L’exploitation des données personnelles n’est pas commerciale, elle est politique ; c’est cela le plus choquant…
Je n’aime pas trop les héros. Ces personnages mythiques, souvent des constructions, sont prétextes à manipulation, à profiter de notre crédulité. Toutefois, je reconnais à Edward Snowden le statut de héros des temps modernes, de saint laïc.
Edward Snowden a payé de sa personne pour démontrer que les informations que nous donnons aux administrations ou à des entreprises commerciales étaient utilisées à des fins de surveillance. C’est quelqu’un qui a « joué sa peau », dirait Taleb, pour nous éclairer sur les pratiques liberticides de gouvernements qui prétendent ainsi assurer notre sécurité.
« Les entreprises qui gagnent de l’argent en recueillant et en vendant des rapports détaillés sur la vie privée des gens étaient autrefois qualifiées de ‘sociétés de surveillance’. Leur appellation commerciale de ‘média sociaux’ est la tromperie la plus réussie depuis que le ministère de la Guerre est devenu celui de la Défense. »
Il y a toutefois une différence entre les informations que vous donnez à Facebook et les informations que vous fournissez à votre banque.
Dans le premier cas, vous avez tout à fait le droit de passer votre chemin.
Dans le deuxième cas, c’est obligatoire. Un faisceau de lois vous contraint à avoir un compte en banque. Lors de l’ouverture vous devez décliner un état-civil complet ; la présomption d' »US person » – c’est-à-dire individu ayant un lien d’attache avec les Etats-Unis, ne serait-ce que par votre lieu de naissance – fera de vous un suspect. Ensuite, quel que soit votre pedigree, votre « profil » sera surveillé et tout comportement s’écartant de vos habitudes sera dûment rapporté à l’agence gouvernementale Tracfin.
Il l’appelait : |
Facebook ne peut qu’exploiter son propre réservoir de données.
Apple ne peut qu’exploiter son propre réservoir de données.
Amazon ne peut qu’exploiter son propre réservoir de données.
Google ne peut qu’exploiter son propre réservoir de données.
Une banque ne peut qu’exploiter son propre réservoir de données.
Le gouvernement américain et la plupart des gouvernements occidentaux ont le pouvoir de puiser dans tous ces réservoirs de données.
La NSA américaine travaille activement au recensement de tous les individus usagers du bitcoin dans le vaste monde, révèle également The Intercept, un media soutenu par Snowden.
[NDLR : Même en butte à des tracasseries gouvernementales, bitcoin et la blockchain sont en passe de révolutionner le secteur financier tout comme internet a bouleversé celui des médias. Ne ratez pas cette opportunité historique d’investissement : la grande collision blockchain. Cliquez ici pour la découvrir.]
Il n’y a pas de frontière entre surveillance politique et manipulation politique. C’est la même chose.
Facebook n’est pas une victime innocente d’un vol de données personnelles, Facebook en est un complice. Le fondateur de Cambridge Analytica, la société qui aurait détourné les données Facebook, a obtenu un contrat du gouvernement.
Il ne tient qu’à vous de ne pas être sur Facebook ou de continuer à utiliser des espèces plutôt qu’une carte de débit et à vous montrer parcimonieux quant à la communication de vos données personnelles.
La bulle des actions résiste à la chute de Facebook
La multiplication des scandales n’empêche toutefois pas Facebook de voir le nombre de ses utilisateurs augmenter et par conséquent ses recettes publicitaires.
Les FAANG (Facebook – Apple – Amazon – Netflix – Google) représentent aujourd’hui les trois quarts de la capitalisation du Nasdaq. Parmi ces cinq noms, Apple est la seule entreprise qui produise des biens matériels.
Suite à l’annonce du scandale Cambridge Analytica, la chute brutale de Facebook le 16 mars dernier n’a donné lieu à aucun mouvement de vente panique sur le Nasdaq ; les marchés sont dans le rouge aujourd’hui, mais c’est lié à la guerre commerciale Chine/Etats-Unis.
Tant que Facebook ne connaîtra pas une hémorragie de ses utilisateurs consentants et tant que les marchés financiers restent au beau fixe, nous vivons dans le meilleur des mondes… possibles.