L’économie contemporaine est remplie de vrais miracles. Le pouvoir d’achat dépend de la volonté des politiciens, la croissance se crée avec du crédit…
La presse de ce matin nous annonce beaucoup de choses extraordinaires. Ce doit être la saison qui veut ça. Commençons par la une des Echos d’aujourd’hui :
Remarquez la dernière des explications avancées : « La France résiste grâce aux gains de pouvoir d’achat résultant des mesures ‘gilets jaunes’ ».
Cela m’a rappelé une petite brève que j’avais mise dans mon bêtisier économique le mois dernier.
L’Inde va enfin éradiquer la pauvreté. Le pouvoir d’achat tombe du ciel, voyez-vous. Il suffit de savoir distribuer de l’argent qu’on fabrique. Les imbéciles qui nous précédaient n’y ont pas pensé parce qu’ils s’accrochaient à des principes rigides. Du genre, on s’enrichit en produisant ce qui est utile. Ou encore, on dépense ce que l’on a préalablement gagné.
Maintenant, toute une génération d’économistes sait bien que la croissance se crée à coups de crédit gratuit (c’est moins voyant que des bouts de papier-monnaie des expériences précédentes). La Théorie monétaire moderne : il n’y a que ça de vrai !
Miracle aussi en une du Figaro. Les camarades capitalistes chinois font très fort. Afficher 6,4% de croissance à crédit, ça fait rêver (pensez à ces pauvres Allemands et leur pitoyable 0,5%).
Pourquoi 6,4%, d’ailleurs ? Pourquoi le grand planificateur pékinois ne pourrait-il pas faire le double ou le triple… La « vanne du crédit » n’est pas limitée en débit, que je sache.
Tous les commentateurs et les planificateurs sont très sérieux sur ces sujets. Ils croient dur comme fer à leurs miracles.
Hier, j’ai passé plus d’une heure en tête à tête avec un énarque. Il pense que la monnaie est la clé de tout. Un pays doit pouvoir contrôler sa devise pour « ajuster » son économie. S’il n’est pas compétitif, il dévalue et hop, le tour est joué.
Mais n’importe quel patron sait quand son entreprise n’est pas compétitive. Pourquoi ne ferait-il pas lui-même les ajustements nécessaires en baissant ses prix ou en améliorant sa qualité ? Pourquoi serait-ce mieux de s’en remettre à un fonctionnaire qui décidera d’un rabais général sur les prix en jouant avec la monnaie, pénalisant tout le monde en retirant du pouvoir d’achat (puisque les produits achetés à l’étranger, et notamment les carburants, se paient plus cher après une dévaluation) ?
Si la dévaluation était la clé de la prospérité, pourquoi l’Italie, l’Espagne ou la France d’avant l’euro – pays abonnés à ce procédé – n’étaient-ils pas les pays les plus prospères du continent ?
Je vous passe les miracles du jour de la presse étrangère. Les marchés montent, plus personne ne sait pourquoi d’ailleurs. Ou plutôt, si, tout le monde sait que c’est à cause du crédit bidon. Mais tant que ça fonctionne, pourquoi avoir peur ?
Il n’y a plus que quelques fossiles sceptiques pour conserver une certaine frilosité face à ce déluge de miracles. Des gens qui à un certain âge ont trouvé tout seul, sans avoir besoin de l’aide d’un législateur, que le Père Noël était une fake news.
Il semblerait que ces survivants d’une autre époque soient d’ailleurs plus nombreux en Allemagne qu’ailleurs. Le stock d’or privé des Allemands dépasse désormais celui de la Bundesbank. Ils en possèdent 8 918 tonnes, majoritairement chez eux, une augmentation de 250 tonnes en deux ans. Ces arriérés qui s’acharnent à vouloir des budgets équilibrés auraient-ils peur de la Théorie monétaire moderne ?
Effectivement, le seul vrai miracle ce serait qu’une génération paie les folies et les dettes de la précédente. Je n’y crois pas une minute…
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» Hier, j’ai passé plus d’une heure en tête à tête avec un énarque. Il pense que la monnaie est la clé de tout. Un pays doit pouvoir contrôler sa devise pour « ajuster » son économie. S’il n’est pas compétitif, il dévalue et hop, le tour est joué. »
Par hasard est-ce qu’il s’agissait de François Asselineau ?
La dévaluation ne fait pas la prospérité mais est la conséquence inévitable du déficit de la balance des paiements: lorsque plus d’argent quitte le pays qu’il n’y rentre, du temps de la monnaie métallique c’était de l’or et de l’argent physique qui sortait du pays et réduisait d’autant les capacité d’échanges commerciaux; aujourd’hui la monnaie nationale rentre à la banque centrale pour être échangée contre de la monnaie étrangère pour payer à l’extérieure, puisque cette monnaie n’est pas détruite malgré la diminution du stock de valeur, elle perd forcément de sa valeur.
La dévaluation n’est que la reconnaissance de la perte de richesse de la nation ce qui doit la pousser à moins importer
» aujourd’hui la monnaie nationale rentre à la banque centrale pour être échangée contre de la monnaie étrangère pour payer à l’extérieure » il me semble qu’aujourd’hui les devises s’échangent en direct entre les agents économiques via le marché des devises (Forex) et non pas par l’intermédiaire des banques centrales puisque nous sommes en régime de change flottant