Grand chef d’entreprises, Xavier Fontanet dénonce la « moyennite », un mode de gestion dangereux pour les entreprises et qui s’applique aussi à l’interventionnisme.
Les taux d’intérêt montent toujours.
Aux Etats-Unis, le 10 ans reste au-dessus de 3%.
En Europe, le taux à 10 ans de l’Italie est passé de 1,75% à 2,10% en deux semaines alors même que le gouvernement sollicite un effacement de 250 milliards d’euros de sa dette.
Si vous prenez un peu de recul, cher lecteur, vous devriez être émerveillé : un pays qui souhaite faire défaut emprunte à 10 ans pour moins cher que les Etats-Unis.
Mario Draghi est vraiment un magicien pour arriver à éloigner les bond vigilantes, les anges-gardiens du marché obligataire, de la charogne italienne.
La hausse du dollar conduit aussi à une hausse des taux dans les pays dits émergents.
Sommes-nous à la fin du cycle d’expansion du crédit infini et quasi-gratuit ? Ou bien allons-nous voir les taux se calmer et le retour vers les obligations réputées sûres ?
Vous connaissez la réponse, cher lecteur : trop tôt pour le dire, nous verrons bien… Tout dépend de la réaction de milliards de gens. Ceux qui vont acheter des obligations américaines car les Etats-Unis ne peuvent pas faire faillite. Dans ce cas, le dollar montera (de combien et par rapport à quoi) mais les taux baisseront (de combien et cela sera-t-il suffisant pour soulager l’Argentine, la Turquie, le Brésil). Et puis il y a aussi le pétrole à 80 $ le baril…
Il y a trop de paramètres en jeu pour un pauvre petit cerveau encombré de neurones déjà très usés. Seul un grand planificateur omniscient peut prétendre avoir les réponses. Ses réponses seront vite démenties par le marché, reflet des milliards de décisions individuelles.
Et nos sous dans tout ça ?
Finalement, l’important c’est quoi faire de notre vrai argent (par opposition au faux argent, le crédit créé par le gentil Mario Draghi et mis à disposition de ses amis pour qu’ils ne fassent pas faillite).
La sacro-sainte règle de diversification repose sur le principe que tout ne s’écroule pas partout en même temps. Elle doit vous conduire à avoir du foncier, de l’immobilier, des obligations et des actions de façon à avoir un patrimoine robuste. Et dans chaque classe d’actifs à choisir ce qui est le plus robuste (ou mieux encore « antifragile », selon le concept développé par Nassim Nicholas Taleb).
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Dans Le Figaro du mardi 15 mai, Xavier Fontanet signait une tribune qui donnait une très bonne piste d’investissement pour choisir vos actions.
Précisons que Xavier Fontanet a dirigé pendant 20 ans Essilor et en a fait le numéro 1 mondial de l’optique. Auparavant, il avait aussi conduit Bénéteau au rang de numéro 1 mondial des chantiers navals de plaisance. Donc quand Xavier Fontanet parle de stratégie d’entreprise, il est crédible.
Sa tribune s’intitule La « moyennite », faute stratégique d’Air France.
« Une entreprise leader qui couvre un grand nombre de créneaux a tendance à mal allouer ses coûts ; des petits malins détectent alors les segments de clientèle moins chers à satisfaire.«
Quand les entreprises ne font pas assez attention à leurs coûts…
« Elles sont en général trop chères dans l’entrée de gamme et pas assez dans le haut du marché ; s’enclenche alors un mécanisme redoutable qui peut être mortel. Des concurrents dédiés à l’entrée de gamme attaquent par le bas en offrant des prix serrés ; comme ils sont spécialisés, ils sont même rentables. Les concurrents diversifiés perdent de la part de marché dans le bas de gamme et comme ils ne facturent pas assez leur rentabilité dans le haut de gamme, ce dernier s’érode progressivement ».
Ce conseil de gestion peut peut-être vous servir à sélectionner les entreprises dans lesquelles vous souhaiteriez investir. On ne peut pas satisfaire tout le monde, la « moyennite » ronge les marges et mieux vaut éviter les entreprises qui la pratiquent.
[NDLR : Et si vous voulez des conseils, découvrez ici le « plan Brongniart », révélé par un vétéran de la Bourse en 1987 à notre spécialiste.]
D’ailleurs, si vous étendez ce concept à l’euro, vous comprenez que la même gestion du crédit et des finances publiques ne peut convenir aux Allemands et aux Italiens, et que la « moyennite » se terminera en catastrophe.
Pour en revenir à Air France Xavier Fontanet analyse que « l’unique stratégie sérieuse, le long-courrier haut de gamme, est incompatible avec la pratique systématique de la grève ».
3 commentaires
« D’ailleurs, si vous étendez ce concept à l’euro, vous comprenez que la même gestion du crédit et des finances publiques ne peut convenir aux Allemands et aux Italiens, et que la « moyennite » se terminera en catastrophe. »
Intéressante réflexion, applicable à l’Europe elle même. Faire un marché commun, favoriser la croissance des grosses entreprises,…. c’est insuffisant dans le monde actuel:on ne peut rester dans une moyenne molle, paralysée par l’unanimité, qui donne de plus en plus raison à ceux qui trouvent que finalement la souveraineté nationale, c’était mieux!
« La sacro-sainte règle de diversification repose sur le principe que tout ne s’écroule pas partout en même temps. Elle doit vous conduire à avoir du foncier, de l’immobilier, des obligations et des actions de façon à avoir un patrimoine robuste. »
Je crois personnellement que la question principale dans le cadre de la sauvegarde de nos avoirs se pose de la manière suivante :
Il est reconnu que la règle de diversification est pleine de bon sens et a pu s’avérer efficace dans le passé.
Cependant, lorsqu’on considère la montagne astronomique de dettes au niveau mondial, laquelle ne cesse de croître, le comportement aberrant des banques centrales, des gouvernements, des investisseurs, des marchés, on peut se demander si le bon sens a encore « cours » aujourd’hui !
Je fais partie de ceux qui s’attendent à l’un des plus grands krachs financiers de l’histoire au cours des quelques années à venir, d’abord sur le marché des actions.
Attendu que presque tous les actifs sont aujourd’hui surévalués par rapport à l’économie réelle (actions, obligations, immobilier), que le dollar est également surévalué depuis longtemps sur le marché des changes, que le dégonflement brutal de la bulle actions devrait anéantir une masse monétaire considérable, je crains que l’on n’ assiste à un éclatement de ces trois bulles en cascade, les unes après les autres, dans un laps de temps relativement court.
Il en résulterait non pas une hyper inflation, mais une hyper déflation incontrôlable détruisant une montagne de dettes par cessation de paiement.
Dans ce cas, la règle de diversification deviendrait inopérante, tous les actifs perdant de la valeur, sauf théoriquement la monnaie ( le cash) elle-même, mais comme les banques ne pourraient plus en garantir la valeur et qu’elles seraient en faillite….il resterait quel actif pour échapper à la grande spoliation de l’épargnant ?
Hormis le krach de 1987 que je place à part, nous avons assisté à deux krachs considérables, celui de 2008 ayant même failli conduire à la faillite mondiale des banques, il s’en est fallu de peu.
Le CAC 40 n’a toujours pas retrouvé son niveau du 1er août 2000, ni celui de mai 2007, malgré l’usage intensif de la « planche à billets ».
Je ne peux m’empêcher de penser à la faillite de John Law, et à la banqueroute des deux tiers sous le Directoire, mais à une échelle mondiale…
Je me demande bien quel actif va survivre au prochain krach et comment la règle de diversification pourrait nous sauver ?
Excellent conseil en matière d’investissement boursier.
En revanche concernant les stratégies de gestion souhaitées par les différents pays, il en existe simplement certaines qui garantiront la prospérité (celle des Allemand), et d’autres la ruine pure et simple (les Italiens).