Les modèles – scientifiques, mathématiques, économiques – ne reflètent qu’imparfaitement la réalité… et c’est pour cela que les autorités – Jerome Powell compris – se trompent aussi souvent.
La semaine dernière, Jerome Powell, jefe de la Réserve fédérale, s’exprimant lors d’une conférence virtuelle du Wall Street Journal, a vendu la mèche. CNN nous en dit plus :
« Les actions américaines ont dégringolé jeudi après que le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a prédit une hausse des prix à la consommation cet été – une possibilité que les investisseurs craignent, car cela obligera [les autorités] à relever les taux d’intérêt plus tôt que prévu.
[…] Le marché a fortement réagi à cet entretien. Le rendement des obligations d’Etat américaines à 10 ans s’est envolé ; il était en hausse de 0,07% à 1,54% au moment de la clôture de la séance.
Dans le même temps, les actions ont baissé. Le Dow a terminé sur une chute de 1,1%, soit 346 points, et le S&P 500 a clôturé en baisse de 1,3%.
[…] ‘Nous nous attendons à ce qu’avec la réouverture de l’économie et, espérons-le, sa reprise, l’inflation augmente’, a déclaré M. Powell… »
Les marais de l’inflation
Voilà quelques jours que nous explorons les marais… les vasières où l’inflation fleurit… entre le monde aquatique et la terre ferme.
« L’inflation est partout et toujours un phénomène monétaire », a déclaré le Prix Nobel d’économie Milton Friedman.
Hélas, il avait tort sur ce sujet. Il était trop littéral. Trop numérique. Trop confiant dans ses propres pouvoirs de réductionnisme intellectuel.
Il est ironique que Friedman illustre une telle erreur. Comme si l’on choisissait Mao Zedong pour faire passer un message sur l’hygiène dentaire, Friedman était censé être conservateur.
C’est-à-dire qu’il reconnaissait le fait que nous devrions nous méfier des changements impulsifs : même si nous pensons avoir tout compris… il y a toujours plus à l’histoire qu’on ne le croit.
Que valent les modèles ?
Nous remercions notre collègue George Gilder d’avoir déclenché cette réflexion. Dans ces récents écrits, il s’est concentré sur les défauts des modèles scientifiques.
Le monde, bien entendu, est un endroit infiniment complexe. Nous, en revanche, sommes incapables de produire des modèles infiniment complexes. Ils sont donc toujours simplifiés… comme un manuel d’éducation sexuelle qui laisserait de côté les passages les plus osés. C’est pour cela que ceux qui élaborent les modèles ont presque toujours tort.
Les modèles climatiques, par exemple, nous disent qu’à cause de nos vaches et nos voitures, le monde se réchauffe. C’est peut-être le cas… ou non.
Les épidémiologistes nous disent que le Covid-19 va tuer des millions de gens… sauf si nous portons un masque. Et peut-être ont-ils raison aussi… ou non.
Retour à la préhistoire
Sur ce sujet, une anecdote amusante s’est produite la semaine dernière, quand Joe Biden a qualifié l’hésitation des gouverneurs républicains à continuer les confinements d’attitude « néandertalienne ».
Comment savait-il ce qu’un homme de Néandertal penserait de son opinion sur les maladies infectieuses ? Nous n’en avons pas la moindre idée.
Et pourquoi le « président de l’unité » se sent-il le droit de stéréotyper et calomnier toute une race d’êtres humains – en voilà, des victimes de la patriarchie ! –, nous n’en savons rien non plus.
Au moins un membre du Congrès US a pris la défense des gouverneurs néandertaliens. La sénatrice Marsha Blackburn a répliqué au président en construisant un modèle étonnant de vérité – comme si elle l’avait vécu en direct – du peuple disparu :
« Les hommes de Néandertal […] sont résilients, pleins de ressources, ils prennent soin de leurs proches », a déclaré Blackburn.
Pas si résilients que ça, de toute évidence ; ils ont disparu il y a 30 000 ans.
A suivre…