Le krach boursier des 2 et 5 février montre que les valorisations sont en lévitation au-dessus d’une montagne de dettes et non pas soutenues par l’économie réelle.
Que pensent les médias de ce krach ?
Alors, que s’est-il passé cette semaine ? Les ondes, les câbles et l’éther bourdonnent d’analyses et d’opinions.
Voici un assortiment de titres trouvés sur Bloomberg :
Une mauvaise journée devient terrifiante, le Dow subissant son plus gros plongeon de l’histoire en termes de points.
Le VIX à 38 : Waterloo pour les trades courts adorés de tous.
Goldman avertit que d’autres difficultés nous arrivent. N’écoutez pas.
Le plongeon de 15 minutes du Dow présentait certains éléments d’un « flash krach », selon l’ISI.
Suite à la hausse de la volatilité, les traders s’interrogent sur la pilule empoisonnée du VIX.
La revanche des robots
Mais c’est à notre chercheur maison, Joe Withrow, que revient probablement le meilleur commentaire :
« On s’est bien amusés ! A un moment, le Dow a chuté de 1 000 points avant de reprendre 600 points puis d’en reperdre 400 – le tout en moins de 30 minutes. Impossible que ce soit autre chose que les robots de trading… les êtres humains ne réagissent pas aussi vite.
Je pense que vous avez raison : ce n’est pas encore le début de la Grande apocalypse financière. L’histoire récente démontre que quelques-unes de ces mini-corrections vont se produire avant que la vraie n’arrive. C’est à ce moment-là que les choses deviendront vraiment intéressantes… »
« C’est une situation classique d’aversion au risque », disait un gestionnaire de hedge fund cité par Bloomberg.
Euh… oui. Et non.
En effet, la partie classique, c’est la chute des actions. Elle ne peut que se produire. Tout le monde le sait. Et tout le monde affirme être prêt pour ça.
Lorsque les actions commenceront à chuter, disent-ils, on sortira.
Ils seront alors prêts à revenir lorsque la correction – estimée à 10% environ – sera terminée. Ils « achèteront pendant les creux » et profiteront ensuite du rebond.
Un calme insensé
Il y a aussi une partie moins classique – mais plus dramatique et plus passionnante. C’est là qu’intervient notre tragique héroïne.
Parce qu’au milieu de la tempête boursière se faisait entendre une voix d’un calme insensé, provenant d’une météorologiste qui ne pouvait pas voir les nuages approcher, pas plus qu’elle ne sentait le vent souffler dans ses cheveux.
Mme Janet Yellen vient de quitter son poste à la tête de la Fed. Hier, elle a pris sa nouvelle sinécure au sein de la Brookings Institution, où elle continuera à garder un oeil sur l’économie et à faire des commentaires absurdes pour la presse de temps à autre.
Vendredi, CNN, qui n’a jamais été réputé pour son esprit critique, lui a adressé un discours d’adieu louangeur :
« Des millions d’Américains ont retrouvé un travail, et ils peuvent en remercier Janet Yellen.
Lorsqu’elle a entamé son mandat de quatre ans en tant que première femme à la tête de la Réserve fédérale, en 2014, le taux de chômage [américain] était de 6,7%. Aujourd’hui il est à 4,1%, son plus bas niveau en 17 ans.
‘Il y a moins de raisons de perdre le sommeil aujourd’hui qu’il n’y en a eu pendant un certain temps, je suis donc confiante quant aux perspectives économiques’, a déclaré Yellen durant sa dernière conférence de presse en décembre. ‘Le marché de l’emploi est bien plus vigoureux qu’il ne l’était il y a huit ans’.
Yellen s’est révélée être une présidente réfléchie et prudente tandis qu’elle aidait l’économie à traverser une période dangereuse – les années qui séparent une récession historique de quelque chose s’approchant d’une reprise normale. »
Au beau milieu de ces sottises flagorneuses et élogieuses est arrivé un éclair de poésie, par la grâce du fil d’info :
« Sur le même sujet : le Dow plonge de 666 points – la pire séance depuis le Brexit ».
Une dette astronomique
Quiconque souhaite remercier Mme Yellen pour les emplois créés ferait mieux d’épargner sa salive. Elle n’en a pas créé un seul – à part peut-être un voiturier en plus devant le bâtiment de la Fed.
Ce qu’elle a fait, en revanche, c’est s’en tenir à un programme qui a fait plus de chômeurs adultes que jamais… a réduit les investissements fixes nets par employé, entravant ainsi la production… et étouffant sans doute la croissance des salaires réels.
Les futurs historiens devront débattre du sujet : qui a fait le plus de dégâts, Greenspan, Bernanke ou Yellen ?
M. Greenspan a mis la tendance en marche en intervenant lourdement après le krach boursier d’octobre 1987. M. Bernanke l’a amplifiée avec sa réaction au plongeon de 2008. Et Mme Yellen l’a poursuivie jusqu’à ce qui semble désormais être un virage important.
A eux trois, ils ont fait grimper la dette américaine à des niveaux qu’on n’avait plus vus depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Lorsque Greenspan a pris le relais à la Fed, le gouvernement devait environ 3 000 Mds$ de dette brute… soit 40% du PIB à peu près. Aujourd’hui, la dette frôle les 21 000 Mds$, soit plus de 100% du PIB.
Les niveaux de dette des entreprises et des ménages ont suivi des expansions similaires.
Une dette qui s’est développée deux fois plus vite que l’économie
Dans l’ensemble, ces 30 dernières années, la dette s’est développée deux fois plus rapidement que l’économie qui la soutient.
C’est ce qui rend la correction qui arrive bien plus dangereuse qu’un recul de routine sur les marchés. Selon nos estimations, entre 30 000 et 35 000 Mds$ de valeur d’actifs – actions, obligations, objets de collection, entreprises privées et immobilier – sont « en suspens » au-dessus de l’économie au lieu d’être soutenus par la production réelle.
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A l’échelle mondiale, ce chiffre atteint probablement les 100 000 Mds$.
Mais aujourd’hui, des centaines de millions de personnes dépendent de l’économie d’argent facile créée par Greenspan, Bernanke et Yellen. Leurs emplois, leurs revenus, leurs investissements, leurs retraites – tout cela dépend de la survie du fantasme.
Comme le dit Joe, observer le dénouement de ce drame va être « vraiment intéressant ».
1 commentaire
Bonjour,
« Les futurs historiens devront débattre du sujet : qui a fait le plus de dégâts, Greenspan, Bernanke ou Yellen ? ». Très drôle ! 🙂
Les débats risquent de prendre du temps, il s se valent. La différence ne pourra se faire que sur de l’abstrait, genre le physique. Aïe 🙁