Nos dirigeants aimeraient une inflation douce et maîtrisée – mais une fois que le génie est sorti de sa lampe… difficile de l’y faire rerentrer. Sans oublier qu’on ne peut pas prévoir quand il décidera de se montrer…
Mon cadre analytique est un cadre de nécessité, de logique dialectique incontournable, et non un cadre de hasard ou de cygnes noirs : cela doit advenir parce que c’est écrit, tout comme le grain de blé donne le champ de blé. Le futur est en germe dans le présent.
J’emploie le mot advenir pour bien marquer que cela va arriver objectivement, indépendamment de la volonté subjective des hommes qui croient guider les événements.
En l’occurrence, lorsqu’on a adopté l’inflationnisme monétaire et qu’on accumule les dettes sans cesse, on fait grossir le boulet déflationniste qui est attaché aux pieds des économies productives, on suraccumule le capital fictif, on détourne des emplois productifs…
… Et finalement, on succombe par où on avait péché – c’est-à-dire sous le poids du capital fictif devenu spéculatif. C’est un engrenage. Plus rien ne se correspond en termes de risque et de durée.
Voilà le schéma.
L’inflation permettrait de continuer si elle était maîtrisable, c’est-à-dire si on pouvait en avoir un peu mais pas trop. C’est le rêve des apprentis sorciers.
Le problème, avec l’inflation…
Hélas, l’inflation est un phénomène humain et non mathématique. Ce génie, une fois sorti de la lampe, ne veut pas y rentrer. C’est un phénomène, un phénomène envahissant. On ne peut réguler au plus fin par les taux parce que l’épée de Damoclès du marché financier bullaire plane au-dessus des têtes.
La voie pour traverser les écueils et naviguer au plus précis devient de plus en plus étroite. C’est d’ailleurs toute l’histoire depuis 2008 : la voie se rétrécit sans cesse.
Actuellement, les illusionnistes cherchent l’inflation douce, gentille, coopérative – mais déjà, les forces du marché sont en train de faire en sorte que l’inflation ne soit pas gentille ou coopérative, ils bandent des ressorts terribles.
Le monde n’est pas dérivable, continu ; non, il marche par effets de seuils.
L’inflation oui, mais quand ?
Il y a un grand « mais » : la pensée conceptuelle n’est pas datée, pas plus celle des économistes autrichiens que celle des économistes alternatifs marxistes. Elle se situe dans ce que l’on appelle « le temps logique », pas dans le temps du calendrier.
Elle ne donne pas de dates, c’est son point faible.
Toujours dire et répéter que cela n’est pas tenable n’est pas gratifiant car comme on dit en Bourse, « quand on pisse contre le vent, cela mouille les chaussures ».
Ce n’est pas pour cela que les forces qui sont à l’œuvre ne joueront pas ; elles joueront bien, simplement on ne sait pas quand.
Pour ma part j’ai choisi une politique particulière à deux faces qui consiste à tracer un cadre analytique, un cadre séculaire qui sans cesse explique la future résolution des contradictions et donc ce que l’on appelle la crise.
Mais en même temps, comme dirait Emmanuel Macron, j’explique aussi sans relâche que les illusionnistes ont encore beaucoup de munitions, trucs, astuces et subterfuges pour retarder les échéances.
En les scrutant à la loupe, en mettant le doigt sur l’action des illusionnistes, j’espère qu’un jour je pourrai discerner un peu plus clairement le calendrier.
En clair :
Cela tient grâce à des béquilles et pour savoir quand cela va tomber… surveillez les béquilles !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]