Combien coûterait une sortie de l’euro ? Il y a deux types d’additions. Celle qui serait présentée aux créanciers étrangers et celle qui serait présentée à chaque citoyen du pays sortant. C’est l’addition citoyenne qui nous intéresse. Hélas, c’est celle sur laquelle il existe le moins d’informations. C’est normal puisque le système monétaire et financier est conçu pour la Parasitocratie (financière et politique), pas pour le citoyen lambda.
Face au flou entourant le chiffrage d’une mesure comme le revenu universel, le chiffrage précis d’une chose encore plus complexe que celle de passer d’une monnaie malhonnête supranationale à une monnaie malhonnête nationale relève du tour de force. Impossible de cerner ce sujet en une seule chronique.
J’ai commencé à rouvrir quelques dossiers poussiéreux datant de 2011-2012. Surnagent deux études : l’une de la fondation Res Publica, intitulée L’explosion de la Zone euro, une simulation, l’autre d’UBS Investment Research titrée Euro break-up – the consequences.
Premier constat, depuis 2011-2012, les dettes publiques se sont alourdies, les leviers des banques n’ont pas diminué. Les deux points clés restent les mêmes : les dettes publiques dont le remboursement du principal et des intérêts incombent à chacun de nous ; les déséquilibres au titre de Target 2, des créances commerciales douteuses accumulées au sein des banques centrales nationales. Par chance, l’exposition de la France à Target 2 est faible. Ceci me permet de faire l’impasse.
Premier principe : toute sortie d’un pays de la Zone euro introduit un déséquilibre entre le passif, ce qu’il doit, et l’actif, ce qu’il a. Un Etat a comme passif ses obligations, sa dette qui resterait libellée en euro ; son actif, ce sont ses recettes fiscales, ce qu’il va nous prendre.
Supposons que la France revienne au franc : le franc vaudrait moins que l’euro du jour au lendemain. Oui, à l’instant t0, 1 F vaudrait bien 1 €, mais très vite, la sanction de la dévaluation tomberait. Car si la France rejette l’euro, ce n’est pas parce qu’elle est dans une situation économique florissante. A pays économiquement faible, monnaie faible.
A l’extérieur, les gens regarderont donc le franc avec méfiance. Admettons que 1 F n’achète plus que 0,8 € (dévaluation de 20% selon les hypothèses retenues dans les précédentes études). La dette et les intérêts de la dette resteraient cependant dus en euros à nos créanciers étrangers. Les recettes seraient collectées en francs. Assumer la dette demanderait donc un effort 20% supérieur.
Taxe foncière : trop d’erreurs ! Ne payez plus les yeux fermés – grâce à quelques techniques simples et légales, vérifiez votre feuille d’imposition… pour économiser des centaines d’euros année après année. |
Marine Le Pen – par la bouche de son conseiller économique Bernard Monot – prétend avoir la solution : la planche à billets. « Je ne pense pas que ce sera une catastrophe car après tout, la France est un grand pays et les gens comprendront que nous sommes des patriotes qui travaillons à restaurer la souveraineté de la France » a indiqué Monot (propos rapportés par Bloomberg). « S’il y a une catastrophe, j’ai un plan et il est ici » a-t-il ajouté en pointant vers sa tête.
Qu’y a-t-il dans le crâne de Bernard Monot ? La trépanation dépasse le stade d’une simple chronique… Toutefois, une planche à billets peut certainement imprimer des francs mais elle ne peut pas les transformer en euros. Vous pouvez créer votre monnaie familiale mais il y peu de chance pour que votre boucher ou votre femme de ménage l’accepte. Les investisseurs étrangers qui détiennent 60% des 2 000 Mds€ de la dette française se moquent éperdument du fait que la France soit un « grand pays » en train de regagner sa « souveraineté ». Ils veulent des euros.
Un membre éminent de la Parasitocratie, M. Villeroy de Galhau, nous a lâché (sur Reuters) une information sur le sujet :
« Vouloir sortir de l’euro et dévaluer notre monnaie pour être libre de faire plus de déficit, ce serait oublier que le financement de la dette française coûterait nettement plus cher : plus de 30 Mds€ par an à terme ».
M. Villeroy de Galhau doit savoir de quoi il parle. Inspecteur des Finances, il fut ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn puis de Christian Sautter, deux de nos brillants ministres des Finances de 1997 à 2000. Il est ensuite parti chez BNP Paribas où il termina directeur général délégué (numéro 2). Il coule désormais des jours heureux à la Banque de France. Aucun conflit d’intérêt chez cet honnête serviteur de l’Etat, de ses finances et des grandes banques. On peut retenir son estimation comme fiable.
A ce stade, vous pouvez donc considérer que « l’ardoise citoyenne » dans le cas d’une sortie de l’euro serait :
- 30 Mds€ de supplément sur les intérêts de la dette à acquitter
- Un renchérissement immédiat de 20% de tous les produits importés (44 Mds€ par an) soit 8,8 Mds€
- Le financement du déficit public de 30 Mds€ (c’est le déficit hors intérêts de la dette française). Car n’oublions pas qu’il va bien falloir que l’Etat continue à vivre, et comme les prêteurs étrangers auront disparu, il faudra mettre la main à la poche.
Cela nous fait donc un « total citoyen » de 68,8 Mds€. Considérez que cela équivaut à une augmentation de 50% de la TVA puisque les recettes annuelles sont d’environ 144 Mds€.
A cela s’ajoute le gel des contrats d’assurance-vie en euro (c’est de la dette française, environ 1 300 Mds€) dans un premier temps qui seraient ensuite remboursés en monnaie de singe nationale dans un deuxième temps.
Pour continuer à « arnaquer les gens avec leur propre argent », selon l’expression de Bill Bonner, il ne restera plus qu’à distribuer un Revenu Universel Citoyen (RUC) avec notre monnaie souveraine que nous pouvons enfin imprimer comme bon nous semble. Il me vient d’ailleurs une idée citoyenne (vous avez remarqué, cher lecteur ? Je suis d’humeur très citoyenne aujourd’hui. J’espère que ça ne vous dérange pas) : organiser une collecte pour emmener les conseillers économiques des candidats à la présidentielle en voyage d’étude au Venezuela…
Plus sérieusement, en compulsant mes dossiers poussiéreux, je suis retombée sur un détail : toute sortie de l’euro se ferait dans un délai très bref pour éviter des fuites de capitaux. C’est avant qu’il faut se préparer.
La montée des partis eurosceptiques met l’euro sous pression. Même si ce n’est pas la France qui sort de la monnaie unique, d’autres pays sont tentés. Les jours de l’euro tels que nous le connaissons aujourd’hui sont comptés : prenez les mesures nécessaires sans attendre en cliquant ici.
13 commentaires
Qu’est ce que le brexit sinon ce concept?
Et si la nouvelle monnaie s’appelait FN Franc National et que celui-ci au lieu de 1FN=1€ on avait 1FN= 10€ Ce n’est pas impossible en créant une nouvelle monnaie , de lui donner une valeur par rapport à une autre , égale , supérieure ou inférieure , même en dévaluant le FN de 20 ou 25% ce dernier resterait supérieur à l’euro .Bien sur il faudrait baisser les prix , les salaires , les charges , les impots les loyers etc. d’autant Comment avons nous fait avec l’euros ; les prix et tout l’ensemble a été divisé par 6,5…
Mémé Wapler, les dettes de la France sont en droit français.
Puis même imaginons avec une réévaluation de la dette de 20 %, ça permettrait de redevenir compétitif et réindustrialiser le pays, ainsi pouvoir rembourser la dette même si elle est renchérie ! C’est toujours mieux que de ne pas pouvoir la rembourser du tout avec 20 % de moins !
Bref Mémé Wapler fait beaucoup de désinformation ! Pourtant sortir de l’Euro c’est une solution qu’elle a approuvée pour ses congénères avec le Brexit. Alors !
bonjour ,je viens de m inscrire ma banque,vos vrais risques. de s walper je n ais toujours rien reçu. merci
Bonjour Monsieur, et merci de l’intérêt que vous portez à nos publications. Je vous invite à joindre directement le service client au 01 44 59 91 11, de 9h à 17h.
Il semble qu’il y ait confusion.
Les Britanniques avait conservé la livre…
Ils ne sont pas sortis de l’euro, ils sont sortis de l’Union européenne.
Par ailleurs ce sont les Clauses d’action collective qui – entre autres – régissent les obligations souveraines françaises.
« Un renchérissement immédiat de 20% de tous les produits importés (44 Mds€ par an) soit 8,8 Mds€ »
Je crois que vous péchez par optimisme, car les importations tournent autour de 120M²€ par trimestre, soit un peu moins de 500M² par an, soit un renchérissement de 100M² (44M², c’est de solde déficitaire et je ne crois pas que la dévaluation compétitive suffirait à le combler)!
Le reste de l »article est excellent, on verra tous ces bénêts lorsqu’ils paieront leur fioul ou essence bien plus cher, ou quand ils seront obligés de prendre leurs vacances en Corse ou dans les Antilles (j’ai connu cela lors de feu (provisoire?) « CONTROLE des CHANGES où on ne pouvait quitter le pays qu’avec 300Frs (25€) juste de quoi se pays un café au bar de la frontière!
Bonjour, je ne suis pas économiste, mais je connais le lex monetae.
Donc le dette est de 2000 milliards d’euro, elle sera d’environ 2000 milliards de franc. Car 97% est en droit français. Pourquoi faire peur aux lecteurs. Les prêteurs recevront en monnaie dévalué tant mieux pour nous tant pis pour eux.
Vous écrivez
» La dette et les intérêts de la dette resteraient cependant dus en euros à nos créanciers étrangers »
En étes vous sur ? Pour une fois vous semblez en désacord avec Charles Gaves qui écrit :
« Selon le principe juridique de la « LEX MONETAE » un Etat détermine lui méme la monnaie qu’il utilise.
Tout changement de monnaie induit une RELABELLISATION automatique des contrats de droit national (97% de la dette pour la France) dans la nouvelle monnaie sans majoration.
Nos dettes n’augmenteront donc pas et la perte liée au taux de change, de l’ordre de 15% à 20% sera à la charge des créanciers étrangers.
Merci de préciser ce point dans une prochaine chronique.
Bonjour,
Nicoti a raison. Pour la crédibilité du site (et de Simone Wapler ) nous attendons une correction ou un commentaire sur le sujet.
Ceci étant, les préteurs ne seront pas contents (euphémisme) d’être remboursés en francs, et le franc seront certainement attaqué.
Malgré tout, la question n’est pas de savoir si l’Euro va s écrouler mais plutôt quand ?
Il vaut mieux quitter l’échafaudage mal monté maintenant avant d’être enseveli dessous.
peir21- Vous avez raison les importations en 2016 ont représenté 501 milliards avec un déficit de 48,1 milliards selon les données FAB-FAB à recouper avec le site :
http://lekiosque.finances.gouv.fr/fichiers/Etudes/tableaux/apercu.pdf
Mme Wapler n’est pas économiste elle est ingénieur dans le domaine de l’aéronautique. Elle ne sait pas que l’économie cela s’apprend et se valide par un diplôme et que c’est un exercice rigoureux et ingrat qui demande recherches avant d’émettre, .., elle émet. Et ça donne de l’à peu près.
J’aimerais bien vous parler de la dette de la France en cas de sortie de l’euro mais c’est très long à expliquer car il y a beaucoup de préalables pour être clair
De toutes les façons, quelque soit son honnéteté que je ne met pas en doute étant abonné à certaines publications Agora, son origine étant anglosaxonne, les rédacteurs sont de tendance mondialistes. Ce qui induit qu’il est inutile de chercher un autre point de vue. Les études et conseillers techniques boursier sont bons d’autant que s’ils sont moins bons ils disparaissent et sont remplacés par des nouveaux. J’ai pu constater cela à de nombreuses reprises. Il font donc faire l’effort de comprendre que les situations évoluent et en tenir compte. Par exemple le conseil, intelligent sur le papier, d’acheter telle mine ou groupes de mines d’or est risqué en cas de problème financier moondial et seul l’or physique reste sur.
Pour retser dans le sujet, effectivement il semble pas mal de sortir de l’euro car, pour moi, le risque que bien souvent on occulte est celui de la sortie de l’Allemagne de l’euro. Tant chez eux le fait de garantir les dettes des autres les préoccupe très négativement. Et là la note pour nous sera encore plus lourde car pas du tout préparée.
Chère Madame Wapler,
autant que j´avais jusqu´ici apprécié vos analyses, j´avoue que par votre
position sur une sortie de la zone Euro et la réintroduction du franc français
vous me laissez en complète non-compréhension! Pourquoi?
1. Jusqu´à 1973, date de la signature de la loi dite Pompidou-Rothschild, la France n´était pratiquement pas endettée, étant donné que l´ État Français avait la possibilité de créer lui-même les sommes
de francs français dont il avait besoin pour subvenir aux services publiques et autres besoins.
2. Le montant de la dette actuelle de la France est assez exactement le montant des intérêts payés aux
créanciers étrangers et aux banques privées qui suite à la loi de Pompidou-Rothschild jouissaient après 1973 du privilège souverain de créer la monnaie pour l´État Français et d´encaisser les intérêts et intérêts composés.
3. Réintroduire le franc français de façon souveraine – donc sans endettement -, en parallèle à L´Euro, qui lui resterait bien sûre également moyen de payement légal en France, permettrait à la France de maintenir un haut niveau des services sociaux, de stimuler la conjoncture interne, de soutenir des domaines industriels importants tel p.ex. les énergies renouvelables, d´annuler progressivement la dette de l´État, …
4. Pour réintroduire le Franc français il suffirait que le gouvernement paye les pensions, les salaires et les travaux publics en partie avec les Francs et en partie avec des Euro. En même temps les contribuables et les entreprises auraient la possibilité des verser leurs impôts et les droits sociaux également en partie en se servant des Francs. Solution simple et efficace, cela Vous l´aimez tout de même! Meilleures salutations, Joseph Meyer