 1 000 points. Ils s’attendaient à un relâchement de la part de la Fed. Selon eux, l’inflation avait atteint son pic, et la Fed devrait pouvoir retourner à ce qu’elle fait de mieux : gonfler l’économie.
La bonne direction
Sauf que la Fed continue de gonfler l’économie. Son bilan diminue, mais elle continue de prêter à des taux négatifs (inférieurs au niveau de la hausse des prix à la consommation). Le taux des fed funds est toujours de 600 points de base en dessous de l’IPC et 400 points de base en dessous de la mesure de l’inflation favorite de la Fed, le PCE (l’indice des prix des dépenses de consommation personnelles). Quelle que soit la mesure, le taux d’inflation est toujours bien au-dessus de l’objectif de 2% de la Fed.
Au moins, elle va dans la bonne direction… en augmentant les taux, même si elle le fait timidement.
Les actions sont en baisse, mais ce n’est pas catastrophique. La dernière fois que la Fed a dû lutter contre l’inflation, le Dow Jones a chuté au point de se retrouver brièvement au même niveau que l’or. Aujourd’hui, cela signifierait un Dow à 1 800 points, pas à 32 000. Et, à l’époque, les taux hypothécaires étaient supérieurs à 15%. Imaginez une hypothèque de 300 000 $ à 15%. Les paiements seraient d’environ 4 000 $ par mois. Combien de propriétaires pourraient se le permettre ?
Pour l’instant, tout est calme. L’équipe Powell donne l’impression d’une résolution sévère. Elle fera « tout ce qu’il faut » pour maîtriser l’inflation.
Plus de l’un et plus de l’autre
Tout le monde sait qu’il ne s’agira pas d’une partie de plaisir. Et pourtant, ce n’est pas le moment pour la Fed d’abandonner son cycle de « resserrement ». La Fed doit également regagner une partie de sa crédibilité perdue. Elle s’est beaucoup trompée sur l’inflation ; les gouverneurs de la Fed sont passés pour des imbéciles. Maintenant, elle va rester ferme sur l’inflation jusqu’à ce que les taux de prêt soient supérieurs à l’inflation, et non inférieurs.
Voici pourquoi. L’« argent » naît lorsqu’il est emprunté. Lorsque les banques prêtent, elles ne se rendent pas dans leurs coffres pour retirer de l’argent. Elles le créent simplement. Donc, plus les gens empruntent, plus il y a d’« argent » en circulation. Ce nouvel argent « gonfle » la masse monétaire… ce qui entraîne une hausse des prix.
Puis, lorsque les prix augmentent, les gens sont incités à emprunter encore plus d’argent. Car l’argent qu’ils remboursent vaut moins que l’argent qu’ils ont emprunté. Plus d’emprunts = plus d’inflation = plus de prix = plus d’emprunts.
C’est l’inflation ou la mort. Soit l’inflation continue. Soit elle est maîtrisée – avec des taux d’intérêt plus élevés – et la bulle meurt.
Si les gens souhaitent repousser l’échéance de la mort aussi longtemps qu’ils le peuvent… Il est impossible de la repousser éternellement.
Et voilà qu’intervient la sénatrice Warren. Comme une veuve aigrie, agitant son doigt sur le cadavre d’un fumeur invétéré, elle assène un « je vous l’avais bien dit ». CNN :
« La sénatrice démocrate Elizabeth Warren, du Massachusetts, a critiqué le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, pour avoir suggéré une hausse des taux d’intérêt afin de combattre l’inflation aux Etats-Unis, affirmant qu’il pourrait ‘faire basculer cette économie dans la récession’. »
Voici un scoop pour Mme Warren : l’économie est déjà en récession. C’est exactement ce qui est censé se produire.
M. Powell a raison. Maîtriser l’inflation sera douloureux. Des taux d’intérêt plus élevés signifieront moins d’emprunts, moins d’embauches, moins d’achats, moins de bénéfices, des actifs moins chers et moins de recettes fiscales pour le gouvernement américain. C’est une récession, en d’autres termes. Et c’est ainsi que l’économie corrige les erreurs et les excès de l’époque de la bulle.
Mais la douleur n’a qu’à peine commencé à se faire ressentir. La Fed doit devancer l’inflation, et non la suivre de loin. Elle doit continuer à augmenter les taux, jusqu’à ce que quelque chose cède – soit l’inflation… soit sa propre colonne vertébrale.
1 commentaire
De la preuve s’il elle était nécessaire de l’inutilité des banques centrales. Les taux d’intérêts doivent être libres en représentant le prix du temps et du risque. La quantité de monnaie ne doit pas servir d’illusion à une quelconque relance économique car elle ne commettra qu’inflation. Nous savons cela depuis 4.000 ans. La disparition des banques centrales est vivement souhaitée. D’ailleurs les présidents européens et américains ne sont-ils pas des juristes plus politiques qu’économistes, donc des inutiles dangereux n’ayant aucun outil pour stopper ces imbécilités