La Théorie monétaire moderne est ridicule mais elle est aussi dangereuse et débouche sur un régime totalitaire.
Ha, cher lecteur, l’essor de la Théorie monétaire moderne m’enchante. Toujours plus de bêtises dans notre univers financier, un peu de neuf à croquer ! D’autant plus que l’intérêt pour la TMM se propage plus vite que… la vérole sur le bas clergé aurait dit mon grand-père.
Voilà ce que donne dans la recherche « modern money theory » dans Google Trends, qui vous permet de mesurer l’évolution des fréquences de recherche.
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Pour les trainards qui ne nous rejoignent que maintenant voici un très bref résumé de la Théorie monétaire moderne.
Si vous entendez faire partie de ces chers lecteurs avisés qui haussent les épaules et passent à autre chose en marmonnant « déjà vu, tout ça se terminera dans un bain de sang hyperinflationniste », attendez une minute.
La TMM dit qu’il n’y aura pas d’inflation car il y aura des impôts.
L’impôt empêche l’inflation selon la TMM
C’est très simple (tout est d’ailleurs très simple chez les promoteurs de la TMM). Imaginez un État qui crée de l’argent pour financer des « grands travaux d’infrastructure » ou un Green New Deal, bref des trucs inutiles dont personne n’a besoin mais qui occupent des tas de gens qui seront payés en fausse monnaie.
Le risque est l’inflation : trop de monnaie pour l’économie et hausse générale des prix. Mais s’il y a trop de monnaie dans l’économie, il y a une façon très simple d’en retirer : vous taxez. Hop, c’est de l’argent qui disparaît donc la quantité de monnaie diminue et l’inflation est maîtrisée !
A ce stade, j’entends penser des fortes têtes : « tout ceci ne sont que des inepties, il nous suffira de négocier nos petites affaires dans une autre monnaie… »
Stop ! Vous n’êtes pas en Argentine ou au Zimbabwe où d’autres monnaies circulent au marché noir et le plus souvent sous forme d’espèces.
Nous parlons de pays développés comme les Etats-Unis ou même, pourquoi pas, de pays de l’Eurozone. Dans ces pays, vous devez payer des impôts dans la devise que le fisc exige. Si vous ne payez pas d’impôt, vous vous retrouvez très vite en difficulté voire en prison. C’est bien plus grave que de brûler des voitures, casser des vitrines ou jeter des pavés sur des voitures de police un beau samedi d’hiver à Paris ; ceci ne sont que des actes devenus sans conséquence pénale.
Selon la TMM, c’est la taxe et les impôts qui créent la demande pour la monnaie. Ça, convenez-en, c’est parfaitement exact.
Associez la TMM à la suppression des espèces – c’est-à-dire au bannissement du cash – ainsi qu’à l’obligation de passer par des réseaux de transaction contrôlés et vous obtenez une société totalitaire dans laquelle la fausse monnaie est certifiée par l’État et l’activité est décrétée par l’État.
Souvenez-vous de notre vieil adage : « lorsque tout le monde pense la même chose, personne ne pense ».
La TMM est grotesque, évidemment, mais elle n’en est pas moins dangereuse et il est inquiétant qu’elle ait autant de partisans.
2 commentaires
» Le risque est l’inflation : trop de monnaie pour l’économie et hausse générale des prix. Mais s’il y a trop de monnaie dans l’économie, il y a une façon très simple d’en retirer : vous taxez. Hop, c’est de l’argent qui disparaît donc la quantité de monnaie diminue et l’inflation est maîtrisée ! »
D’une part si l’impôt est supposé venir détruire la monnaie créée pour financer les dépenses, alors autant directement financer les dépenses par l’impôt…d’autre part, l’impôt ne réduit pas la quantité de monnaie en circulation, puisque soit il finance une dépense, soit il finance un excédent budgétaire (donc une réduction de la dette), ce qui a pour conséquence de réinjecter de la monnaie via le remboursement des titres obligataires. Bref, ce truc n’a absolument aucun sens.
Un billet de banque n’a aucune valeur intrinsèque, c’est en réalité une créance que vous avez sur l’organisme émetteur de la monnaie. Que cette créance soit échangeable à volonté, n’est que le fruit d’une loi. Toute transaction commercial dans un pays donné doit se faire obligatoirement au moyen de la monnaie officielle de ce pays. Le cours officiel d’une monnaie ne dit rien d’autre. Il est, par exemple interdit d’échanger des francs aujourd’hui en France. Cette ancienne monnaie n’a plus cours et les banques ne la reprennent pas. Autrement dit il n’y plus aucune créance de l’état attachée à un billet de 100 francs. Seuls les collectionneurs et les numismates continuent à donner de la valeur à d’anciennes monnaies. Quand on paye ses impôts dans un pays qui émet sa propre monnaie, puisque celle-ci est une créance, donc une dette de l’état vis à vis de vous, on réduit cette dette. Le problème, c’est que l’Etat dépense plus qu’il ne gagne. Le montant de ses dépenses étant plus important que ses rentrées, qui sont les taxes et impôts, il est obligé de créer toujours davantage de monnaie. Pour inverser la tendance, il devrait soit réduire ses dépenses, soit augmenter les impôts, ce que, bien sûr, il ne fait jamais. Donc l’inflation est là pour résoudre le problème. En réduisant la valeur de la monnaie, on réduit la dette, CQFD.
Qu’en est-il maintenant quand un pays n’est plus maître de sa monnaie. La monnaie légale en France est l’Euro, mais ce n’est pas l’Etat français qui décide de la création monétaire. Pour financer ses déficits, il est donc obligé d’emprunter sur les marchés financiers. Jusqu’à présent la banque centrale européenne était sur la ligne rigoriste des pays de l’Europe du nord, mais les pays cigales l’ont finalement remporté et l’Allemagne a cédé. La crise du covid a changé la politique monétaire et la banque centrale imprime à tout va. Les pays de la zone euro peuvent s’endetter à bon compte auprès de la BCE, car rien ne dit qu’elle réclamera le remboursement de cette dette. Elle peut aussi bien la rayer de ses comptes. On se retrouve alors dans la situation d’un pays faisant marcher la planche à billets, mais à l’échelle du continent (ou des 27 si vous préférez). Pour détruire cette monnaie il faudrait lever de tels impôts que cela serait intolérable et détruirait en réalité l’économie. D’autre part les pays commerçant avec l’union européenne se félicitent de cette solvabilité qui favorise leurs exportations. Seule l’inflation la réduira, c’est la raison pour laquelle nos élites l’espèrent. Pourquoi 2%, je suppose que c’est un chiffre qui plait. En deçà l’effet est trop faible, au-delà, les investisseurs s’inquiéteraient.
Évidemment, le risque, à terme, c’est l’hyperinflation, mais en réalité, ce risque n’est vérifié que lorsque les autres pays ne jouent plus le jeu. Que la monnaie du Zimbabwe ou du Vénézuela ne vale plus rien, qui s’en soucie, à part les ressortissants de ces pays. Mais qui accepterait que l’Euro, tout comme le dollar perde toute valeur? Les répercussions seraient cataclysmiques. Cela fait trop longtemps que nous jouons à « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette » Quand l’enjeu est l’effondrement de l’économie mondiale, celui qui crie à la fausse monnaie est fusillé séance tenante.