** Paris a bel et bien aligné une cinquième année de hausse consécutive d’affilée (une séquence positive d’une durée exceptionnellement longue) ; cependant, le principal indice français n’affiche qu’un gain de 1,3%, "à l’arrachée" qui plus est. Cela constitue une réelle contre-performance au regard des 6,8% de l’EuroStoxx 50 et surtout des 22% de la bourse de Francfort, qui clôture l’année 2007 à moins de 1% de son record historique absolu.
C’est en réalité la locomotive allemande qui a tiré l’ensemble du train européen. La bourse de Francfort a été dopée par les exportations vers l’Asie (ce qui n’est pas nouveau) mais aussi par l’émergence des ex-pays de l’Est. L’Allemagne en est le partenaire industriel incontournable… mais également le principal donneur d’ordres en matière de sous-traitance de produits à forte valeur ajoutée estampillés made in Germany.
La France ne bénéficie d’aucun de ces atouts qui sont autant de relais de croissance hérités d’une situation géographique et historique bien particulière.
L’année s’est donc achevée sans gloire ni euphorie à Paris… Un petit coup de pouce de dernière minute a tout de même permis au CAC 40 de reprendre une douzaine de points (+0,2% à l’occasion du fixing de clôture) pour terminer au contact des 5 614 points, soit une hausse annuelle de 1,3% comme nous l’annoncions plus haut.
La place française aura apparemment bien plus souffert de la crise du subprime et de l’éclatement de la bulle immobilière américaine que Londres (+3,8% en 2007 alors que la City tremble sur ses bases depuis la quasi-faillite de Northern Rock) ou Madrid (+7,3%… malgré le brutal coup d’arrêt dans le secteur du BTP), qui semblaient avoir pourtant beaucoup plus à perdre d’un retournement de cycle dans l’immobilier.
Le nouveau style de présidence apparu début mai dans l’Hexagone séduit apparemment bien davantage la presse internationale (people ?) que les milieux d’affaires anglo-saxons et les grandes institutions comme le FMI ou l’OCDE — dont le pessimisme concernant la conjoncture française en 2008 pourrait expliquer la contre-performance paradoxale du CAC 40.
** Le SBF 120 (-0,13%) se tire également d’affaire : alors que le score était de zéro vers 13h ce lundi, le bilan de l’année écoulée s’établit à +0,34%.
Les volumes d’échanges ont atteint officiellement 880 millions d’euros ce lundi sur le CAC 40, mais ils avaient à peine franchi le cap des 500 millions à quelques minutes de la clôture. Les dernières applications de fin d’exercice ont un peu gonflé le chiffre d’affaires… mais celui-ci demeurait complètement anecdotique pour un 31 décembre (plus de 2,3 milliards d’euros fin 2006, deux milliards fin 2005).
Le bel exemple de la bourse de Hong Kong (+1,65% à 27 812 points et +39% sur l’année 2007) n’a pas été suivi par le marché parisien ; les hésitations des futures US en préouverture semblaient offrir un bon prétexte pour achever de purger les portefeuilles des titres "indésirables" (Alcatel-Lucent a chuté de 0,6% lundi, avec -5% en cinq séances et de -54,5% sur l’ensemble de l’année).
** De l’autre côté de l’Atlantique, la situation n’était guère plus dynamique. Wall Street a terminé 2007 sur une note de lourdeur qui témoigne du peu de confiance dans l’entame de l’année 2008, une méfiance récurrente depuis le milieu de l’été dernier.
La course au record du S&P 500 (au-delà des 1 550 points) a été stoppée net au milieu de l’été par la chute des valeurs bancaires, déjà éprouvées depuis fin février (Citigroup perd près de 50%), et la descente aux enfers des spécialistes des prêts à risque (Bear Stearns, Washington Mutual, XL Capital) puis des réhausseurs de crédit comme MBIA ou Ambac Financial.
Les promoteurs payent le plus lourd tribut à la chute du marché immobilier (-34% de ventes en 2007, prix en recul de 12% sur 9,5 mois) avec des baisses supérieures à 65% sur Pulte Homes, 50% sur DR Horton ou 60% sur KB Homes… mais ces titres ont repris entre 2,5% et 4,5% sur la dernière séance de 2007 (il peut s’agir de rachats à découvert tant les gains sont importants pour les vendeurs appelés également les shorts) : paradoxalement, la construction individuelle réalise la meilleure performance sectorielle… et les télécoms la plus mauvaise.
Maintenant, ne reste plus qu’à voir ce que 2008 réserve à tout ce petit monde…
Philippe Béchade,
Paris