▪ C’est donc taux zéro maintenant, taux zéro pour toujours.
Viva les taux zéro. Viva ! Viva !
Comme nous le pensions, Mme Yellen n’a pas voulu risquer d’augmenter le taux directeur de la Fed. Bloomberg :
"Les dirigeants de la Réserve fédérale ont laissé les taux inchangés, choisissant de retarder une augmentation dans un contexte d’inflation obstinément basse, de perspectives incertaines pour la croissance mondiale et des récents soubresauts des marchés financiers.
‘Les récents développements économiques et financiers dans le monde pourraient restreindre dans une certaine mesure l’activité économique et vont probablement peser plus encore sur l’inflation à court terme’, a déclaré le FOMC dans une déclaration ce jeudi à Washington.
En maintenant leur taux de référence entre zéro et 0,25%, les décideurs ont montré qu’ils ne sont toujours pas convaincus que l’inflation reviendra progressivement à leur cible de 2%, en dépit de gains durables sur le marché de l’emploi [américain]. En août, le chômage est passé à 5,1%, son plus bas niveau depuis avril 2008".
Le spectacle est si ridicule que la tête nous en tourne… nos genoux fléchissent. Selon le rapport ci-dessus, la Fed n’accordera aux épargnants aucune compensation pour leur discipline et leur abnégation. Soit l’inflation grignote leur capital au taux de 2% par an minimum… soit la Fed les prive de tout revenu sur leur épargne.
La réalité dépasse la fiction. Apparemment, l’économie américaine ne peut pas fonctionner avec des prix stables.
La Fed semble avoir une aversion surnaturelle envers les épargnants |
Et la Fed semble avoir une aversion surnaturelle envers les épargnants. Ils doivent être punis ; "si l’inflation ne fait pas le boulot, nous nous en chargerons nous-mêmes", dit le FOMC.
Ces décisions politiques — et toutes les simagrées qui les entourent — sont si vertigineusement absurdes qu’il doit y avoir une logique plus profonde derrière. Et c’est bien le cas.
▪ Tout droit vers le désastre
Les taux d’intérêt ultra-bas ne sont en réalité qu’une forme de "crime en col blanc". Tout taux inférieur au taux "naturel" est un vol. Les compères ayant accès à l’argent l’utilisent pour faire grimper les prix de leurs actifs. Des bonus sont versés… et on peut utiliser les actifs eux-mêmes pour les échanger contre les biens et les services d’autres personnes. La maison sur Long Island qui aurait pu appartenir à un plombier ayant travaillé dur et épargné tout son argent va plutôt à un banquier qui a manipulé des taux bas en une immense fortune. Dans les faits, la partie était truquée. La maison a été prise à celui qui l’avait gagnée et donnée à un homme qui a comploté avec les truqueurs.
Nous n’aurons pas de hausse de taux ; nous aurons des baisses |
Nous avons prédit — il y a des mois de ça — que la Fed ne resserrerait jamais sérieusement sa politique. Elle pouvait s’amuser avec de minuscules hausses de taux. Mais notre hypothèse est qu’elle ne peut plus tolérer une vraie correction. Au lieu de ça, dès que le marché boursier vacille… et/ou que l’économie entre en récession… la Fed assouplit le crédit. Nous n’aurons pas de hausse de taux ; nous aurons des baisses. Et dans la mesure où le taux directeur de la Fed est déjà au plancher, le FOMC va devoir forer un trou dans la moquette pour que les taux puissent baisser plus encore.
Nous avons exposé les raisons de la situation dans notre dernier livre, Hormegeddon. Ce titre en forme de néologisme décrit un phénomène souvent observé, mais encore jamais expliqué jusqu’alors, lorsqu’une politique publique se transforme en désastre.
Voilà ce qui se produit : à mesure que de plus en plus de ressources — comme des maisons sur Long Island — deviennent des produits de la politique plutôt que la production de la véritable économie, de plus en plus de gens ont intérêt à ce que ladite politique se poursuive. Wall Street, les grandes entreprises, le gouvernement, les pauvres, les riches, les compères et les zombies — tous veulent voir le spectacle continuer. Seuls les petites entreprises (qui n’ont pas accès à l’argent ultra-bon marché), la classe moyenne (qui doit travailler dans l’économie réelle de M. et Mme Tout-le-Monde), les retraités et les épargnants voudraient en voir la fin. Et ils sont souvent prisonniers de l’engrenage… avec des prêts étudiants, des prêts automobiles et des prêts immobiliers démesurés. Comme des spectateurs accros à la série Game of Thrones, ils doivent voir ce qui arrive au nain !
Plus la politique reste en place, plus les gens y ont adapté leur existence… moins ils peuvent supporter la douleur de l’abandonner. Vient un moment où il devient impossible de changer la politique. Il faut s’y tenir… alors même qu’elle vous mène au désastre. C’est à ça que ressemble Hormegeddon.
Et c’est le spectacle auquel nous assistons en ce moment.
1 commentaire
ça me laisse stupéfait.
Nous entrons à nouveau dans une zone où aucune situation historique préexistante ne peut nous aider, les échelles des nombres, le niveau de valorisation des titres, la situation catastrophiques fondamentales des économies et l’endettement abyssale des États sont tels que ça …. laisse sans voix !
Le train est à grande vitesse sans frein, sans signalisation, sans radio, où va-t-on ?! vers quel mur ou quel précipice ? c
ça fait une petite dizaine d’années que je me dit « bon là, c’est fini, on va se ressaisir, se réveiller… » et bien non ! jusqu’où ?
Les acteurs vont-ils et ont-ils intérêt à continuer la fête comme si rien n’était ? vous le dites : oui.
Mais reste le réel qui peut rattraper et ramener tout ce beau monde à la raison …ou pas ! qu’est-ce qui pourrait craquer et faire dé-saouler direct ?
La réponse à long terme pour l’instant est toujours la même : fonctionnariser l’économie et la société.
Chaque pays réagit selon sa culture, en France, on l’a déjà fait et avec méthode et idéologie, à tel point que l’économie est pour une bonne moitié une grosse larve obèse qui ne réagit plus et progresse lentement vers le fond entrainant tout le monde…
Ailleurs, ce sont les compères comme vous le dites ou encore ailleurs les apparatchik, en Afrique les « petits frères et les grands frères »…
Tout cela ressemble fort à une « route vers la servitude » globale comme pourrait le dire Hayek.
Il ne faut pas s’étonner de soubresauts violemment anti-système et de l’émergence de contestations multiforme et de tout bord, chacun pressentant plus ou moins consciemment cet état de fait : les grilles de la cage se referment…. bienvenu dans le village-supermarché tristement administré.
Bonjour chez vous numéro 6 !