Tout le monde croit l’inflation définitivement morte… et lorsque tout le monde pense la même chose, le retournement est proche.
Chut !
Enlevez vos chaussures. Marchez sur la pointe des pieds. Ne faites pas de bruit.
Devant nous est allongée l’inflation. Cela fait des années qu’elle ne bouge pas – grimpant de 1,5%-2% seulement environ – en dépit des encouragements des autorités.
Pour la réveiller, la Fed a essayé le choc d’une injection de 3 600 Mds$ de relance. Et le Congrès US lui a administré plus de 10 000 Mds$ de dépenses déficitaires ces 10 dernières années.
Mais… rien. Pas un gémissement, pas un tressaillement.
Pourquoi les autorités aiment l’inflation
Les autorités sont désormais profondément inquiètes. Voici Peter Coy, de Bloomberg, qui nous explique pourquoi :
« Si l’inflation à cinq chiffres, en mode vénézuélien, est destructrice, en quantité limitée, elle permet de graisser les rouages du commerce. Elle facilite la tâche des entreprises souhaitant réduire discrètement les salaires des employés sous-performant, parce que maintenir leur salaire au même niveau revient à une réduction des salaires réels.
Un peu d’inflation est également utile aux banques centrales parce que cela les aide à lutter contre les récessions. Pour aiguillonner l’emprunt, elles aiment à réduire leurs taux bien au-dessous du niveau de l’inflation. Elles n’ont pas la place de le faire si le taux dépasse tout juste le zéro. Un déclin surprise de l’inflation punit également les emprunteurs en alourdissant leurs dettes ».
Oui, les autorités, les universitaires, les politiciens (y compris Donald Trump) et l’élite du monde des affaires pensent tous la même chose : un peu d’inflation, c’est bien. Ils s’inquiètent désormais qu’il n’y en ait pas assez.
Cette crainte a été exprimée dans le magazine Businessweek (BW), avec un article qui pourrait rester dans les annales – le genre dont on se souvient pendant des années et dont on rit à chaque fois qu’il est mentionné.
« L’inflation est-elle morte ? » titre le magazine. Cela nous a immédiatement rappelé la célèbre couverture de Businessweek de 1979, « La mort des actions ».
Le timing de cette couverture s’est révélé excellent – pour les contrariens.
Les marchés boursiers étaient baissiers depuis 14 ans, et l’inflation grimpait. Les génies de Businessweek ne parvenaient qu’à imaginer que ces deux tendances dureraient éternellement.
C’est ainsi que, à peine quelques mois plus tard, commençait l’un des retournements les plus importants de l’histoire boursière. Les actions telles que mesurées par le Dow grimpèrent de plus de 1 000% durant les 20 années qui suivirent. L’inflation chuta.
Assis sur une pile de pièces d’or
A La Chronique, nous comptons les points en or… et en temps.
En termes d’or, vous auriez pu acheter les 30 actions du Dow pour trois onces à la date où l’article de BW était paru. Aujourd’hui, il vous faudrait 20 onces. En d’autres termes, les actions sont près de sept fois plus chères.
Nous avons manqué une bonne partie de cette envolée. Notre modèle nous indique de vendre les actions quand le ratio Dow/or dépasse les 15 – ce qu’il a fait en 1996.
Depuis, il n’a jamais assez baissé pour déclencher notre signal d’achat, un ratio Dow/or à 5. Depuis 23 ans, nous sommes donc – confortablement – assis sur notre petite pile de pièces d’or.
Mais cette semaine, les actions US ont touché de nouveaux plus hauts sur le S&P 500 et le Nasdaq. Les commentateurs se sont emparés de la nouvelle, expliquant que l’économie « tourne à plein régime »… que « l’inflation ne donne pas signe d’accélérer »… et que « tout cet argent resté sur le banc de touche depuis l’automne dernier revient à présent sur le marché ».
Les experts pensent désormais que l’inflation est morte et que le marché haussier des actions vivra éternellement.
Nous sommes d’avis qu’ils se trompent sur les deux tableaux.
L’Indice de la Catastrophe
Selon la Théorie de Dow, de nouveaux sommets indiquent que la « tendance primaire » est à la hausse. Il doit cependant s’agir d’un nouveau sommet du Dow, non du S&P 500, et il doit être confirmé par un nouveau sommet de l’indice Dow Transportation Average.
Les transports – les trains, les camions, les navires – nous disent que l’économie réelle non seulement produit des biens, mais les livre.
Ni le Dow ni le Transportation Average n’ont atteint de nouveaux plus hauts. Il ne manque que quelques points au Dow Jones, mais les Transports en sont loin.
Et pendant que les médias grand public se gargarisent des nouveaux records, notre propre équipe de recherches envoie un message tout différent.
Joe Withrow, notre directeur de recherches :
« Nous y voilà. L’Indice de la Catastrophe vient de toucher les 8 – déclenchant le pavillon d’Alerte au Krach, tout en lambeaux ».
Comme nous l’avons abordé dans notre alerte au krach en début de mois, nos indicateurs suggèrent que le grand marché haussier de 2009-2018/2019 touche à sa fin.
Les pavillons d’alerte au krach
Soyons clair, cela ne signifie pas que nous allons assister à un krach boursier demain… la semaine prochaine… ni même le mois prochain.
Cela est dû au fait que personne ne peut anticiper avec une parfaite exactitude les sommets et les creux… pas même notre Indice de la Catastrophe. Comme l’a démontré l’économiste de l’école autrichienne Friedrich Hayek en 1945, l’information est dispersée dans l’ensemble de la société.
Ce qui est connu d’une seule entité n’est qu’une petite fraction de la somme des connaissances détenues par tous les membres de la société. C’est pour cette raison qu’aucun individu ou institution unique ne peut avoir toutes les réponses.
Ceci étant dit, nous avons construit l’Indice de la Catastrophe pour surveiller les indicateurs financiers et économiques qui nous avertissent en avance des problèmes qui nous attendent.
Nous l’avons conçu pour nous dire quand les conditions sont mûres pour un krach, en nous appuyant sur des tests rétroactifs effectués sur les deux krachs boursiers précédents, en 2001 et 2008.
Actuellement, l’Indice de la Catastrophe nous dit que toutes les conditions sont réunies.
Businessweek se trompait en 1979. Les actions n’étaient pas mortes. Elles grimpent – avec de courtes interruptions seulement – depuis 39 ans.
Pendant ce temps, l’inflation baisse… et semble moribonde. BW affirme à présent que c’est elle qui est morte. Le magazine se trompe-t-il à nouveau ? C’est très probable.
C’est pour cette raison que nous chuchotons. Chut…
Ni les krachs boursiers ni l’inflation ne sont morts. Ils se reposent juste, comme des ours en hibernation dormant dans une caverne. Quand se réveilleront-ils ? Nous n’en savons rien.
En tout cas, ils auront à coup sûr très faim.