** "J’attendais qu’il rentre à la maison. Ensuite, j’écoutais la voiture rentrer au garage… et je me tenais à la porte jusqu’à ce qu’il sorte".
* La grand’mère d’Elizabeth nous expliquait comment étaient les choses durant la Grande dépression. Son mari, courtier, avait perdu quasiment tous ses clients… et peut-être tout son argent. Certains n’ont pas pu le supporter. Ils restèrent assis dans leur voiture, moteur allumé, jusqu’à ce que la Bourse et tous ses soucis disparaissent à tout jamais.
* Nous avons du mal à imaginer comment c’était. Il reste peu de personnes, aujourd’hui, pour s’en souvenir. Au lieu de cela, nous nous rappelons une longue période durant laquelle rien n’a mal tourné. Les credit default swaps — des assurances contre le défaut de paiement — ont poussé comme des champignons, se multipliant par neuf au cours des trois dernières années… pour atteindre plus de 45 000 milliards de dollars.
* Et pourquoi ne devraient-ils pas grimper, après tout ? S’assurer contre le défaut de paiement, ça ne coûte quasiment rien… parce que rien n’a jamais fait défaut. Même si vous vouliez manquer à vos engagements — qu’il s’agisse d’un prêt commercial ou d’un prêt immobilier — c’était difficile ; il se trouvait toujours quelqu’un pour vous prêter plus d’argent.
* Mais à présent… les choses ont changé :
* "L’humeur s’est soudain assombrie", rapporte le Sunday Times à Londres. "Alors que les banquiers et les investisseurs espéraient que le pire était passé, une nouvelle vague dévastatrice de pertes provenant de grandes banques a ébranlé la confiance. Ces dernières semaines, Citigroup a annoncé qu’elle comptabiliserait 6,4 milliards de dollars de pertes supplémentaires liées à la crise des prêts subprime. Merrill a elle aussi révélé de nouvelles pertes, tandis qu’HSBC annonçait qu’elle reprendrait 45 milliards de dollars sur son bilan en secourant deux véhicules d’investissement structurés. Le mois dernier, Barclay’s a perdu 1,3 milliards de dollars".
* "D’autres mauvaises nouvelles semblent inévitables. Selon les analystes, Citi devrait perdre encore 15 milliards de dollars. Les investisseurs observeront avec nervosité les déclarations de la Royal Bank of Scotland ce jeudi, jour où la banque est censée révéler des pertes liées au subprime de plus d’un million de livres sterling. Les analystes de Goldman Sachs estiment que le total des pertes liées au subprime pourrait atteindre pas moins de 500 milliards de dollars — un montant bien plus élevé que l’estimation initiale de Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale, estimation qui se montait à 50 milliards de dollars avant d’être révisée à 150 milliards de dollars".
* "Pour ajouter à la morosité, on craint de plus en plus que le problème englobe d’autres types de dettes américaines — les cartes de crédit, les financements automobiles et les prêts non sécurisés".
* "Ce qui s’est passé, c’est que le risque a été distribué si loin et si largement que personne ne sait vraiment où les coups tombent. Les bombes financières explosent les unes après les autres", déclarait un banquier d’investissement.
* "Il y aura une vague de problèmes après l’autre. Ca a à peine commencé, et les choses deviendront encore plus sanglantes", affirme un gestionnaire de fonds britannique.
** Ces derniers jours, aucun de nos seuils n’a été atteint.
* L’or n’a pas dépassé les 850 $. L’euro n’a pas atteint les 1,50 $. Le pétrole n’a pas franchi les 100 $.
* Bah, il y a toujours la semaine prochaine !
** Vous vous rappellerez, cher lecteur, que nous observons un titanesque accident de la circulation. La force implacable de l’inflation fonce tout droit vers l’objet immobile de la chute des prix.
* Nous ne savons pas encore comment cela va finir… mais nous sommes certain d’une chose : les étincelles vont voler, lorsque la collision aura lieu.
* La semaine dernière, la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle craignait plus l’inflation qu’un ralentissement, nous dit le Financial Times. Mais les dernières nouvelles parlent en majorité du danger accru de voir les prix chuter, et non grimper.
* "Les saisies s’accumulent", déclare l’agence Associated Press. Et voilà un fait choquant, provenant du département du Commerce US : le prix médian des maisons aux Etats-Unis a chuté de 13% au cours des 12 mois précédent octobre. Une maison médiane se vend désormais 217 800 $. Hmm… cela fait environ 2 600 milliards de dollars partis en fumée dans les livres de compte nationaux aux Etats-Unis.
* Mais il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Les épouses ne guettent pas les automobiles de leur conjoint ; pas encore.