Sur le plan de la responsabilité individuelle, l’infantilisation de l’individu par l’Etat entérine la mort à petit feu du citoyen, et ouvre la voie à la disparition de la démocratie.
Sur le plan économique, l’infantilisation de l’individu, c’est aussi la porte ouverte au dirigisme et à la collectivisation ; bref, au socialisme. Voilà qui résume en quelques mots ce qui ressort de nos dernières chroniques du samedi.
Ce n’est pas tout. L’envers de ce décor où trône un Etat a priori tout-puissant est encore plus lugubre. L’immixtion de l’Etat dans tous les pans de la vie quotidienne est en effet allée de pair avec sa démission des fonctions régaliennes, comme nous allons commencer à le voir aujourd’hui.
Quelques rappels
Les fonctions régaliennes de l’Etat sont les suivantes :
– assurer la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du territoire ;
– assurer la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre public ;
– définir le droit et rendre la justice.
Rappelons également que sur 1 000 € de dépenses publiques, l’Etat n’en alloue qu’entre 60 et 126 à ses fonctions régaliennes, selon que l’on inclut ou non le coût du fonctionnement des administrations publiques.
Aujourd’hui, nous allons évoquer ce qui nous concerne au premier chef, à savoir la sécurité à l’intérieur du territoire national. Cela va sans dire, mais j’espère que nous sommes tous d’accord pour convenir du fait que si l’Etat échoue à assurer votre sécurité, il y a un risque que vous vous retrouviez – plus ou moins rapidement, en fonction de l’endroit où vous habitez – sur un lit d’hôpital, voire entre quatre planches, ce qui ne manquera pas de faire passer toutes vos autres passions politique, aussi louables soient-elles, au second plan.
Ceci posé, et pour couper court à toute objection du type « l’insécurité n’est qu’un sentiment », je vous propose de débuter ce panorama de l’ensauvagement de la France avec quelques chiffres officiels, au sens où ils sont publiés par des instances étatiques qui n’ont aucun intérêt à les exagérer.
Bilan 2019 : une année exceptionnelle pour les criminels et les délinquants
Peut-être vous rappelez-vous de ces conférences de presse où le ministre de l’Intérieur venait fièrement défendre son bilan en matière de sécurité. Gardez ces précieux souvenirs en mémoire, car cette pratique pourrait bien être derrière nous.
Comme le relève Le Figaro, les résultats 2019 sont tellement mauvais que « le ministère de l’Intérieur a […] publié en toute discrétion ses chiffres, via son service statistique, le SSMI ». Il est vrai que l’approche d’échéances électorales ne favorise que très rarement la transparence des performances de l’Etat…
Heureusement, les citoyens ont encore accès à ces informations (que vous pourrez consulter ici) et voici ce qu’il en ressort (j’ai surligné en jaune les catégories en augmentation sur les trois dernières années) :
En somme :
– sur les trois dernières années, certaines catégories sont en net recul : vols avec armes, vols violents sans arme, vols de véhicules, vols d’accessoires sur véhicules, destructions et dégradations volontaires* ;
– certaines catégories semblent se stabiliser : vols dans les véhicules ; cambriolages de logements ;
– la catégorie des vols sans violence contre des personnes continue au contraire d’augmenter
quand d’autres catégories – dont deux des trois les plus violentes et définitives – ont littéralement explosé : homicides (+9% en 2019, après deux ans de stabilité), violences sexuelles (cette catégorie, qui touche en premier lieu les femmes, est celle qui affiche les résultats les plus catastrophiques), escroqueries et infractions assimilées (comme nous l’avons vu dans un précédent billet, cela concerne en particulier les personnes âgées).
(* à ce sujet, Le Figaro précise que « les feux [de voiture, dont nous aurons l’occasion de reparler] de l’an neuf entreront dans le comptage de 2020. Pas de quoi pavoiser donc. »)
La plupart des voyants sont donc au rouge écarlate et la dégradation de notre sécurité s’accélère, en particulier en ce qui concerne les violences physiques.
Envie de tuer : un retour « à presque 40 années en arrière »
Si vous habitez en France, ce merveilleux pays où l’Etat taxe les cabanes de jardins et finance des campagnes de communication pour vous rappeler comment vous laver les mains, vous avez désormais chaque année 4,2% de chances* qu’il vous arrive un « accident de la sécurité » plus ou moins tragique et irréparable (* 2 812 270 de faits constatés en 2019 pour un total de 67 millions d’habitants).
Bien sûr, le risque de vous faire trucider, violer ou fracasser le crâne au premier coin de rue varie en fonction du lieu. Voici quelques illustrations qui montrent que les risques se concentrent dans le nord, le sud-est, la région parisienne et Rhône-Alpes, sans oublier la Corse.
Bref, comme le relève le criminologue Alain Bauer :
« C’est le pire bilan qu’on ait vu depuis des années […] Ces chiffres sont particulièrement révélateurs. Les violences qui grimpent ne sont pas seulement celles liées au maintien de l’ordre. Tous les types de violence sont concernés, faisant effectivement craindre un retour à presque 40 années en arrière, en tout cas sur le terrain des homicides et des tentatives d’homicides. »
Le constat est indéniable : la France est en train de s’ensauvager.
Les résidents français font-ils confiance à la police et à la justice pour obtenir réparation ?
Ce n’est pas vraiment l’impression que donne l’évolution des taux de dépôt de plainte. Tel que défini par le SSMSI, ce taux correspond à « la proportion de victimes ayant déclaré avoir déposé plainte dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie ».
Voici les résultats en matière de « cadre de vie et sécurité » (seules statistiques mises à disposition dans le rapport) :
Comme vous pouvez le constater, plus la sécurité physique et financière des Français est bafouée, moins ces derniers portent plainte auprès de l’appareil d’Etat, ce qui témoigne de leur désarroi.
A samedi prochain pour d’autres (mauvaises) nouvelles.