Nous surveillons le retour de la crise de l’euro avec deux thermomètres : le solde Target2 et les écarts de rendements sur le marché obligataire.
Comme vous le savez, lorsque nous avons rencontré Greenspan il y a deux semaines, celui-ci a ouvertement évoqué la question de la survie de l’euro et a pointé les déséquilibres dont Target2 est le reflet.
Target signifie « Trans-European Automated Real-time Gross settlement Express Transfer system », un acronyme ésotérique comme les aiment les eurocrates.
Il s’agit d’une de chambre de compensation électronique dans laquelle les banques commerciales effectuent leurs virements intra-euro au travers de leurs banques centrales.
Supposons que l’entreprise allemande WunderbarMachinen (WM) ait vendu des robots au fabriquant de chaussures italien ScarpettaDiCenerentola (SDC). En principe, un paiement de SDC doit arriver vers WM. Imaginons que WM ait comme banque Commerzbank et SDC Unicredit.
SDC envoie un ordre de paiement à sa banque Unicredit. Dans Target2, la Banque centrale italienne débite Unicredit. La Banque centrale allemande, de son côté, enregistre un crédit qui sera affecté au compte de la Commerzbank.
Une fois que le rapprochement est fait par les banques centrales italienne et allemande, la transaction est considérée comme définitive.
En principe, Unicredit doit débiter ScarpettaDiCenerentola et Commerzbank doit créditer WunderbarMachinen. Mais en définitive, quelque chose coince côté italien. Peu importe que ce soit Unicredit ou ScarpettaDiCenerentola dont le compte est insuffisamment provisionné car sa toute nouvelle collection d’escarpins Cendrillon se vend moins bien que prévu. L’argent ne circule pas.
Mais comme vous le savez, nous vivons à la merveilleuse ère du créditisme. Le problème va donc se résoudre (provisoirement) sans aucune souffrance ni séquelle. Puisque la monnaie n’est plus que du crédit, il suffit d’en créer quelque part.
Vous avez 200 euros ? Alors… vous avez de quoi vous construire une retraite de ministre Grâce à ce plan secret, simple et applicable par tous, vous pourriez toucher jusqu’à 11 875 euros supplémentaires par mois. Rien d’immoral ni d’illégal, vous verrez : tout est expliqué ici. |
WunderbarMachinen verra donc son compte Commerzbank crédité mais ScarpettaDiCenerentola ou UniCredit ne seront pas débités. Pour que ça tombe pile-poil, Target2 enregistre alors un solde débiteur de l’Italie et un solde créditeur de l’Allemagne.
Tous ces petits impayés s’accumulent et nous voilà arrivé à une petite bagatelle de solde débiteur de 300 milliards d’euros pour l’Italie. Quant à l’Allemagne, la voilà avec une kolossale Rechnung totale de 700 milliards d’euros en provenance de divers pays (Espagne, Italie, Grèce, Portugal et même la BCE elle-même).
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si, un jour, ScarpettaDiCenerentola ou Unicredit se trouvaient en mesure en mesure de payer. Mais comme nous vivons dans un monde cruel, cela n’arrive pas.
Comme vous le voyez sur ce graphique, les déséquilibres commerciaux ne se résorbent pas, au contraire, ils grandissent. C’est donc très mauvais signe.
Cliquez sur le graphique pour l’agrandir
Maintenant que vous voilà expert en Target2, voyons le deuxième indicateur, celui du marché obligataire et plus précisément des obligations souveraines.
En réalité, sur le marché obligataire, il y a deux signaux à surveiller. D’abord le rendement de l’obligation à 10 ans. Plus il monte, plus les intérêts de la dette coûtent cher à un pays. Ensuite, les écarts de rendement d’un pays à l’autre. Un écart qui grandit signifie que les investisseurs considèrent la dette en euro de l’Italie ou de la France comme moins bonne que la dette en euro de l’Allemagne.
Souvenez-vous que l’Allemagne est le seul pays de l’Eurozone à ne pas être en déficit. Par ailleurs elle est moins endettée que les autres pays. Sa dette est plus rare et plus solide. C’est donc la référence. Le reste de la dette en euro se juge par rapport à l’Allemagne.
Or les rendements des dettes de l’Italie et de la France s’écartent dangereusement de celui de l’Allemagne.
Ecart de taux de la France avec l’Allemagne
Ecart de taux de l’Italie avec l’Allemagne
Les rendements montent et les écarts augmentent alors même que Mario Draghi fait surgir 80 milliards d’euros de crédit tous les mois pour contenir le problème. Ces 80 milliards d’euros servent à racheter de la dette souveraine et autres pour en faire monter les prix et donc baisser les rendements.
Il est en principe prévu qu’il réduise ses montants de rachat à 60 milliards d’euros mensuels à partir de mars…
S’il ne le fait pas, la Banque centrale européenne va rentrer en opposition frontale avec l’Allemagne qui connaît un retour d’inflation à 1,9%.
Un krach obligataire est possible avec activation de la loi Sapin pour geler les avoirs en dette française contenu dans les contrats d’assurance vie dits en euro.
Les investisseurs institutionnels utilisent des produits dérivés pour se protéger d’un krach obligataire. Mais pour les investisseurs particuliers, comme nous vous le répétons, votre seule couverture c’est l’or.
Vers quel type d’or vous tourner, quelle pièce acheter pour une fiscalité plus douce ? Tout est ici.
1 commentaire
qe pour le peuple = revenu universel = tax rebate